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fons aigus, & qu'il defcend pour les fons graves, & que fon élévation & fon abbaiffement font dans une exacte proportion avec ces espèces de fons. On a remarqué que quand le Larinx monte, les cartilages où font liées les extrémités des cordes vocales, s'éloignent les uns des autres, & donnent à ces cordes des dégrés de tenfion proportionnés à leurs allongemens:ce font ces dégrés de tention qui rendent les ofcillations plus promptes & les fons plus aigus. Il fuit de tout ceci, (& les expériences que j'ai faites me l'ont appris;) qu'on peut regarder les mouvemens du larinx en haut ou en bas comme fignes de la tension ou du relâchement des cordes de cet inftrument.

Je puis maintenant procéder à la génération des fons aigus, que j'appelle primitifs, parce qu'ils font les plus fimples de tous, & qu'ils renferment en eux-mêmes toute la Mufique. On devine déja que, pour former des fons aigus, il faut faire monter le larinx; qu'il doit s'élever de fix dégrés, de fix lignes, par exemple, quand il est question de rendre des fons fix fois plus aigus que d'autres ; il ne

faudroit le faire monter que d'une demi-ligne, pour des fons plus aigus d'un demi dégré. On voit que par la taifon des contraires, on doit faire defcendre le larinx pour les fons graves, & que pour eux les dégrés d'abbaiffement font dans les mêmes proportions que les dégrés d'élévation pour les fons aigus. On peut fe convaincre de la vérité de mes régles en portant le doigt fur le larinx, lorf qu'on forme des fons aigus ou graves.

Les rubans fonores étant fufceptibles de divers dégrés de tenfion, ils équivalent à plufieurs cordes de la même groffeur, mais de différentes longueurs; auffi l'inftrument de la voix, quoiqu'il foit bicorde, donnet-il un grand nombre de fons, & les chanteurs s'élèvent-ils jufqu'à la double octave. Si les lévres de la glotte pouvoient être plus tendues à l'infini, l'on pourroit en tirer une infinité de

fons de différentes fortes. On voit comment on pourroit tirer autant de fons d'un Monocorde que d'un VioIon il ne feroit queftion que de ménager dans le premier beaucoup de dégrés de tenfion. It eft vrai qu'il ne

donneroit pas plufieurs fons à la fois comme dans le Violon, où l'archet peut appuyer en même temps fur deux cordes de diverfe efpéce:

mais cet inconvénient n'eft rien

vu

la rapide fucceffion des fons que donne une même corde plus ou moins tendue. n'eft pas hors de propos d'obferver que ce que j'ai dit fur la génération des fons aigus ne doit point être pris dans une rigueur géométrique car le larinx demeurant immobile, on pourroit abfolument rendre des fons aigus & des fons graves; il n'y auroit pour cela qu'à avancer les lèvres, les ramener enfuite vers les dents & continuer ce jeu : on voit que la machoire devroit être confidérée comme une corde tantôt plus tantôt moins longue : mais parcequ'il n'arrive prefque jamais qu'on Ste au larinx la liberté de monter & de defcendre, on ne doit tenir nul compte de cette exception à la régle.

Un critique éclairé pourroit obferver que le développement que j'ai commencé à donner à mes principes eft plus curieux qu'utile, attendu que

les mouvemens du larinx ne font point fubordonnés à notre volonté & que nous ne commandons point notre gofier comme à certains de nos membres. Il paroît par l'extrait que le P. Berthier fit de l'Art du Chant qu'il fentit toute cette difficulté. Je Favois fenti long-temps avant que M. Bérard abandonnât mon ouvrage à l'impreffion : les efforts inutiles que j'avois fait pour furmonter un obftacle qui s'oppofoit à la perfection de mon Livre me faifoient défefpérer d'y réuffir; je me confolois dans l'idée que ma premiere Partie auroit le fort de la plupart des differtations de Phyfique plus faites pour contenter la curiofité des Sçavans, que pour accélérer les progrès des Artiftes. Cependant, comme j'ai toujours été frappé de l'importance d'un principe qui rendroit praticable tout ce que j'ai avancé fur le mécanisme des fons; comme j'étois perfuadé qu'une pareille découverte ajouteroit infiniment à la précifion & aux graces du Chant; comme d'ailleurs j'ai toujours eû un amour inquiet pour les Arts & pour la Patrie à laquelle j'ai toujours

fouhaité de me rendre utile, j'ai en recours de nouveau aux expériences, les feuls oracles qui pouvoient m'éclairer.

la

Je me fuis apperçu qu'en chantant

,

gamme, j'expirois avec diverfes fecouffes; que la force de ces fecouffes & de l'expiration qui les produifoit étoit d'un dégré pour la premiere note de deux dégrés pour la feconde, de trois dégrés pour la tierce' & ainfi de fuite; & qu'à mefure que l'énergie de cette expiration diminuoit d'un, de deux, de trois dé grés &c. les fons devenoient plus graves dans les mêmes proportions enfin j'ai obfervé que les mouvemens du larinx en haut ou en bas répon doient parfaitement aux accroiffemens ou aux diminutions de la force de la forte d'expiration dont j'ai parlé.

On voit actuellement que les mouvemens du larinx font volontaires, médiatement, parce qu'ils dépendent d'un autre mouvement libre immédiatement, c'est-à-dire, l'expiration: ainfi on ne devra pas plus être furpris d'entendre dire déformais à un Maître à chanter: Faites monter, faites

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