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tine des Télescopes & des Clavecins : deux Sçavans illuftres ont bien voulu devenir Artistes : l'un (a) a inventé des Télescopes propres à dévoiler tous les myfteres de la Géographique cœlefte l'autre (b) a créé un Clavecin oculaire, & parconféquent une Mufique pour les yeux : il leur a rendu fenfibles les plus beaux airs, les plus brillantes fonnates; & par la réunion de deux Mufiques différentes, il a fçu faire entrer dans l'ame, comme par deux portes, l'harmonie & le plaifir.

Il eft hors de doute, que fi des Sçavans nés avec de beaux organes vouloient faire une étude particuliere du Chant, ils laifferoient bien loin derriere eux la foule des chanteurs. › & qu'ils nous feroient admirer des prodiges inouis; mais il arrive prefque toujours, je ne fçais pas quelle fatalité, que les Philofophes ne font point Artiftes, & que les Artiftes ne font point Philofophes.

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Si l'on fait attention à tout ce que j'ai dit dans cette premiere Partie, on conclura que les arts les plus agréables

(a) Dom Noel.
(b) P. Caftel.

par le spectacle qu'ils préfentent à nos fens, font pour l'ordinaire tout férieux dans leurs élémens; fans doute, parce que les principes d'où ils dérivent font du domaine de l'entendement, & que celui de l'imagination ne commence que là ou le premier finit. Les Arts envifagés fous de certains rapports reffemblent fort à nos théâtres d'opéra, qui, d'un côté, n'offrent que des objets gracieux, je veux dire, des païfages variés avec goût, des perfpectives merveilleufes, des palais d'un ordre d'architecture admirable, des vols hardis & inefpérés de Divinités; & qui, d'une autre part, ne préfentent que des cordes, des leviers & des machines de divers genres. Les Dames ne fongent qu'à examiner les décorations : un Philofophe se tourmente à examiner les refforts qui les ont produites.

SECONDE PARTIE.

Le Chant compofé, ou la
Déclamation chantante.

DIVISION DE LA SECONDE PARTIE,

SI I LE CHANT n'employoit que les fons primitifs pour tracer fes tableaux, & pour former fes images, il ne différeroit guères de la mufique inftrumentale ordinaire; mais il s'eft approprié certaines modifications de la voix plus compofées, je veux dire les paroles : il a de plus exigé des geftes, & en offrant à l'ame des fenfafions & des idées, il eft devenu la fource de bien des agrémens, & a exercé un empire également doux & violent. On peut juger par-là de la marche des Arts, & comment ils s'élevent infenfiblement à leur perfection. Les progrès du Chant font décrits avec feu & fyftême dans l'Enciclopédie, au mot déclamation, ar

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ticle premier. Voici comment on s'ex prime. » Les accens de la joye, de » l'amour & de la douleur, font les premiers traits que la Mufique s'eft propofée de peindre : l'oreille lui » a demandé l'harmonie, la mesure », & le mouvement d'où la méloppée. Pour donner à la Mufique plus d'expreffion & de vérité, on voulut » articuler les fons donnés par la na»ture, c'est-à-dire, parler en chan"tant mais la Mufique avoit une » mefure & des mouvemens réglés; » elle a donc exigé des mots adaptés aux mêmes nombres : d'où l'art des » vers. Les nombres donnés par la Mufique & obfervés la Poëfie, par >> invitent la voix à les marquer: d'où » l'art rithinique. Le gefte a fuivi na» turellement l'expreffion & le mou»vement de la voix d'où l'art hypocritique, ou l'action théatrale, » que les Grecs appelloient orchefis, » & que nous avons pris pour la dan"fe. Comme la déclamation chantante renferme dans fon idée, l'articulation, la prononciation & les geftes, je traiterai de tous les trois, confidérés par rapport au Chant.

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CHAPITRE PREMIER.

Organes de l'Articulation, leur jeu, & combien il eft effentiel de bien finir les mouvemens d'où résulte l'Artiçulation.

L'INSTRUMENT de l'Articulation est plus compofé que celui de la voix : outre qu'il comprend tous les orga nes qui compofent ce premier, il en a d'autres particuliers, je veux dire, la langue, le palais, les dents, les lévres & même le nez; ce font leurs mouvemens qui donnent l'Articulation.

La langue qu'on doit regarder comme fon principal reffort, a une grande facilité à tempérer par fon humidité la trop grande vîteffe de l'air : infiniment mobile de fa nature, elle peut auffi lui donner toutes les modifications qu'il lui plaît, en le pouffant vers les diverfes parties de la bouche. Le palais eft concave, & par-là même très-propre à raffembler l'air qui fort de la glotte, & à le réflé

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