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les arts méchaniques, également curieufes & utiles.

Ceux qui font furpris que j'aye pú compofer le Livre dont il s'agit, feroient bien étonnés que je fuffe en état de preferire des régles fur le jeu de tous les inftrumens, quoique je n'aye appris à jouer d'aucun: les vrais Phyficiens. ne regarderont cela, ni comme magie, ni comme jactance de ma part.

Tous les Arts vont fe perdre dans la Méthaphy fique & la Phy fique. Il n'eft pas poffible d'avoir bien étudié la grande question des fons, fans s'être formé une idée nette & precife de la Mufique. Pour peu qu'on ait foin de l'envifager dans fa nature, on s'apper çoit qu'elle n'eft qu'un affemblage de fons graves ou aigus, forts ou foibles, lents ou rapides, mélodieufement ou harmonieufement combinés; que la gamme, les dif

nous

pas

férentes clefs, ainfi que les rondes, les blanches, les noires, les croches, les double-croches, & les triple-croches ne font pas la Mufique, mais qu'elles en font les fignes; que ces fignes n'étoient les mêmes chez les Grecs que chez & qu'ils varient encore chez de certaines nations, tout comme les mots qui repréfentent nos idées. Si on a lû avec quelque attention l'Art du Chant, on aura remarqué que j'y ai prefque toujours confidéré la Mufique fous les premiers rapports, dont je viens de parler; & que c'eft plus l'Ouvrage d'un homme de Lettres amateur, que d'un fimple Arti fte. D'ailleurs, quand il m'a fallu entrer dans le fond de la Mufique, j'ai eu recours aux Livres j'ai confulté les à talent gens & j'ai fouvent prie ces derniers de chanter.

C'est peut-être pour avoir

chanté, & pour avoir répondu aux diverfes questions que je lui ai faites, que M. Bérard s'imagine avoir des droits fur mon Traité? S'ils étoient fondés, nos célebres Artiftes que M. Diderot fait travailler & confulte habituellement, pourroient, avec bien plus de juftice, s'approprier la plupart des Differtations de l'Encyclopédie. Voici cependant comment M. Diderot s'explique fur leur compte dans l'admirable Profpectus qu'il a mis à la tête d'un Ouvrage qui honore également & la Nation, & les Sciences. Tout nous déterminoit donc à recourir aux ouvriers; on s'eft addreffe aux plus habiles de » Paris & du Royaume. plupart de ceux qui exercent les Arts méchaniques, ne les ont embraffes que par néceffité, & n'operent que par inftind. A ❤ peine entre mille en trouve-t-on

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22.

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La

C

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» une douzaine en état de s'expri-
» mer avec quelque clarté fur les
inftrumens qu'ils employent, &
» fur les Ouvrages qu'ils fabri-
quent. Nous avons vu des ou-
vriers qui travaillent depuis
quarante années, fans rien con-
noître à leurs machines: il á
» fallu exercer avec eux la fon-
dion dont fe glorifioit Socrate
» la fonction pénible & délicate
» de faire accoucher les efprits
obstetrix animorum.

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Je ferois bien fâché qu'on allât croire que j'ai voulu faire une application injurieufe. Je fais trop les différences qu'il y a entre les Arts méchaniques & les Arts libéraux.

Je demande pardon à mes Ledeurs de les avoir entretenu trop long-tems d'une querelle qui n'a rien d'intéreffant pour eux, & je leur promets de garder déformais un profond filence à cet égard,

& de ne point prendre la peine de réfuter les gens que M. Bérard payera pour écrire contre moi quoique j'eûffe une façon bien fimple & bien redoutable de répondre, qui feroit d'achever d'imprimer les Manufcrits de ce Maître à Chanter.

Je crois devoir inftruire le Public , que je fuis fort furpris qu'on attribue dans l'Almanach des Auteurs, la partie Anatomique de l'Art du Chant à M. Ferrein. Ce fçavant Phyficien, qui fçait fort bien n'avoir aucune forte de part à cet Ouvrage doit être tout auffi étonné que

moi.

b

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