C Semelé mere de Bacchus, ni de celle d'Ino nourrice de ce Dieu,& nous en avons fuffisamment parlé dans l'occasion: mais on ne fçavoit rien de leurs deux foeurs Autonoé & Agavé: Paufanias nous apprenoit feulement que la premiere ayant quitté le fejour de Thebes, étoit venue s'établir dans un bourg de la dépendance de Megare, où l'on voioit fon tombeau ; mais pour Agavé, la barbare Agavé, la plus ardente à exciter fes Compagnes à déchirer avec elle le malheureux Penthée; par quel endroit avoit-elle mérité les honneurs divins? Peut-être par ce zele même qu'elle avoit fait paroître pour le culte de Bacchus. Dailleurs elle avoit contribué avec ses fœurs à l'éducation de ce Dieu, & il n'en falloit pas d'avantage pour participer aux mêmes honneurs que fes foeurs: mais il fuffit l'Autel en question foit une preuve inconteftable qu'elle y participa. que On pourroit citer encore un monument rapporté par Gruter, fur lequel font représentées quatre femmes, avec l'Inf cription, aux quatre Sœurs; mais les Antiquaires ne convien nent pas tous qu'il regarde les filles de Cadmus. Pour rendre plus intelligible ce qu'on vient de dire de la poftetité de Cadmus, je joins ici cette Génealogie, & celle de fon alliance avec la maifon de Nycteus. AGENOR cut de TELEPHOSSA fa femme, trois fils & une fille. POSTERITE DE CAD MUS. CADMUS envoyé par fon pere pour chercher Enrope fa fœur bâtit la ville de Thebes. par fon fils AUTONOE qui épousa Ariftée INO femme d'ATHAMAS fils d'Eolus AGAVE' qui épousa ECHION SEMELE', Maitreffe de Jupiter, mere du Bacchus Grec. PHOENIX, d'où font nommés les Phenidiens, qui alors étoient très-puiflants en Afie. Le fiége de for CILIX, dont la Cilicie porte le nom EUROPE enlevée par Jupiter. J'AI dit que Laïus avoit été détrôné par fon grand - oncle Lycus, voici dans la Table fuivante la preuve & le degré de leur parenté. Tome III. L pere. NYCTEUS NYCTEIS venu d'Eubée qui épousa avec fon frere Polydore fils mot #C. #de Cadmus. ANTIOPE qui eut de Ju LYCUS piter. LABDACUS LAIUS détrôné Elevés par un Prêtre, ils yengerent ZETHUS leur mere des ou Amphion. trages de Dircé. Il eut pour femme Dircé, & chaffa Laius du tróne. club frere de Nyc-Dircé l'ayant fort maltraitée, elle fut vengée par ZeIlprit Antiope fa niece qui avoit épousé Epopéus : teus, thus & Amphion, qui tuerent Lycus & attacherent Dircé à un Taureau indompté. Arrivée de Pelops dans la Grece. ENFIN le dernier Etranger qui arriva dans la Grece avant la prife de Troye, fut Pelops fils de Tantale Roi de Lydie. Ce Prince obligé de fortir de fon pays à caufe de la guerre que Tros lui avoit déclarée pour venger l'enlevement de Ganymede, fe retira dans la Grece, où il époufa Hippodamie fille d'Enomaüs Roi de Pife, monta fur le trône après la mort de fon beau-pere, & donna fon nom à cette Peninfule, qui depuis fut appellée le Peloponnefe, ou l'Ifle de Pelops: fa domination ne fut pas même renfermée dans ce pays, puifqu'il fe rendit maître de l'Etolie fur Ætolus fils d'Endymion, qui en étoit Roi; & fes grandes richesses le rendirent un des plus puiffans Rois de la Grece. Ce Prince eut deux enfans, Atrée & Thyefte, fameux l'un & l'autre par leurs haines mutuelles. Atrée fut pere d'Agamemnon & de Menelas, qui affifterent à la Guerre de Troye. Je traiterai plus en détail l'Hiftoire de Pelops & de fes defcendans, qui regnerent à Mycenes jufqu'au retour des Heraclides, en parlant d'Agamemnon & de fa famille. Il ne s'agit ici que d'établir des époques or celle de l'ar: rivée de Pelops dans la Grece, doit tomber neceffairement à l'an 110. où 120, avant la guerre de Troye. Il est vrai qu'entre ce Prince & Agamemnon qui commanda au fiége de cette ville les troupes Grecques, il n'y a que deux générations, qui ne demanderoient pas un fi grand intervalle; mais du côté de fa fille Lyfidice qui époufa Meftor, & de celui de Pithée fon fils qui regna a Trezene il y en a un plus grand nombre. Ethra, fille de ce Pithée, fute mere de Thefee, qui nâquit plus de 80. ans avant la guerre dont je viens de parler: ainfi prenant un jufte milieu entre ces differentes générations, on doit mettre l'époque de l'arrivée de Pa lops dans la Grece au temps où je viens de la fixerulo V Telles font les principales époques de l'hiftoire des temps héroïques. On aura obfervé fans doute que j'én reffende uh peu la durée jufqu'à la guerre de Troye; car pour la prise de cette ville, je la place toujours ou à l'an 1183. ou 1184. avant l'Ere chrétienne, fuivant les fentimens d'Eratofthene & d'Apollodore; & quoique dans mes autres Ouvrages fur la Mythologie, j'aie-fuivi une autre chronologie, j'ai crû être obligé de la changer, pour les raifons que je vais rapporter. En effet, en commençant par ce qui nous eft le plus connu, & en remontant depuis la prife de Troye, jufqu'à l'arrivée des Colonies dans la Grece, je n'ai trouvé que l'efpace de temps que j'ai établi, fçavoir, de la prife de cette ville jufqu'à Pelops, qu'environ trois ou quatre générations, qui ne donnent que cent, ou r2o. ans de la même époque à Cadmus, il n'y en a que fix; on ne peut donc en fixer l'intervale qu'à environ 200 ans. De Deucalion à la même époque, feulement fept générations; je n'ai donc dû mettre que deux cent trente ans de diftance entre l'arrivée de ce Prince dans la Theffalie, & la Guerre de Troye: la feule fucceffion des Rois d'Athenes en fait foi. L'arrivée de Cecrops, qui a donné lieu à la premiere époque des Marbres de Paros, ne fçauroit remonter qu'à deux cens foixante ans avant la Guerre de Troye, puifque cette ville fut prife fous le regne de Mnefthée fon onziéme fucceffeur, encore faut-il un peu allonger les regnes de ces Princes. Le même nombre de générations depuis Danaüs jusqu'à la même prife, & celui des defcendans d'Inachus jufqu'à Danaus, mont fervi de guide pour déterminer le temps qui s'eft écoulé depuis la fondation du Royaume d'Argos jufqu'à ma derniere époque. Je ne dis rien ici du Royaume de Sicyone, parce que la plupart des Sçavans regardent comme fuppofés les premiers Rois que j'ai nommés après le Syncelle, & qu'Homere ne fait vivre les premiers de ces Rois, que vers le temps de la Guerre de Troye. De ces differentes Colonies fortirent les Heros qui don-nerent leurs noms à l'efpace de temps dont il s'agit dans ce Volume; & comme dans la fuite ils ont rendu la Grece extrémement célebre, le récit de leurs actions doit faire la partie la plus confiderable de cette Hiftoire. 738 V.L.S LIVRE SECOND DES HEROS... leurs belles ES Heros, comme nous l'avons 'déja remarqué, n'étoient point connus hors de la Grece, où leurs noms étoient fynonimes avec celui de Demi-Dieux. On avoit conçû de ces Hommes illuftres l'opinion la plus avantageufe, & on les regardoit comme des perfonnes célébres par actions, & comme des efpeces de Geants ou du moins des hommes d'une taille bien au-dessus de la taille ordinaire. C'eft l'idée qu'en donnent les Poëtes, Homere fur-tout qui leur fait lancer des pierres que quatre hommes de fon temps n'auroient qu'à peine levées de terre. Les Hiftoriens en ont quelquefois parlé comme les Poëtes; & Paufanias (1) (1) In Att. dit que Polydamas étoit l'homme de la plus haute ftature qu'on eut vû depuis les temps héroïques. Mais avant que de parler des honneurs qu'on leur rendoit, il faut chercher quel étoit l'origine de leur nom. |