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afin que

la guérifon ne pût être attri buée qu'à la vertu de ce facré figne. Ce témoignage donne pourtant lieu de croire que la cérémonie du figne de la croix avoit été interrompue, & que Saint Louïs la renouvella.

In tangendo infirmitates que vulgò sodela vocantur, fuper quibus curandis Francia Regibus Dominus contulit gratiam fingularem, pius Rex modum hunc prater Reges cæteros voluit obfervare.Cum enim alii Reges prædeceffores,tangendo folummodò locum morbi, verba ad hac confueta & appropriata proferrent, que fancta funt atque catholica, nec facere confueviffent aliquod fignum crucis: ipfe fuper confuetudinem aliorum hac addidit, quòd dicendo verba fuper locum morbi fanita Crucis fignaculum imprimebat, ut fequens curatio virtuti crucis potius tribueretur, quàm regia dignitati.

La quatrieme remarque eft qu'au temps de Guibert, c'est-à-dire, vers l'an 1100. les Rois d'Angleterre ne croyoient pas avoir la de guégrace rir des écrouelles comme ils l'ont cru dans la fuite avec peu de fuc

cès.

Si l'on veut remonter à l'origine de cette grace que Dieu fait à nos

Rois, il me semble qu'on peut la rapporter au S. Roi Robert, qui fit dans fa vie un très grand nombre de miracles, & qui mourut très-faintement, vingt-fept ans avant le Sacre du Roi Philippe fon petit fils. Il n'y a entre ces deux Princes que le Roi Henri premier, qui fut trèsbrave & très-religieux.

Quoi qu'il en foit, la vertu de guérir les écrouelles fut vifiblement autorifée de Dieu, & canonifée en la perfonne de S. Louis. Ce grand Saint a très fouvent touché & guéri les écrouelles. Il l'a fait comme Roi de France, par la cérémonie établie & pratiquée long-temps auparavant. Le Pape Boniface en fait mention dans la Bulle de la Canonization de ce faint Roi. Inter alia miracula ftrumofis beneficium liberationis impendit. Cela peut fuffire pour montrer que c'est une giace gratuite; & ce faint Roi ayant prefcrit l'ufage que nos Rois ont obfervé depuis, pourquoi ne croiroit-on pas que cette grace a été continuée par I'nterceffion de ce grand Roi?

Il ne fera pas inutile d'observer qu'il y a trois cents ans, lorfque les Rois,

de France guériffoient les écrouelles, ils béniffoient de l'eau qu'on faifoit boire à jeun aux malades pendant neuf jours. On le voit dans Etienne de Conty, Moine de Corbie; dans l'Hiftoire manufcrite des Rois de France écrite vers l'an 1400. & citée par Dom Luc d'Achery, dans les notes fur Guibert de Nogent: Predicti Reges fingulares, quilibet ipforum fecit pluries miracula in vita fuâ, videlicet fanando omnino de venenofà turpi & incommodâ fcabie, que gallicè vocatur écrouelles. Modus fanandi eft ifte: poftquam Rex audivit miffam, affertur ad eum vas aqua plenum ; ftatim tunc facit orationem fuam ante altare: & poftea manu dextrâ tangit infirmitatem & lavat in dictâ aquâ Infirmi verò accipientes de dictà aquâ, & potantes per novem dies jejuni cum devotione, fine aliâ medicina omnino fanantur. Et eft rei veritas, quòd innumerabiles fic de dicta infirmitate fuerunt fanati per plures Reges Francia.

Nos Rois ont touché les gens affligés des écrouelles, non-feulement en France, mais encore dans les Pays étrangers. Charles VIII. en toucha & en guérit guérit plufieurs à Rome & à Genes l'an 1493. fur quoi le Conti

P. 563:

nuateur de Monstrelet rapporte que, ceux des Italiens voyant ce miftere, ne furent oncques fi émerveillés. François I. en fit autant à Bologne, en préfence du Pape, le 15. de Décembre 1515. & pendant qu'il fut prifonnier en Espagne, il toucha avec le même fuccès. * Crufius, dans fon Traité de la Prééminence, cite les mêmes faits, & les fait valoir contre un Medecin François, qui a ofé dire qu'il avoit fouvent vû nos Rois toucher des gensqui avoient des écrouelles; mais qu'il n'avoit jamais vû aucun malade guéri. Ce même Ecrivain cite l'exemple de Philippe de Valois, qui, au rapport de quelques

*Nec video qua fronte Petrus de Crefcentiis, Medicus Gallus, fcribere non erubefcat, multoties fe quidem Reges vidiffe pro more tangere ftrumofos; fed qui inde fanatus fuerit, vidiffe neminem: cum contradicant ipfi omnes melioris notæ Hiftorici, & Scriptores Gallici, ac ipfa experientia: conftat enim quòd Carolus VIII. anno 1493. Romæ ac Genuæ ftrumis laborantes tetigerit & fanaverit, & Francifcus 1. Bononiæ, die decima quinta Decembris, anno 1515. præfente Pontifice, & poftea captivus in Hifpania ipfa idem virtuosè egerit. Regem quoque Philippum Valefium 1400. hoc morbo laborantes curaffe Galli Scriptores teftantur, Thevet. Liv. 15. de la Cofmographie univerfelle chap. 2. p. 568. Sanè nullum fanari, experientia reclamat; omnes fanari, ab illismetipfis refellitur,qui fecundâ vel tertiâ vice, ut iterum tangantur, redeunt, & quandoque cum ipfo malo ad finem ufque vitæ luctantur. Crufius de PraEminentiâ p.445. Historiens

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Historiens en a guéri quatorze cents.
11 obferve enfuite judicieufement
que l'expérience dément ceux qui
difent, qu'il n'y a jamais eu aucun
malade guéri; mais qu'on ne doit pas
avancer que tous foient guéris d'a-
bord après avoir été touchés, puif-
qu'il y en a qui fe font toucher plu-
fieurs fois. J'ajoûterai que les exem-
ples de guérifon font inconteftables;
& que les enfans entierement guéris
ne permettent pas de croire que la
force de l'imagination ait part
à
cures extraordinaires.

ces

VI.

Si les Rois

d'Angleterre re ont le privilege de guće

rir les écrouch

Le privilege de guérir les écrouelles a été regardé comme particulier à nos Rois. C'eft ainfi que Raoul de Prefles, Confefleur de Charles V.s'en explique dans une lettre à ce Monarque: Sire, vos devanciers & vous avez telle puissance, qui vous eft donnée & attribuée de Dieu, que vous faites miracles en votre vie, tels, fi grands & fi aperts, que vous guariffez d'une horrible maladie qui fe appelle les écrouelles, de laquelle nul autre Prince terrien ne peut guarir, fors vous. Il y a pourtant long-temps. qu'on a accordé la même vertu aux Rois d'Angleterre. On prétend qu'E- Hift. d'An douard le Confeffeur, qui monta fur gl sterre de

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