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ve pas que dans une lettre on parle de certains faits à une perfonne qui en eft exactement informée ?

Mais de tous les Rois d'Angleterre il n'y en a point qui fe foit rendu plus célebre par la guérifon des écrouelles qu'Edouard III. qui monta fur le trône en 1327. Je ne doute point que fes prétentions fur la Cou ronne de France n'aient excité le zele qu'il avoit pour toucher des malades. Bradwardin, qui étoit fon Confeffeur, & qui l'avoit fuivi dans fes guerres, parle avec emphafe des cures merveilleufes de ce Prince : " Vous qui niez les miracles, venez en « Angleterre, dit-il; amenez à notre « Prince quelque chrétien que ce foit, « affligé de la maladie du Roi: il le guérira au nom de Jefus-Chrift, en lui ce impofant les mains, & en faifant « le figne de lu croix, quelque invé-« téré que foit le mal. » Il ajoûte qu'Edouard a guéri une infinité de gens en Angleterre, en Allemagne & en France. Il prend à témoin les peuples & les nations. Quicumque negas miracula Chriftiana... veni in Angliam ad Regem Anglorum prafentem; duc teeum Chriftianum quemcumque habentem

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morbum Regium, quantumcumque inveteratum,profundatum & turpem ; & oratione fufa, manu impofita, & benedictione fub figno crucis data, ipfum curabit in nomine Jefu Chrifti: Hoc enim facit continuè, & fecit fæpiffimè viris & mulieribus immundiffimis, & catervatim ad eum ruentibus, in Anglia, in Alemannia & in Francia circumquaque ; ficut faita quotidiana, ficut qui curati funt,ficut qui interfuerunt, & viderunt, ficut populi nationum & fama quàm celebris certiffimè conteftantur. Quod & omnes Reges Chrif tiani Anglorum folent divinitùs facere, & Francorum, ficut libri Antiquitatum & fama Regnorum concors teftatur: unde & morbus Regius nomen fumpfit.Bradward. de causâ Dei coroll. pars 32. fol. 39. II paroît par le témoignage de ce Théologien, qu'on donnoit aux écrouelles le nom de maladie du Roi, puifqu'il ajoûte que les Rois de France jouïffoient du même privilege. Une autre remarque à faire fur le texte de Bradwardin, c'eft qu'il ne laiffe pas même foupçonner qu'Edouard III. a guéri les écrouelles en qualité de Roi de France;puifqu'il dit clairement, Quod &omnes Reges Chriftiani Anglorum solent divinitùs facere, & Francorum.

C'est donc fans fondement qu'on a prétendu que ce Prince, fe regardant comme Roi de France, a commencé là guérifon des écrouelles.

Il faut pourtant reconnoître qu'il eft peut-être le premier qui ait réglé les cérémonies pratiquées en cette occafion, & qu'à l'exemple des Rois de France il a attribué cette vertu de guérir à Saint Marcoul; car dans le Palais de Westminster il y avoit camera faniti Marculphi. Il eft fouvent parlé de cette fale, dans les Registres du Parlement fous Edouard III. On peut voir, dans la réponse de M. Heylin à Hiftoire Eccléfiaftique de Fuller 47. la Liturgie dont les Rois fe font fervis lorfqu'ils ont touché des malades, à qui on donnoit de l'argent: dans les comptes de l'Hôtel des anciens Rois d'Angleterre, on lit : Pro infirmis benedictis à Rege ; & quelquefois on ajoûte, & per gratiam Dei curatis; cuilibet unum denarium.

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Les Rois d'Angleterre, même après la prétendue réformation de l'Eglife Anglicane, ont touché des gens af fligés des écrouelles Tucker rapporte un fait affez fingulier, mais dont il De Charif auroit dû citer la preuve; c'eft qu'un

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mate c.6.p.922

Hift. d'An

ras T. 1. p.

Catholique, fort incommode d'une humeur fquirreufe, fut guéri par l'attouchement de la Reine Elizabeth. Guillaume III. s'étant frayé le chemin glet. par M. au trône, par les moyens que tout le de RapinThey. monde fait, ne fe mit point en peine 378. 2 Edu d'exercer ce privilege. George I. & George II. ont fuivi cet exemple. Mais la Reine Anne, en montant sur le trône, fe faifit avidemment de toutes les prééminences qui y font attachées, & toucha les malades qui se: préfenterent. On dit que le Chevalier de Saint George, fils de Jacques. II. a opéré des guérifons extraordinaires en Italie où il eft reconnu Roi de la grande Bretagne,

Bibl. Angi Tome X. p.

931

V I.

béniffent des

Ja crampe.

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Non-feulement les Rois d'AngleLes Rois terre fe mêloient de guérir les d'Angleterre écrouelles, mais encore ils béniffoient anneaux pour des anneaux qui préfervoient de la guérir du mal cadue & de crampe & du mal caduc. Cette céré monie fe faifoit le Vendredi Saint,un peu avant l'adoration de la Croix : ces anneaux bénis fe diftribuoient le même jour.. Dans l'oraifon, on demande à Dieu que tous ceux qui les 223. par. M. porteront ne foient attaqués.ni de la arampe, ni du mal caduc: ut omnes: qui eos geftabunt » nec eas: infoster veli

Reg. de la Jar. vete.T.2. p.

Anfis.

nervorum contractio, vel comitialis morbi periculum. Le Roi, pour communiquer aux anneaux cette vertu falutaire, les frotte entre fes mains en difant: Manuum noftrarum confricatione, quas olei facri infufione externâ fanctifica re dignatus es, pro minifterii noftri modo confecra. Ces anneaux, qui étoient d'or ou d'argent, étoient envoyés. dans toute l'Europe, comme des préfervatifs infaillibles. Il en eft fait mention dans différens monumens anciens voici ce qui eft marqué dans le dernier chapitre des reglemens pour la maifon du Roi, faits fous le regne d'Edouard III. Item le Roi doit offrer de certein le jour de grant Vendredy à crouce 5. S. queux il est acuftumez receive devers lui à la mene le Chapelein a faire ent anulx à doner par Médicine. M. Anftis, fouverain Roi d'Armes, de qui j'ai emprunté ce paffage, cite plufieurs comptes des Contrôleurs de la maifon du Roi, où il eft fait mention de ces anneaux. Je me contenterai de tranfcrire ce que marque Jean d'Ipre, Contrôleur fous Edouard III. In oblationibus Regis factis adorando crucem in Capella fua infrà caftrum fuum de Windefore, die

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