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L'ufage

Conciles le

Quoique cet ufage fûr moins dan- III. gereux, & par conféquent plus tolé- étoit fuperfti rable, que les pratiques du Paganif- tieux. Les me, on ne pouvoit pourtant l'excu- condamnent. fer de fuperftition. C'étoit tenterDieu que de prétendre qu'il doit découvrir l'avenir lorfqu'il nous plaira d'ouvrir un Livre pour en être informé. Les Juifs, jufqu'au temps de la Captivité de Babylone, pouvoient en certaines occafions aller à l'Oracle; parceque Dieu avoit promis qu'il feroit entendre fa voix de la Table d'or qui étoit jointe à l'Arche, & qu'il feroit con- Num. 7.38. noître fa volonté par le Pectoral du Grand-Prêtre : mais Dieu n'a jamais dit que les premieres paroles de la page d'un Livre, qu'on ouvriroit au hazard, montreroienr des évenemens futurs qu'on voudroit favoir. C'estpourquoi c'étoit une fuperftition vifible, qu'on ne pouvoit pas juftifier en la colorant du titre fpécieux du fort des Saints. On nommoit ainfi cette efpece de Sort, Sortes Sanctorum, à cause qu'on ne confultoit que les chofes faintes.

Auffi le Concile de Vannes, qu'on croit avoir été tenu au cinquieme fiecle, & le Concile d'Agde en so6.

Exod. 25.

condamnent expreffément cette praCanon. 42. tique. Ac ne id fortaffe videatur omiffum quod maximè fidem Catholica Religionis infeftat, quòd aliquanti Clerici,five Laïci Student Auguriis, & fub nomine ficte Religionis, per eas quas Sanctorum Sortes vocant, divinationis fcientiam profitentur, aut quarumcumque Scripturarum infpectione futura promittunt ; hoc quicumque Clericus aut Laicus detectus fuerit vel confulere vel docere, ab Ecclefia habeatur extraneus. Et le premier Concile Canon. 20. d'Orléans en 511. renouvelle certe défenfe fous peine d'excommunication: cependant, ce qui eft affez fnrprenant, on voit au même fiecle que Les Clercs cela fe faifoit publiquement en quelde Tours & ques endroits, fans qu'on y trouvât à redire.Car Gregoire de Tours rapporte, au Livre 4. Chapitre 16. que Chramnus, Fils du Roi Clotaire, voulant favoir fi fa révolte contre le Roi fon Pere auroit un bon ou un mauvais fuccès, vint à Dijon, où les Clercs confulterent pour lui le Livre des Prophetes, les Epîtres de Saint Paul, & les Evangiles, & lui apprirent ce qui arriva. Pofitis Clerici tribus Libris fuper altarium, id eft, Prophetia Apoftoli atque Evangeliorum,

IV.

de Dijon &

les Princes fonr publiquement ces épreuvet.

Pag. 357.

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@rarunt ad Dominum, ut Chramno quid eveniret oftenderet, aut fi ei felicitas fuccederet, aut certè fi regnare poffet, divina potentia declararet &.

Au Livre cinquieme, l'an $77. le même Gregoire de Tours, blâmant fortement ceux qui alloient confulter une Devinereffe fameufe en fon temps, ne défapprouve pas qu'on recourût aux Livres Saints pour favoir l'avenir.Il le fit lui-même cette année. Ego verò, referato Salomonis Libro, verfculum qui primus occurrit arripui ; & il rapporte au long comment Merovée, Fils de Chilperic, confulta trois Livres, le Pfeautier, le Livre des Rois, & des Evangiles, pour favoir s'il feroit Roi: Merovecus verò, non credens Pytoniffa, tres libros fuper Sancti fepul- Lib.5.c.24 chrum pofuit, id eft Pfalterii, Regum, Evangeliorum & vigilans tota noite petiit ut fibi beatus Confeffor quid eveniret oftenderet, & utrum poffet regnum accipere, an non, ut Domino indicante cognofceret. Ce fait fut fans doute connu à Auxerre, où Merovée alla d'abord après ; & c'eft apparemment ce qui engagea les Peres du Concile d'Auxerre, affemblés l'an 578 à condamner de nouveau cet ufage au quatric

V.

Quartier

en

me Canon. De temps en temps on revenoit à ces fortes d'épreuves Orient auffi-bien qu'en Occident. L'Empereur Heraclius s'avifa de cond'hyver cher- fulter les Livres Saints pour favoir quel quartier d'hyver il devoit affigner à fon Armée : il en fit l'épreuve, & il trouva, à ce qu'on prétend, que l'Armée devoit paffer l'hyver en Albanie, ainfi que le raporte Cedre

ché dans l'E

criture.

* Hift. 672.

VI.

L'ufage

nouveau, &

que pour s' difier.

Capit. tom. B. P. 243.

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Pour faire ceffer cet ufage, il fallut condamné de en renouveller la défense. Les Capiaboli. Jufti- tulaires de Charlemagne la renouvelfication de lerent en ces termes l'an 789. Ut nulceux qui ne confulten; les lus in Pfalterio, vel in Evangelio, vel Livres faints in aliis rebus fortire prafumat, nec divinationes aliquas obfervare. Depuis cette défense on trouve fort peu d'exemples de cet ufage fuperftitieux. Il est peut-être à propos de remarquer que ces expériences, qui ont été condamnées, ne doivent pas faire blâmer la coutume de plufieurs perfonnes pieufes qui ouvrent des Livres de piété, pour y rencontrer quelque chofe qui leur foit propre. Comme les Livres Sacrés, ou les Livres pieux ne font faits que pour édifier & pour inftruire, il eft affez naturel qu'on y

cherche à s'édifier auffi-bien à l'ouverture du Livre, qu'à une lecture fuivie.

Je fai que des Auteurs ont ofé accufer S. Augustin de s'être contredit, & d'être tombé dans la fuperftition qu'il avoit condamnée, à caufe qu'il confulta les Epîtres de S. Paul, fuppofant qu'il y rencontreroit ce que Dieu demandoit de lui. Véritablement on voit au huitieme Livre des Confeffions, chap. 12. que S. Auguftin ouvrit le Livre des Epîtres de S. Paul dans cette vûe: Nihil aliud interpretans nifi divinitùs mihi juberi, ut ape-' rirem codicem, & legerem quod primum capitulum inveniffem. Mais on doit faire attention que cette interprétation avoit été précédée par la voix du Ciel: Tolle, lege: Prenez, & lifez: ce qui lui fait dire, Divinitùs mihi juberi. D'ailleurs les Livres Saints font faits pour porter tous les hommes à Dieu; & heureux ceux qui fe font appliqués auffi faintement ce qu'ils en ont lû ou entendu, que l'ont fait S. Antoine, S. François, S. Nicolas de Tolentin, & que fe l'appliquent encore tous les jours ceux qui prennent de faintes réLolutions,en lifanr le nouveau Tefta

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