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147 brûlé une maison, quoique le crime fût affez connu*: Vadam, dit-il, ad Templum Sancti Martini, & fide data *Ibid. infons rediturus ero ab hoc crimine. Le -même Sainr Gregoire, qui croyoit qu'il l'avoit brûlée, tâcha de l'intimider; & enfin pour punir fa faute : ch bien, lui dit-il, fi une vaine confiance te fait croire que Dieu & les Saints ne puniffent pas les parjures, te voilà devant le Saint Temple, jure comme tu voudras ; car je ne permettrai pas que tu y entres. Alors ce malheureux levant les mains jura par le Dieu tout-puiffant, & par la vertu de S. Martin, qu'il n'avoit pas brûlé lamaifon ; & tout à coup il fe vit entouré de feu, fe renverfa par terre, & cria que S. Martin le brûloit : il expira en rendant ce témoignage. *

*Tamen fi ita te vana fiducia cepit, quòd Deus vel Sancti ejus in perjuriis non ulcifcantur, ecce Templum fanétum, è contra jura ut libet Nam calcare limen facrum non permitteris. At ille elevatis manibus ait: Pert omnipotentem Deum & virtutem Beati Martini antiftitis ejus, juro quia hoc incendium non admifi. Datis ita facramentis, dum recederet, vifum ́elt ei quafi ab igne circumdari: & ftatim ruens in terram,clamare coepit fe à Beato Antitifte vehementer exuri. Aiebat enim mifer: Teltor Deum, quia ego vidi ignem de cœlo cadere, qui me circumdans vali dis vaporibus conflat; & dum, hæc diceret, fpiritum exhalavit. Multis hæc caufa documentum fuit, ne in hoc loco auderent ulteriùs pejerare. Ibid. 390.

dance des

Quelquefois la punition n'arrivoit que quelque temps après le parjure. Le même Gregoire de Tours dit, au * Concor. Chap. 40. du même Livre, qu'un méchant homme qu'il avoit été obligé d'excommunier, n'ayant jamais pûle gagner, voulut fe purger d'un crime par ferment avec douze de fes amis. Le Saint Evêque permit feulement à ce malheureux de jurer:c'étoit alors

Temps.

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IV. le premier mois, c'eft-à-dire, le mois Enumération de Mars (comme nous le montrerons des Eglifes où ces miracles ailleurs)* & au commencement du étoient opé- cinquieme mois, c'eft-à-dire,de Juil

Lés.

let, lors qu'on fauche les prez, il fut frappé de mort; & ce qui eft plus furprenant, le tombeau qu'il s'étoit fait faire dans l'Eglife de S. Martin fut trouvé en pieces.

Communément on s'attendoit à voir la punition fur le champ. Il y avoit un grand nombre de Villes en France ou fe faifoient ces fortes de miracles. Nous nous contenterons d'en marquer ici quelques-unes avec Grégoire de Tours: dans l'Eglife de la Sainte Vierge,& de Saint Jean-Baptifte à Tours. Lib. 1. de Glor. Marrum,cap. 20. dans l'Eglife de S. Etienme à Bourges, cap. 33. à Châlons fur

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Saône, dans l'Eglife de S. Marcel, cap. 53. à Alby, au Tombeau de S.Eugene, cap. 58. à Iferre auprès de Tours, cap. 59. auprès de Tarbes en Bigorre, dans l'Eglife de Saint Geneft, cap. 74. au Tombeau de Saint Mitre, à Aix en Provence,de Gloria Conf. cap. 71. On voit auffi de femblables exemples parmi les miracles de Saint Julien ron. Mir. * Greg. Tue au chap. 17. 19.39.* Nous pourrions Mart. lib. en citer plufieurs autres tirés de la vie de Saint Eloi par Saint Ouen, Liv.2 chap. 56. de la vie de Saint Nifier de Lyon, de Saint Prix ou Prejet, num. 20. Mais nous n'y apprendrions rien de plus particulier. Nous voyons feulement, dans tous ces endroits, que Dieu pour relever la gloire des Saints, & pour récompenfer la foi de quelques perfonnes pieufes,puniffoit fur le champ les parjures,& faifoit reconnoître miraculeufement l'innocence de ceux qui étoient injuftement acculés.. Mais comme ces fortes de miracles n'arrivoient pas néceffairement, n'étant pas fondés fur la promeffe de Dieu, c'étoit un mal d'en faire une pratique commune, & de prétendre qu'en jurant fur les faintes Reliques les parjures feroient punis. De-là vin

V.

Superftition

& abus dans l'ufage. On jure a faux fes vuides.

fur des Chaf

rent des ufages fuperftitieux & plu-freurs abus. Quelques-uns ufoient de tromperie, jurant fur des Chaffes d'où ils tiroient les Reliques; prétendant enfuite qu'ils n'étoient pas tenus à leur ferment, parceque les Chaffes étoient vuides.

Les Continuateurs de la Chroni-que de Fredegaire accufent d'une pareille faute deux grands Evêques, Agil bert & Saint Reol de Rheims; car ils difent qu'Ebroïm envoya ces deux Evêques vers le Duc Martin, , pour l'engager à fortir de Laon par un ferment qui ne pût lui fervir de rien, étant fait fur des Chaffes fans Reliques. Martin, qui ne fe défioit pas de la tromperie, fortit de Laon pour aller à Ecry où il fut tué. *

Le Pere le Cointe, fur la fin du troifieme Tome, l'an 680. ne peut croire ces Evêques capables d'avoir fait un tel ferment; mais on ne trouve

*Martinus ideoque Lugduno Clavato ingreffus, te infra muros ipfius urbis munivit: perfecu ufque eum Ebruinus veniens Erchreco villa, ad Lugdunum-Cla-vatum nuntia dirigit, Agilbertum, ac Reulum Remenfis utbis Epifcopum, ut fide promiffa in incertum fuper vacuas capfas facramenta falfa dederent, qua in re ille, credens eos à Lugduno-Clavaro egreffus cum fodalibus at foeiis ad Erchrecum veniens, illuc cum fuis omnibus interfe&us eft.Duchefntom. 1. & apud Greg. Tar. pag. 667, nov. Edit.

pas des preuves fuffifantes, qui montrent lo faulleté du fait. Il vaut peutêtre mieux dire que les Saints ont fait quelquefois des fautes, & qu'on fe laiffoit éblouir alors jufqu'à croire que les fermens qu'on devoit faire fur les faintes Reliques n'obligeoient point, lors qu'ils étoient faits fur des Chaffes vuides.

VI.

Simplicité

bert.

C'eft apparemment dans la même du Koi Roidée que le Roi Robert, craignant que les faux fermens faits fur les Reliques ne nuiiffent à fes fujets, fit faire une Chaffe de criftal bordée d'or, fans y enfermer aucune Relique. Les Grands du Royaume juroient fur cette Chaffe, fans être avertis de la pieufe fraude de ce bon Roi. Il fit faire un autre Reliquaire pour faire jurer les Roturiers, dans lequel, au lieu de Reliques, il ne fit enfermer que l'œuf d'un certain oifeau extraordinaire, Fecerat unum phylacterium olocriftallinum, in gyro auro puro adornatum , abfque alicujus Sancti pignorum inclufione fuper quod jurabant fui primates hac pia fraude nefcii: aliud quoque juffit parari, in quo pofuit omum cujufdam avis qua vocatur grippis, fuper quod minus potentes & rufticos jurarets cipiebat.

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G iiij

Elgaldus ap. duchesne,tom.

4. pag. 66.

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