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Hift. Mich.

Paleol. lib. 1. c. 12. cx edit.

Rom. 1666. p.

été affez communes. Pachymere, qui écrivoit au treizieme fiecle, fous le Regne de Michel Paleologue & d'Andronic fon Fils, dit que l'Empereur Michel étant attaqué d'un mal que les Medecins ne connoiffoient gueres, & 17. C 18. qui le rendoit fort inquiet, accufa comme auteurs de fon mal un grand nombre de perfonnes, qui ne pouvoient fe juftifier que par l'épreuve du fer rouge. La cérémonie fe faifoit à peu près comme en Occident, fuivant la defcription qu'en fait Pachymere.Celui qui devoit faire l'épreuve jeûnoit trois jours, pendant lefquels on le gardoit à vûe, fa main enveloppée dans un linge fous le fceau de l'Empire, de peur qu'il ne fe fervît de quelque onguent contre la brûlure. Les trois jours paffés, on lui marquoit une efpace durant lequel il devoit marcher par trois fois, portant à la main le fer ardent. Pachymere ajoûte qu'étant jeune il avoit vû faire l'épreuve à plufieurs perfonnes qui ne fe brûlerent point, au grand étonnement des affiftans.

Georgius Logotheta,qui écrivoit dans Chronic.com le même temps une Chronique du ftant. treizieme fiecle, nous fait entendre

XIX.

Sage défai

que tout le monde ne s'aveugloit pas fur ce point; car il parle d'un homme d'efprit, qui fut fort bien se dispenfer de faire l'épreuve du fer chaud, à laquelle Michel Comnene vouloit l'engager. Il répondit qu'il n'étoit ni te d'un hom- Sorcier, ni Charlatan, & ne fe tira ne d'efprit. pas mal d'affaire à l'égard de l'Archevêque qui lui faifoit quelque inftance. Il lui dit qu'il porteroit volontiers le fer ardent, pourvû que, revêtu de fon étole, il voulut avoir la bonté de le lui mettre entre les mains. L'Archevêque ne fe trouva pas difpofé à faire cette cérémonie : il convint que cet usage venoit des Barbares, & qu'il ne falloit pas tenter Dieu.

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Cela ne fervit pas peu à défabufer le peuple. Mais fur la fin du même fiecle treizieme Andronic regnant après la mort de fon Pere Michel Paleologue, on eut encore lieu de fe détromper entierement, par l'épreuX X. ve téméraire d'un grand nombre d'EcThéologiques cléfiaftiques, qui vouloient décider par le feu plufieurs difputes Théolos'en déttom- giques. Comme prefque tout le Clergé étoit divifé, & qu'on ne s'accordoit point ni fur l'élection du Patriarche, ni fur plufieurs autres articles,

Disputes

examinées

par le feu. On

pe.

on convint enfin, pour terminer toutes chofes, que chaque parti écriroit toutes les raifons dans un cahier; qu'on jetteroit enfuite les deux cahiers dans le feu, & que le cahier qui ne fe brûleroit pas donneroit gain de caufe au parti qui l'avoit écrit. La cérémonie fut faite fort exactement. On alluma du feu le Samedi Saint en préfence d'un grand peuple. Chaque partis'attendoit à voir brûler le cahier des adverfaires, & préferver le fien. Mais la furprise des deux partis fut égale. Les deux cahiers furent réduits en cendres ; & l'on fe moqua tant de ces Eccléfiaftiques, qu'ils n'eurent pas envie d'approuver jamais qu'on recourût à cette épreuve. Le fait eft L. 6. ex edit. rapporté par Nicephore Gregoras, Au- B.as. pag. 78i teur contemporain, qui a été imprimé au Louvre avec une magnificence qui répond aux autres Volumes de l'Hiftoire Byzantine. Ce devroit être ici la fin de toutes ces épreuves en Orient & en Occident. Cependant on difputa de nouveau fur ce point plus de deux cents après, comme on va le voir au Chapitre suivant.

CHAPITRE IV.

Difputes fnr les épreuves par le feu, renouvellées à Florence. Hiftoire de Savonarole, & du feu dans lequel un Dominicain & un Cordelier devoient

entrer.

L'des épreuves par le feu, depuis

'Hiftoire que nous avons faite

leur origine, nous engage à ne pas oublier une difpute qui fut excitée fur la fin du quinzieme fiecle à Florence.JerômeSavonarole,Dominicain célebre, & Vicaire général de la Congregation de Saint Marc, avoit étonné un grand nombre de perfonnes par la févérité de fes difcours, par la hardieffe avec laquelle il prêchoit la néceffité de la Réformation de rout le

Clergé, & furtout par des prédictions qu'il faifoit de temps en temps en Chaire. Le Pape Alexandre VI. le cenfura au mois de Mai 1497. principalement à caufe des Prophéties ; & s'adouciffant un peu fur des Lettres de quelques Magiftrats de Florence, il lui défendit feulement de prêcher, par un Bref du 16. Octobre 1497

Peu de temps après il parut une Excommunication en forme contre Savonarole; & fa conduite & fa-doctrine, après avoir excité divers murmures, firent enfin propofer l'épreuve du feu, de la maniere que nous allons dire, après Jean-François Pic de la Mirande, Nardi, l'Ammirato, Perufin, & quelques autres Auteurs contemporains.

Durant tout le temps que Savonarole n'ofa prêcher, il fubftitua en fa place un Religieux de fon Ordre, Dominique de Pelcia, lequel prenant affez le caractere véhément, & le ftyle prophétique de Savonarole, avança diftinctement ces propofitions:

Que l'Eglife avoit befoin de Réformation & qu'elle feroit affligée

و

& renouvellée.

Que la Ville de Florence feroit châtiće, & qu'après les châtimens, elle feroit aufli renouvellée & floriffante,

Que les Infideles fe convertiroient, & que tous ces évenemens arriveroi ent de fon temps.

Que l'Excommunication contre le Pere Savonarole étoit nulle, & qu'on n'étoit pas obligé de s'y foumettre.

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