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recourir à une femblable épreuve, elle ait été pourtant encore demandée & approuvée par des perfonnes qui paffoient pour habiles. Si cette expérience s'étoit faite avec le fuccès qu'on defiroit, elle auroit peut-être fait renouveller toutes les épreuvesde l'eau bouillante & du fer chaud. Plaise à Dieu qu'on n'y revienne ja-mais, & qu'on ne life ces hiftoires, que pour fe convaincre que des per-fonnes d'ailleurs habiles fe laiffent fouvent éblouir par des pratiques< fuperftitieufes, & pour fe tenir foimême fur fes gardes, de peur d'approuver des ufages fuperftitieux qui s'introduifent de temps en temps dans le monde. Tâchons préfentement de réfoudre les difficultés que les épreuves du feu ont fait naître.

Sujet de douter des

faits.

CHAPITRE V.

Réfolution des difficultés aufquelles -toutes les épreuves du feu, de l'ean bouillante, & du fer chaud ont donné lieu.

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Es perfonnes qui favent combien on doit fe défier de ceux qui rapportent des évenemens extraordinaires ne manqueront pas d'avoir quelque doute fur la certitude des épreuves par le feu affez étonnantes. D'autres, fuppofant les faits, demanderont quel jugement on en doit porter: s'il faut les mettre au nombre des miracles, ou des fuperftitions. Si c'étoient des miracles, pourquoi, dira-t-on, les faire ceffer, en défendant toutes ces épreuves extraordinaires Et fi c'étoient des fuperftitions, comment les a-t-on fi longremps fouffertes parmi les Chrêtiens? Que penfer des Conciles qui les ont autorifées Mettons ces difficultés dans leur jour & en ordre, pour tâcher de les réfoudre plus diftincte

ment..

?

PREMIERE DIFFICULTE.

Touchant la certitude & la nature
des faits.

L

Es faits font-ils bien affurés, & n'y a-t-il point lieu de craindre l'impofture & la fourberie ? Le peuple, qui aime naturellement le merveilleux, fe laiffe fouvent éblouir, & croit facilement les effets les plus extraordinaires. Le feu difcernoit-il les innocens d'avec les coupables? Et doit-on croire conftamment que diverfes perfonnes ne fe brûloient point, fans ufer de fraude & d'artifice? Cela n'arrivoit-il pas de même qu'à ceux qui touchent fouvent les chofes les plus chaudes, & le feu même, fans le brûler, foit à caufe de l'habitude, ou parcequ'ils ufent de préparatifs,comme les Mangeurs de feu, les Ciriers, & les Plombiers?

I

REPONSE.

I.

II. Qu'il y a des faits très

Lya des faits fi authentiques & fi extraordinaires, qu'ils ne donnent lieu à aucune de ces difficultés. conftans &

furnaturels

On ne peut pas raisonnablement douter des faits qui nous apprennent que des perfonnes font entrées & ont demeuré quelque temps dans un grand feu fans fe brûler. Or il n'y a point de préparatif qui conferve naturellement un homme avec fa barbe & fes cheveux dans un feu femblable à ceux Supr. ch. 3. qu'on alluma à Milan & à Florence, où les habits facerdotaux de foie, avec lefquels les Prêtres y entrerent, ne furent nullement endommagés. Il y a donc des faits qui n'ont pu arriver naturellement, & qui font néanmoins indubitables.

I' I.

A l'égard des épreuves plus communés du fer chaud & de l'eau bouillaute, il n'est pas non plus poffible de les révoquer toutes en doute. 1. Parcequ'elles fe faifoient avec trop de folemnité, & en présence de plufieurs perfonnes éclairées, qui avoient intérêt d'empêcher l'impofture. On voit au neuvieme Tome desConciles, en 928.l'Affemblée générale faite par Adelftan, Roi d'Angleterre, dont le einquieme Chapitre regle la maniere:

de faire les épreuves. Vient enfuite la publication des Loix de ce Roi Adelftan,qui commencent ainfi: Ego Adelftanus Rex, confilio Willelmi Archiepifcopi. Le Chapitre VIII. mérite d'être rapporté ici tout entier, *afin qu'on voie toutes les cérémonies. qu'on pratiquoit dans les épreuves de Feau bouillante & du fer chaud. Le Prince regle les différentes manieres de plonger la main dans une chaudiere d'eau bouillante, felon l'exi

a Pieu ou bâton qu'on

*De Ordalio præcipimus in nomine Dei, & præ cepto Archiepifcopi, & omnium Epifcoporum meorum, ne aliquis intret Ecclefiam, poftquam ignis infertur,unde judicium calefacere debet, præter Presbyterum. & eum qui ad judicium iturus eft. Et fint. menfurati novem pedes à a ftaca ufque ad b marcam, ad menfuram pedum ejus qui ad judicium ire debet. Et fi aquæ judicium fit, calefaciat donec excitetur ad bullicum, & fit calfetum ferreum, vel æreum, vel plantoit à plumbeum, vel de argilla, & fi d'anfealt thyla fit, l'endroit d'ou celui qui deimmergatur manus poft lapidem, vel examen,ufque voit faire l'éad e Wryfte, & fi triplex accufatio fit, ufque ad cubitum. Et quando judicium paratum erit, ingredian- preuve mefutur ex utraque parte duo homines, & certi fint ut ita roit les neuf calidum fit, ficut prædiximus, & introcant totidem pieds. ex amba parte, & consistant ex utraque parte judicii de longo Ecclefiæ, & fiat omnes jejuni, & ab uxoribus fuis fe continuerint ipfa nocte ; & afpergat Presbyter aquam benedictam fuper eos omnes, & humilient se finguli ad aquam benedictam, & det eis omnibus ofculari textum fancti Evangelii, & fignum fanctæ crucis. Et nemo faciat ignem diutiùs quàm be nedictio incipiat ; fed jaceat ferrum fuper carbones ple. e Le poi, ufque ad ultimam collectam : poftea mittatur fuper ftaplas, & non fit illic alia locutio quam ut precengnet. tur fedulò Deum Patrem omnipotentem ut veritas

b Lieu où finiffoient ces

neuf pieds.

c Chaudie re..

d Si l'accu fation eft fim

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