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Eiculté au Bienheureux Abbé, Pons.
Ce faint homme dit qu'on n'avoit
qu'à mettre un foc de charrue dans le
Rhône, de telle maniere qu'on pût
le voir, & le retirer avec la main :
cela fut fait. Il bénit l'eau, & de-
manda à Dieu de faire connoître le
voleur.Celui qui étoit foupçonné mit
hardiment la main dans le Rhône, &
la retita bien vîte toute brûlée, com-
me s'il l'avoit enfoncée dans une,
chaudiere d'eau bouillante. D'autres
fe brûloient en touchant un fer tout
froid. § Mais, fans
de nou-
rapporter
veaux faits, ceux qui ont été expofés
au Chapitre III. font affez voir que,
la plupart des effets qui faivoient ces
épreuves n'étoient pas
naturels.

IIL

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V.'
Ces épreuves

auffi quelque

Il faut ajoûter une troifieme répon fe: c'eft qu'avec tous ces faits merveilleux, qui faifoient difcerner quel trompoient quefois les innocens d'avec les coupa-a bles, on ne laiffoit pas d'y être trompé; le feu épargnant des coupables, & brûlant des innocens. Des perfonnes habiles & attentives l'avoient remarqué; & c'est ce qu'allegue Yves Tome II.

K

de Chartres à l'occafion d'un Soldat qui s'étoit brûlé en touchant un feu ardent, pour fe juftifier d'un adultere qu'on lui imputoit. Ce Canonifte affure que cette épreuve n'étoit pas fut fifante pour convaincre le Soldat, parcequ'elle confondoit fouvent les Epift. 74. innocens avec les coupables. Cauterium militis nullum tibi certum præbet argumentum ; cum per examinationem ferri candentis, occulto Dei judicio, multos videamus nocentes liberatos, multos innocentes fæpè damnatos.

VI.

temens des ,

Long-temps avant Yves de CharDes enchantres, bien des perfonnes croyoient directions qu'il pouvoit y avoir de l'illufion dans la confeffion ces épreuves, & fe perfuadoient que faifoient va- des criminels arrêtoient l'activité du rien l'expé- feu par des fecrets naturels ou diabo

d'intention &

rience.

ཏམ ལ་

Col. 644.

liques. De là vinrent les bénédictions & les exorcifmes de l'eau & du feu, & toutes ces prieres qu'on faifoit faire à l'Eglife, dans lesquelles on demandoit que le feu agit malgré tous ces enchantemens. Rien n'eft plus fouvent répété dans toutes les formu. les imprimées au fecond Tome des Capitulaites, que ces fortes de prieres qui fuivent les conjurations,en ces termes: Qui tres pueros fupradictos &

Sufannam de falfo crimine liberafti, ita, Domine omnipotens, fi culpabilis fuerit, & incraffante Diabolo cor obduratum, manum in hujus tui elementi ferventis. creaturam miferit, tua veritas hoc declaret, ut in corpore manifeftetur, & anima per pænitentiam falvetnr. Et fi ex hoc fcelere culpabilis fuerit, & per aliquod, maleficium, aut per herbas, aut per diabolicas incantationes hanc peccati fui · culpam occultare voluerit, vel tuam juftitiam contaminare, vel violare fe poffe crediderit ; magnifica tua dextera hoc malum evacuet, & omnem rei veritatem demonftret.

Plufieurs prétendoient auffi, que ceux qui étoient coupables d'un crime pouvoient ne pas fentir l'activité du feu, s'ils s'en étoient confeffés, ou s'ils n'avoient pas l'intention intérieure de faire cette expérience pour le crime, ou pour la perfonne dont il s'agiffoit. Tout cela fut dit & difcuté au temps d'Hincmar, à l'occafion d'un homme, qui, prenant un fer chaud pour difculper la Reine Thietberge, ne fe brûla point. On avança que cet homme ne s'étoit pas brûlé, à caufe que la Reine s'étoit cónfellée. Qui dicunt quòd pro fecretè

de Divort

Lib. 10.

Cap. 35.

VII. Interrog. facta confeffione ab eadem fœmina, VicaHlot. & Teth. rius ejus de judicio incocus evafit. On trouve à la fin du douzieme fiecle l'exemple d'une perfonne qui,s'étant confeffée, ne fut point endommagée par le fer rouge, & fe brûla enfuite dans de l'eau froide, lorfqu'elle se vanta de ce fuccès. Céfaire d'Heifterbach rapporte ce fait tout au long. Mais, pour ne pas interrompre ce que nous lifons dans Hincmar avançoit encore que l'homme de la Reine ne s'étoit pas brûlé, parcequ'en faifant faire l'expérience elle avoit détourné fon intention vers un autre de fes freres qui n'étoit pas coupable. vort, Hloi. & Aiunt quoniam intentio illius fœmina fuit de altero ejufdem nominis fratre fuo, quando Vicarium fuum in judicium pro je mifit;& idcircò fe in judicio ifdem Vicarius ejus non coxit.

Int. de Di

Tetb

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on

Hincmar répond que ni la confeffion, ni cette diverfité d'intention ne pouvoit pas empêcher la vérité de l'expérience: mais cela ne laisse pas de faire voir que plufieurs croyoient qu'on pouvoit par quelque fecret, ou par quelque adreffe, éviter l'effet du feu ; & qu'ainfi ce n'étoit point un

moyen ïnfaillible de connoître les auteurs des crimes.

Voilà donc la réponse à tous les chefs de la premiere difficulté. Il y avoit des faits furprenans & merveilleux, qui arrivoient fans impofture; mais qui donnoient quelquefois le change, confondant les innocens avec les coupables.

SECONDE DIFFICULTE'.

Aut-il mettre tous ces faits parmi

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ou parmi les fu

REPONSE.

I.

J

E réponds en premier lieu, que

VIN

l'ufage commun de toutes ces Que ces épreuves étoit fuperftitieux, ainfi épreuves é toient fuperfqu'on le reconnut généralement au titieuses. treizieme fiecle. La preuve en eft affez claire. 1. Parceque c'eft enter Dieu, que d'exiger qu'il faffe des miracles pour nous découvrir des faits cachés, toutes les fois qu'il nous plaira de les favoir. On voit dans l'an- Num. c. q cien Teftament l'épreuve des eaux de v. 13. jaloufie pour faire connoître le crime

feq

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