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des femmes foupçonnées d'adultere. Mais cela étoit ordonné par la Loi de Dieu; & ce n'étoit que pour ce feul crime. Des hommes ne peuvent pas faire des Loix qui engagent Dieu à de femblables miracles. 2. Parcequ'on vient de voir que ces épreuves trompoient fouvent. Or dès qu'il y a de l'illufion & du menfonge dans les effets qui ne font pas naturels toute difficulté eft levée: il est évident que l'efprit féducteur s'en est mêlé. C'eft la regle que nous avons expofée après S. Auguftin, & les autres anciens Auteurs, dans l'illufion des Philofophes. Le Démon féduit fouvent les hommes, fous prétexte d'enfeigner des chofes utiles. Quelquefois on eft embarraffé. Mais on doit ceffer de l'être dès qu'on aperçoit de l'erreur & de la tromperie. Il n'y a que l'efprit du menfonge qui confonde le vrai avec le faux, fous le prétexte fpécieux de difcerner la vertu d'avec le vice. 3. Parcequ'il eft affez évident que ces ufages venoient noient des du Paganifme. Nous avons vû que les Ripuariens, les Allemans & les Lombards introduifirent les épreuves du feu parmi les Chrétiens; & nous

VIII.

Que ces ufages ve

Payens.

que

voyons dans les anciens Auteurs, qu'autrefois ces épreuves étoient connues parmi les Grecs & les Romains. Strabon, au Livre V. de la Géographie, parle d'un lieu affez près de Rome, où l'épreuve du feu fe faifoit fouvent. On trouve de pareilles épreuves dans Ariftote au Livre des faits merveilleux, dans la Bibliotheque de Diodore de Sicile Liv. 2. dans Pline liv. 7. ch. 2. & liv. 31. dans la vie d'Appollonius de Thyane par Philoftrate liv. 1. Denys d'Halicarnaffe. liv. 2. Pline liv. 28. ch. 2. Valere Maxime liv. 7. c. 1. font mention de la maniere dont une Veftale prouva la fauffete d'un incefte dont on l'accufoit, en portant de l'eau dans un crible.

Prefque toutes les Rélations des Indes, du Japon, & de Siam, font mention des épreuves par le feu, fort communes en ces pays-là ; & cette uniformité parmi tant de peuples idolatres marque affez quel eft l'Auteur à qui on doit rapporter ces pratiques.

I I.

Je réponds en fecond lieu que parmi tous les effets furnaturels que nous Kiiij

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avons expofés, il y en avoit pourtant beaucoup qui étoient de vrais miracles. Tels font les faits que nous avons tilés des Auteurs des fix premiers fiecles, où nous avons vû des Saints entrer dans un feu, ou y jetter des habits qui ne fe brûloient point, pour convaincre des Hérétiques. Il fe faifoit auffi des miracles dans ces épreu ves de l'eau bouillante & du fer chaud, qu'on appelloit vulgaires ou populaires. Car files Démons, efprits d'illufion & de menfonge, faifoient épargner quelquefois des coupables, & punir des innocens, par le pouvoir que Dieu leur laiffe jufqu'à la fin du monde; ou s'ils préfervoient quelquefois du feu les innocens, auffibien que les coupables, pour féduire les hommes & les empêcher de condamner ces pratiques; les bons Anges protégeoient fans doute auffi des innocens, qui, étant forcés de fubir ces épreuves, auroient été punis de mort comme coupables, fans une Monaft. An protection. miraculeuse. C'est à un glic. p. 37. miracle qu'on attribue le fuccès de in fecunda p. l'épreuve de la Reine Emme, rapportée par Gofcelin, Guillaume de Malmsbery,& par d'autres Ecrivains.

fac. 4. Bened.

P..74.

Cette Reine, mere d'Edouard III.. Roi d'Angleterre, étant accufée d'un adultere, fut d'abord enfermée dans un Monaftere, & enfuite menée à l'Eglife de Saint Winthon, Evêque de Winchester, pour y fubir l'épreuve: du fer chaud. Elle paffe toute la nuit en prieres au Tombeau du Saint. Dès qu'il eft jour, on lui ôte fes fouliers & fa longue robe ; & ayant deux Evêques à fes côtés, elle marche, fáns fe brûler, fur neuf fers ardens. qui étoient fur le pavé de l'Eglife; ce qui remplit d'étonnement le Roi & toute l'affemblée. Ce miracle engagea & la Reine & le Roi fon fils: à offrir des préfens à Saint Winthon. On pourroit rapporter divers autres: faits de cette nature, qu'il n'y a pas› lieu d'attribuer aux malins efprits. On voit dans tous les fiecles la puif-fance des Anges & des Démons exercée en diverfes manieres. Durant les premiers fiècles de perfécution, lors: que les Hérétiques Montaniftes &: autres étoient trompés par de fauffes vifions, foit de la part des Dé-mons, ou des hommes impofteurs,, Dieu inftruifoit de vrais Chrétiens par des vifions tout à fait claires, &

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Lib. 3.

Epift. 14

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in

leur apprenoit ce qui devoit arriver à l'Eglife. Origene & Saint Cyprien le difent en cent endroits. Tantôt, dit faint Cyprien écrivant à fon Clergé, Dieu montre les évenemens à l'âge tendre & innocent des enfans: Per dies quoque impletur apud nos Spiritu fancto puerorum innocens atas, que extafi videt oculis, & audit &loquitur ea quibus nos Dominus monere De mortalit. & inftruere dignatur. Et tantôt il fait ces révélations à des Prêtres, ou à des fideles d'une fainte vie, & d'une maniere qui ne peut être équiEpift. ad Voque. Sancto Spiritu fuggerente, & Cornel. Ep. R. Domino per vifiones multas & manifef tas admonente, quia hoftis nobis imminepronunciatur & oftenditur.

X.

Mélange tions de Dieu

des opéra

& du Démon..

re

Il y a prefque toujours eu des perfonnes qui ont été guéries de diverfes maladies par des fecrets fuperititieux, & il y en a encore davantale ge qui obtiennent la guérifon par fecours divin. Le temps d'enchaîner le Démon n'eft pas encore venu ; &

il

y aura toujours lieu de dire aux fideles avec le Prophete Elie: * Pourquoi recourez-vous à Beelzebub, le

* Mifiti nuntios ad cenfulendum Beelsebub, Deum Acaron, quafi non effet- Deus in Ifraël à quo gofles interrogare fermonem. 4, Reg, cap.8. The

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