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p. 667.

Conc. Tom.

Vit.

3587.

Col.

VIT Difputes

Hincmat en

preuve..

ment à l'Empereur Louïs, qui la même année défendit abfolument l'épreuve de l'eau froide par ce Capitulaire: Ut examen aqua frigida, quod hactenus faciebant,à Missis noftris omnibus interdicatur, ne ulteriùs fiat.. Fautil croire que l'Empereur condamnoit dans cet endroit ce qu'il venoit d'éta blir, comme on le fuppofe,avec lePape Eugene? Difons plutôt, avec le Pape Alexandre II. dont nous avons: cité plus haut les paroles, que cesépreuves ne font fondées fur aucune autorité Canonique, & ne doivent leur origine qu'à une invention purement arbitraire, ainfi qu'on le di-foit au temps d'Hincmar: adinventiones humani arbitrii.

La Loi de Louïs le Pieux, qui in-fur ce point terdifoit cet ufage, auroit dû le faire treprend de ceffer entierement. Cependant on y juifier l'é revint bientôt après: & l'on voit fous Charles le Chauve des difputes excitées entre les Savans fur ce point:: tant il eft vrai que les perfonnes habiles fe laiffent quelquefois furprendrepar les fuperftitions populaires. Le favant Hincmar de Rheims, qui tâcha de justifier les épreuves de l'eau Bouillante & du fer chaud, dans le

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Traité du divorce de Lothaire & de Thietberge, s'arrêta davantage à l'épreuve de l'eau froide. *Il n'ignoroit pas qu'elle avoit été condamnée par le Capitulaire que nous venons de citer. A quoi il répond fimplement que cet article n'étoit pas certainement tiré des Affemblées Synodales.. Il pouvoit pourtant remarquer que ce Capitulaire étoit le réfultat de quatre Conciles que l'Empereur venoit de faire tenir, &'où l'on examina ce point. Quoi qu'il en foit, Hincmar entreprit de juftifier l'épreuve de l'eau froide, & prétendit l'autorifer en rapportant un grand nombre de miracles qui avoient fait éclater la puiffance de Dieu, & fa protection particuliere fur les juftes.

Quelques perfonnes, convenant de: l'épreuve de l'eau bouillante & du fer chaud, avouoient à Hincmar que l'exemple des Enfans de la Fournaife, & quelques autres femblables, pouvoient faire espérer que les innocens feroient préfervés du feu ; mais on lui oppofoit qu'aucun exemple de l'Ecri

*Nec prætereundum, quia legimus in capitulis Auguftorum fuiffe vetitum frigidæ aquæ judicium ;; fed non illis Synodalibus quæ de certis accepimus Synodis, Tom, s. p, 683; & Tom. 2. †, 684,

ture ne peut faire voir que les cou-. pables ne doivent pas enfoncer dans l'eau. Ne voyez-vous pas,lui difoit on, qu'au temps de Noé tous les méchans furent fuffoqués par les eaux du Déluge, & qu'au paffage de la Mer Rouge, les Egyptiens pourfuivant les Juifs, loin de furnager,furent punis de leur crime, en enfon-çant dans l'eau comme du plomb. Submerfi funt quafi plumbum in aquis vehementibus. Pourquoi Dieu feroitil donc à préfent furnager ceux qui font coupables ?>

**Quoiqu'Hincmar faffe paroîtredans ce Traité beaucoup de brillant & d'érudition, il a pourtant bien de la peine à fe titer de cette difficulté.. Sa principale reffource eft que depuis JESUS-CHRIST plufieurs chofes

*Et quoniam ficut fupra oftendimus divina auctoritate baptifmum effe judicium, unde & Jordanis baptifma defignans interpretatur tivus judicii, quo princeps mundi mendax & pater ejus foras ejicitur, & baptifmus Dei eft confilium; divini vii ad igno inveftiganda invenerunt judicium aquæ frigidæ, in quo aquæ frigidæ judicio ad invocationem veritatis que Deus eft, qui veritatem mendacio cupit obtegere,, in aquis, fuper quas yox Domini Dei majeftatis in tonuit, non potelt mergi, quia pura natura quæ, naturam humanam, per aquam baptifmatis ab omni mendacii figmento purgatam, iterùm mendacio infectam, non recognofcit puram, & ideò eam nɔn. recipit, fed rejicit ut alienam. Tum. 1. pag. Gog.

ont été changées, & que l'eau deftinée à fanctifier les hommes par le baptême, & confacrée par l'attouchement du corps de JESUS-CHRIST dans le Jourdain, ne doit plus recevoir dans fon fein les méchans, lors qu'il eft néceffaire d'être informé de leurs crimes.

VIII.

Erreur

Il prétend que des hommes divins ont trouvé ce fecret, de connoître d'Hinemar par l'eau froide certains faits. cachés. fur l'origine. de l'épreuve.. Mais il auroit été bien en peine. de nous dire quels ont été ces hommes divins, & de nous marquer en quelle Hiftoire on avoit vû de femblables miracles. Affurément on ne trouvera nulle part, avant le neuvieme fiecle, que des Saints aient demandé que les juftes enfonçaffent dans l'eau, pour y être fuffoqués fi on no ne les en tiz

roit

promptement, & qu'au contrai-re les méchans ne puffent s'y noyer.. Quelle nouvelle efpece de miracle qui n'opere qu'à l'égard des perfonnes actuellement criminelles!

IX.

Exemples ti

Ceux qui ont fait des remarques für Gregoire de Tours croient qu'on rés de Gregoi peut rapporter à l'épreuve de l'eau re de Tours,, froide deux miracles qu'il décrit au Livre de la gloire des Martyrs. Mais

mal appli

qués.

id eft aifé de voir que ces miracles font au contraire tout oppofés à l'épreuve de l'eau froide: Voici ce que c'eft. Au Chapitre 68. & 69. Gregoire de Tours parle des miracles de S. Geneft d'Arles,qui a fouvent fecouru des. perfonnes qui devoient fe noyer naturellement. Une femme, injuftement accufée d'un crime par fon mari,fut condamnée par les Juges à être noyée. On la jette dans le Rhône avec une groffe pierre au col. Elle invoque Saint Geneft, le prie de faire paroître fon innocence; & malgré la groffe pierre, elle demeure fur l'eau fans enfoncer. Le peuple, ravi de ce: miracle,mena cette femme à l'Eglife; & les Juges confus, auffi bien que le mari, ne lui firent plus de pro

cès.

Si l'on eût fait en cette occafion

*Ferunt etiam in hac urbe fuiffe mulierem <ui à viro crimen impactum, nec omnino probatum, à judice, ut aquis immergeretur, dijudicata eft: Cui cun ad collum lapis immenfus funibus colligatusfuiflet, in Rhodanum de navi præcipitata eft. Illa. verò beati Martyris auxilium precabatur, & nomen ejus invocans aiebat : Sancte Genefi, gloriofe Martyr, qui has aquas natandi pulfu fanctificafti, erue me juxta innocentiam meam : & ftatim fuper aquas ferri cœpit. Quod videntes populi fufceperunt eam in navi, & ad Baulicam Sancti deduxerunt incolumem, nec ulteriùs à viro vel à Judice eft quæfita.. Gap, 69. Col. 799.

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