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Paroiffes du Diocefe de Soiffons on excommunioit ceux qui avoient eu part au facrilege, vint à Laon, & déclara au Clergé ce qu'il favoit. Le voleur comparoît, & nie le fait. Le Marchand offre à le prouver par le duel. Le voleur accepte le parti, & tue le pauvre Marchand. Sur quoi l'Abbé Guibert dit, ou que le Marchand avoit peut-être mal fait de violer fon ferment, ou plûtôt qu'il avoit mal à propos fubi l'épreuve du duel, qui n'eft nullement canonique.

* Il ne cenfure pas de même le jugement de l'eau froide. Il dit au contraire qu'Anfel ayant encore ofé voler le tréfor de Notre Dame de Laon, le bruit de ce vol fit recourir. à la célébration du jugement de l'eau facrée, pour me fervir de fon expreffion. Anfel fut jetté dans l'eau avec

vicu ruit : in quo duo conftant, aut eum qui furem pejerando prodiderat minus rectè feciffe; aut, quod multò verius eft, legem illegitimam omnino fubiiffe;, huic enim certum eft nullum Canonem conveniffe.' Guibert. Abb, de vità fua, lib. 3. cap. xxv. p. 518.)

* Victoria denique Anfellus tutior ad tertium prorupit facrilegium. Nam ineffabili commento gazophylacium prorupit, & copiofius aurum gem. mafque tulit. Quibus tultis, celebrato jam facri laticis judicio, in hunc cum aliis matriculariis injectus eft,fuperque natando convictus,cum quo & alii primi damni cognitores : quorum furċissillati, aliis vero parfum. Ibid.

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XV. Condamna

ciòn & ceffa tion de l'épreuve.

* Lib. 4. Ra

les Marguilliers, & ne pouvant enfoncer, il fut convaincu du vol, auffi-bien que divers autres complices qu'on pendit.

On voit divers autres faits de cette nature dans la fuite du douzieme fiecle; mais au treizieme on fit ceffer entierement cette pratique, auffi bien que les épreuves de l'eau chaude & du fer chaud. Le Concile de Latran, en 1215. défendit abfolument à tous les Eccléfiaftiques, de faire aucune bénédiction, ni aucun exorcifme pour ces épreuves; * & tion.c.4.n.ic. Durand Evêque de Mende,témoigne que celles de l'eau froide, & par conféquent la bénédiction que l'on faifoit pour cela, n'étoient plus en ufade fon Tout le monde temps. convint alors que cette pratique eft tout-à-fait fuperftitieufe; & elle ceffa entierement. En effet Cujas, qui écrivoit au fiecle paffé, en 1579. faisant mention des épreuves vulgaires, dit que celle de l'eau froide avoir

ge

*Quod tamen primum omnium exolevit in Longobardia, Leg. 32.... ... Id hac ratione fumebatur, quam & vigere adhuc in Saxonia Occidentali narrant, ut in flumen demiffum & emerfum pro fonte, submerfum pro infonte haberent. Comment, in 1, 3. de feud. tom. 2. pag. 897.

été introduire par les Lombards, & n'étoit plus en ufage; fi ce n'eft, comme on lui avoit dit,dans la baffe Saxe. Nous allons voir qu'on lui avoit dit vrai; que l'épreuve venoit de le renouveller en Weftphalie pour découvrir les Sorciers, & qu'elle fe répandit bientôt ailleurs.

CHAPITRE II.

Rénouvellement de l'épreuve de l'eau froide pour connoître les Sorciers. Pratique d'Allemagne & difputes des Savans fur ce point. L'usage paffe en

France.

Ο

promettre

I.

de l'eau froi

N ne peut pas fe que les pratiques qui ont trou- L'épreuve vé des Défenfeurs dans un temps, de appliquée ne fe renouvelleront pas dans la fui- à découvrir

te,

les Sorciers

quelque foin qu'on ait pris de au feizieme montrer qu'elles étoient fuperftitieu- fiecle. fes. Celle de l'eau froide, qui avoit ceffé depuis le treizieme fiecle, recommença vers la fin du feizieme en plufieurs endroits d'Allemagne & de France, non pas pour découvrir les voleurs & les autres criminels, com

me l'on faifoit autrefois; mais uníquement pour connoître les Sorciers, & principalement les Sorcieres. L'épreuve commença en Weftphalie vers l'an 1560. L'on s'y perfuada fortement que les Sorciers n'enfonçoient pas dans l'eau ; & ce qui eft déplorable, plufieurs Juges, approuvant ce prétendu fecret, le mirent en pratique, & condamnerent au feu un grand nombre de femmes, qui jettées dans l'eau n'enfonçoient pas. Cette pratique fut approuvée par quelques Savans, blâmée par d'autres. Wier, qui donWier parle na fon Traité des Preftiges des Déle premier de mons en 1568 eft le premier Auteur 1 épreuve & la condamne. qui ait fait mention de cette ridicule perfuafion des Magiftrats, & qui l'ait traitée comme elle méritoit. * Il ne doutoit pas que l'expérience ne

II.

&

* Lamias maleficii reas, aquæ inje&as, nunquam fubmergi at fupernatare, velut certum experimentum, nec fallax judicium esse, apud Magiftratum & carnifices in plerifque ditionibus obfervatur illud nimis eft ridiculum, mirumque huic infulfæ perfuafioni ullum hominem, vel leviter rationis fenfu præditum, fidei tantillum apponere. Natationis fiquidem caufas, uti levitatem, raritatem, fpiritus fuftinentis conclufionem, corporis vivi habilitatem, idque genus reliquas naturales occafiones, non magis inelle his corporibus, etiam fontibus, ut quidem Fateor, ita afferere audeo : & quid ejufmodi præter

1

fût trompeufe; que les mêmes caufes de pefanteur & de légereté ne convinffent également aux innocens & aux coupables, & que le Démon ne fe mêlât dans certe pratique, pour tromper les Juges qui admettoient une telle preuve.

III. Plufieurs Ju

damnent au

L'autorité de Wier, & cette réHlexion faite en paffant, n'eurent pas ges l'admetbeaucoup d'effet. Malgré les difficul- tent, & con τές que l'on trouvoit à rendre raison feu de l'expérience, elle devint fort commune en Allemagne, où il y avoit beaucoup de femmes foupçonnées de forcellerie. Les Juges croyoient le crime certain dès qu'ils avoient réitéré l'épreuve trois fois, & que ces femmes jettées dans l'eau, pieds & poings liés, fuivant la figure de la page 242. avoient toujours furnagé durant un efpace de temps confdérable. Ainfi l'on voyoit fouvent dans le même jour des perfonnes paffer de l'eau au feu, fi les juges ne différoient

naturæ ordinem videatur, id fieri fuffulciente` feminas, de quibus etiam falsa est suspicio, Diabolo,ne fubmergantur conveniente Deo ob credulitatem Magiftratus fallax hoc experimentum admitrentis) quo in fententiam iniquam Judicem tandem indu cat hac fraude impoftor ille, ab initio anguinarius Lib.6.cap. 7. p. 589. De praftigiis dæmonum

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