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entierement consumées. Enfin elle suppose qu'il n'y a jamais eu personne allez fripon, ni aucun Moine , gardien de la sainte Ecole, assez fimple pour substituer adroitement une Etole nouvelle à la place de l'ancienne. Ce pendant il ne leroit pas difficile qu'on eût fait une pareille friponerie, vû la politesse des Moines qui montrent facilement cette Ecole au premier ve, nu, & eu égard à la facilité des Abbés qui en confient la garde à un seul Religieux, chargé de la toucher & de la cirer d'un vase mal fermé; Certes on apporte un plus grand soin à la conservation des laintes Reliques; l'Eglise ordonnant de les tenir dans des chasses soigneusement fermées & bien scellées. Mais il ne

pas

été posible de rien trouver touchant cette Etole apportée du ciel dans les Auteurs contemporains de Saint Hubert, ou qui ont vécu quelque temps après lui. Un Auteur anonyme de l'an 1080.parle ainsi dans son livre des miracles de S. Hubert chapitre 14. Il y a en cet endroit ko préservarif affaré contre cet horrible date ger, fi le malade a une véritable foi, fi la condition prescrite pour obtenir

nous a

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la guérison eft obfervée. Les Religieux des Ardennes d'aujourdhui n'oseroient parler ainsi

. Mais cet Ecrivain n'a pas assez d'autorité pour mériter la créance d'un Lecteur sage & circonfpect, Il est trop récent pour attester aux Savans l'antiquité de la coutame dont nous parlons. Il faut pourtant l'entendre sur l'usage observé de son temps , & qui est peu différent de celui qui eft pratiqué aujourd'hui par les Religieux des Ardennes. Après avoir , dit-il , mis à la sête du Malade de l'or de la Sainte Etole, dar après lui avoir prescrit la maniere de se précautionner, &c. Mais on foupçonne avec raison que cet Ecivain étoit un homme de peu de jugement, par les dix miracles qu'il dit avoir été opérés pour la conservation des biens temporels du Monastere des Ardennes, ou de quelques particaliers. Certes on ne peut lire lérieusement ce qu'il raconte au chap: 11. favoir , qu'an poffédé, ayant été mis dans un tonneau d'eau froide , fur délivré du Démon d'une maniere capable de faire rire Horaclite.Le Démon, dit-il, forcé de förtir par le derriere, fit. un fi grand per, qu'il enfonca le tonneau,

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rage.

:

Au même chapitre il parle d'un nommé Jolbert, qui avoit été guéri de la On ne voit point aujourd'hui de semblables cures. Enfin il ne détaille point la maniere de fe précautionner : il n'auroit pas manqué de parler du répi accordé contre la rage, si ce privilege avoit été connu de Ion temps. Mais aujourd'hui, pour l'accréditer, il faut en démontrer l'exi. tence par des raisons d'autant plus fortes, que ce privilege est d'un ordre très distingué. il y a plus de dix ans que vous avez approuvé les dix articles de la Neuvaine : cependant, malgré l'elpérance qu'on avoit , aucun de votre Faculté, ou du Monaftere des Ardennes n'a publié les motifs qui vous ont porté à approuver l'usage de ces articles, comme exempt de tout blâme raisonnable.

L'Ecriture Sainte & la tradition nous apprennent que le Sacrement de l'Extrême-Onction a la vertu de rendre la santé aux malades, quand le bien de l'ame le demande i mais toute force de raison ne suffie pas pour actribuer la même vertu aux pratiques de la Neuvaine de S. Hubert : l'Ecriture, les Docteurs de l'Eglife n'en

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leur procès

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fournissent aucune. On allegue l'usa ge; mais on n'a point jusques ici des preuves qui rendent cet ulage ancien & certain ; je veux dire , des

Chartres & des pieces authentiques, & d'autres monumens de cette espece qui certifient les guérisons. S'il y en a dans le Chartrier du Monastere des Ardennes, qu'on les mette en lumiere, & qu'ils foient approuvés par des gens

habiles & clairvoyans : alors les Religieux de Saint Hubert

gagneront contre les Theologiens & les Medecins de Paris.

Cependant le témoignage du bruit public,qui ne sauroit se soutenir longtemps, portera peu de personnes à quitter le sentiment des Docteurs de Paris. En effet aujourd'hui il n'y a perfonne qui soit guéri de la rage au Monastere de S. Hubert, comme aurrefois : nul n'en est préservé après avoir été mordu au col par une bête véritablement enragée. Cependant je ne parle ici que par ouï-dire. Il y a encore plusieurs idiots qui font le pelerinage de S. Hubert, pour être préservés de la rage qu'ils craignent inutilement, parcequ'elle n'étoit pas à craindre, & qui fe font tailler selon la coutume, & v

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mettre un petit brin de l'Ecole, ayant été mordus

par

des chiens non encore enragés, ou dont la salive n'étoit pas mortelle. Quelques-uns de ceux qui ont été taillés fe vantent d'avoir été miraculeusement préservés de la rage, qui en demeurant chez eux, lans employer ni remede ni antidote, n'auroient point été endommagés de la morsure d'un chien enragé, ou d'une autre bête; parceque leur sang étant violemment agité, le venin du chien ne leur auroit pas été plus nuisible que l'est en pareil cas le venin de la vipere, dont la morsure n'est pas quelquefois nuifible pour cette même raison, selon l'observation des plus habiles Medecins.Enfin il ne manque pas d'exemples de gens qui après avoir été traités felon la coutume, & après avoir exaêtement pratiqué les ordonnances de la Neuvaine, ont été enragés. Il suffira de citer la perfonne que M. Thiers dit avoir trouvé en 1687. en la Paroisse de Champrond, dans le Diocèse de Chartres. Confultez le tome 2. lo 6. chap. 4. de la seconde Edition de fon Traité des Superstitions , publiée à Paris il y a quelques années. Je

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