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II..

femmes qui

en oncer

dans l'eau.

poursuivi & paffé outre. Car felon les maximes équitables du Parlement de Paris, dont le Reffort comprend le Préfidial d'Auxerre, les Juges qui autorifent ces fortes d'épreuves peuvent être pris à partie en réparation d'injure. Tout ce que nous avons dit aux chapitres précédens fuffit pour convaincre toutes perfonnes que l'épreuve n'eft pas naturelle ; qu'elle eft fuperftitieufe, capable de confondre les innocens avec les coupables; qu'on y tente Dieu; qu'elle eft défendue expreffément par l'Eglife, & que les Curés qui l'autoriferoient mériteroient d'être mis en pénitence par leur Evêque. Mais il y a lieu d'efpérer que ces épreuves, qui ont été communes au voifinage d'Auxerre, ne feront jamais renouvellées.

Quoi de plus fingulier qu'un grand' Hommes & nombre de perfonnes, qui s'accune peuvent foient mutuellement de fortilege n'aient pû enfoncer dans l'eau, où elles avoient été jettées pieds & poings liés, comme le Procès Verbal de de ce chapitre en fait foi! Cet ufage ne ceffe point: car Mr. Le Curé d'Hery, qui est le lieu de la

réfidence du Notaire qui a dreffé le Procès Verbal en queftion, envoyant à Paris une nouvelle copie de ce Procès, écrit du 17. de ce mois de Mars 1701. que dans la Paroiffe de Cheu, Diocefe de Sens, plufieurs perfonnes de différent fexe, pour fe juftifier des reproches qu'on leur faifoit qu'ils étoient Sorciers, demande rent d'être baignés publiquement. Il dit qu'on les lia à la maniere ordinaire; qu'on les jetta dans un endroit profond de la riviere d'Armanfon, affez près de Saint Florentin; & que ces malheureux, ayant la confufion de demeurer toujours fur l'eau fans pouvoir enfoncer, furent par-là reconnus vrais Sorciers. Il ajoûte que: Fépreuve fe fit l'été dernier, en préfence de plus de huit cents perfon

nes.

Cette Lettre, & une autre rélation plus détaillée, nous apprennent une maniere finguliere, dont on s'eft avifé depuis plus de cent ans, de Hier ceux qu'on jettoit dans l'eau. La pofture eft plus génante que celle que nous avons expofée plus haut, & elle eft auffi plus propre à faire enfoncer dans l'eau. On leur lie les

coudes fous le jarret, & les mains
avec les pieds, en forte
en forte que le pou-

ce de la main droite eft lié au gros
orteil du pied gauche, & le pouce
de la main gauche au gros orteil du:
pied droit. La figure le fera plus fa
cilement entendre..

IIT.

Epreuves

en usage,

Jac. De Favanne hulp

-Les épreuves de l'eau bouillante

du feu encore & du fer chaud, qu'on a eu bien de: la peine à faire ceffer parmi les Chré-tiens, font encore en ufage parmi divers peuples barbares, comme on le voit dans plufieurs Rélations, & In Bologna dans la defcription hiftorique des fol. 1687. Royaumes de CONGO, MATAM

*

A Trevoux

BA & ANGOLA, dans la baffe Ethiopie. Voici ce qui eft dit de ces épreuves dans l'Hiftoire de l'Ile de Ceylan, préfentée au Roi de Portugal en 1685. par le Capitaine Jean Ribeyro, & donnée en François au commencement de cette année 1701. Lorf qu'une femme eft accufée ou foup- & à Paris çonnée de quelque faute contre fon chès Boudoi honneur, & qu'il n'y a point de preuve," on la cite devant le Mareillero.« (ou le Juge.) Si elle nie, on l'obli- «e ge d'enfoncer le bras dans une chau-« diere d'eau bouillante, ou de pren- « dre un fer chaud, & de le tenir «. quelque temps entre fes mains. Si « elle ne fe brûle pas, on la ren- « voie chez fes parens, qui n'ofent « plus lui rien reprocher ; & tous fes « parens & fes amis viennent se ré- «jouir avec elle, de ce qu'elle a fi« bien prouvé fon innocence: mais, « fi elle fe brûle, on la livre à fes pa- «. rens, qui la font mourir fur l'heure.»

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Dans le Procès de Marie Bucaille, qui a fait tant de bruit en Normandie, parmi plufieurs faits douteux, il y en a un fort fingulier, qui demandoit une attention particuliere; c'eft que la Bucaille ait paru en même

IV.

ancien Traité contre l'é preuve de Feau froide.

temps, & dans la prifon où elle étoir enfermée, & ailleurs, fuivant la dépofition des témoins, fa propre confeffion, & le jugement de Mr. de Sainte Marie, Lieutenant Général de Valogne.

Il y a actuellement à *** une perfonne dont on dit des chofes très

fingulieres qui feront fans doute examinées avec beaucoup de foin & de lumiere, par des perfonnes fages: & éclairées qui en favent des particularités furprenantes.

Dès qu'on eut introduit l'épreuve Extrait d'uu de l'eau en Weftphalie, en Saxe & on Allemagne, un grand nombre de Savans la condamnerent. Outre ceux que j'ai cités, je viens de lire un Traité fort rare d'un Auteur Saxon, nommé Conradus ab Anten, qui, déplorant l'aveuglement des Magiftrats qui autorifoient cette épreuve, fit un Livre intitule* Le Bain des femmes, ou l'Epreuve par l'eau froide, & le dédia à l'Archevêque de Brême.

Cet Auteur montre qu'il y a eu

* Mulierum lavatiò, quam purgationem per aquam frigidam vocant: Item vulgaris de Potentia Lamiarum opinio: quòd utraque Deo, naturæ omni juri, & probatæ confuetudini fit contraria. Aus wore Conrado ab Anten. J. V. L. Lubecæ 1590, 80

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