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IV.

Mandement

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l'ufage n'eft pas naturel, c'eft un don duCiel.C'eft-pourquoiSonEminence,

de M. le Car- qui depuis trente ans ne cesse de bandinal le Ca nir duDiocese toutes fortes de défordres & de fuperftitions,a ordonné de nouveau aux Atchiprêtres, Curés & autres Eccléfiaftiques, d'être attentifs à ces fortes d'abus, par le Mandement du 24. Février 1700. qui commence ainfi La Bonté Divine nous donnant encore la force & le mouvement d'entreprendre une dixieme vifite générale de ce Diocefe, afin que le Seigneur y répande fes bénédictions, & qu'elle contribue au rétablissement du bon ordre, & de la Difcipline Eccléfiaftique, à l'extirpation des erreurs & des fcandales, &c...... vous nous marquerez fi l'on fe fert de la Baguette, ou d'autres artifices du Démon pour découvrir les limites, ou trouver les chofes perdues.

V.

pour dcouvrir

Ceux qui découvroient les bornes Expériences des champs favoient auffi trouver les chemins par la Baguette les chemins perdus, furer la dif. & faifoient quelquefois des expérien tance des ces femblables à celle qui fe fit dans

lieux.

une terre dont le Seigneur étoit en peine s'il n'y avoit point eu autrefois quelque grand chemin auprès du Château. Un homme qui cher

choit des limites fe trouva heureusement dans ces quartiers; on l'appelle: il fait tourner fa Baguette, reconnoît qu'il y avoit eu un chemin, & défigné l'endroit précisément, & la largeur, & affure même qu'il eft pavé, & qu'on le trouvera à cinq pieds de profondeur : on creufe, & on eft tout furpris qu'il ne refte aucun lieu de douter de ce qu'avoit dit le Devin.

Toutes ces pratiques firent penfer à quelques perfonnes que la Baguette pourroit bien leur fervir à mesurer les distances des lieux, comme on le feroit par le bâton de Jacob, ou quelqu'autre inftrument de Géométrie : ils l'eflayerent, & réuffirent en cette maniere.

Pour favoir la longueur d'un champ, ils fe mettent auprès d'un arbre, ou d'une muraille, la Baguette aux mains, & fouhaitent qu'elle tourne jufqu'à une distance dans laquelle il fe trouve autant de pouces qu'il y a de toifes dans le champ. La Baguette, foumife à leurs defirs, tourne lorfqu'ils s'éloignent de l'arbre, ou de la muraille, & s'arrête à une certaine distance :on la mefure, on

V I.

Epreuve de

pour décou

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y trouve cinq pieds, c'est-à-dire foixantes pouces, & on voit par - là que la longueur du champ eft de foixante toiles.

Une perfonne m'a affuré qu'il avoit fait cette expérience avec fuccès, & qu'il l'avoit apprife d'un homme deguilé en Hermite qui devinoit mille chofes avec la Baguette. Paffons à quelques expériences qui ont fait plus d'éclat.

Il y a déja plus d'un fiecle que la Baguette, Delrio* a mis l'ufage d'une Baguette vrir les vo- de coudre parmi les pratiques fuperf leurs, renou- titieufes, aufquelles on recouroit de Aimar. fon temps pour decouvrir les voleurs. *Difquif. Mais il n'y a que peu d'années qu'on Mag. lib. 3. connoît cet ufage en France; & je fect. ult.

vellée par

crois qu'Aimar eft le premier qui en ait fait l'épreuve publiquement. Ce qu'il a fait à Lyon & ailleurs a donné hieu à un fort grand nombre d'expériences. On dit enfuite qu'il fe trouvoit beaucoup de perfonnes à qui la Baguette tournoit auffi-bien qu'à Aimar ; & tous les jours on entendit raconter certains faits extraordinaires dont quelques-uns mériteroient d'être écrits. Néanmoins, comme la premiere épreuve qu'Aimar ait faite

en présence des Officiers de juftice eft une des plus authentiques, & celle en même temps dont je fuis le mieux informé, parceque je l'ai apprise du Magiftrat même qui étoit préfent, ce fera auffi celle qu'il me fuffira de rapporter. Le fait fe paffa à Grenoble en 1688. de la maniere que je vais dire.

On avoit volé des hardes à Mr.... dans un temps où l'on difoit dans la Ville que ceux qui ttouvoient les bornes favoient auffi découvrir les Vols le defir d'en voir l'expérien

ce,

& de recouvrer ce qui avoit été pris, fit demander un homme à Baguette. * Aimar eft appellé, &* Il demeu roit pour lors conduit dans l'endroit où l'on croyoit dans la Paque le vol avoit été fait. La Baguette roiffe de Crôy tourne, elle continue à tourner en Grenoble. fortant du logis, & en avançant dans les rues: on vient aux prifons, & on paffe même jufqu'à une porte qu'on ne pouvoit ouvrir fans la permiffion de Mr. le Juge. On va demander cette permiffion. Ce qu'on expofe pour l'obtenir étonne M. le Juge. Il veut être témoin de l'expérience, il fe rend donc à la prifon, & fait ouvrir la porte. Aimar entre, & guidé par fa Baguette, il va vers quatre

M. Baffet,

ge, & enfuite

fripons qu'on avoit enfermés depuis peu de jours. Il les fait ranger fur une ligne, met fon pied fur le pied du premier; la Baguette ne remue point: il le met fur le pied du fecond; la Baguette tourne. Aimar affure que c'eft-là le voleur, quelque ferment qu'il fit pour fe difculper.On paffe au troifieme; la Baguette ne fe meut point; mais elle tourne rapidement fur le quatrieme. Celui-ci tout tremblant avoue le fait, declare le fecond complice; ils confeffent tous deux que le vol étoit dans une grange auprès de la Ville. On y va, & les Fermiers interrogés ne donnant pas la fatisfaction qu'on souhaitoit, la Baguette découvrit fur le champ ce qu'ils avoient caché avec soin,

Le Magiftrat qui étoit préfent, & pour lors Ju- qui m'a fait ce récit,eft d'un mérite fi premier Pré reconnu, & il examine toutes chofes reau de Mef avec tant de difcernement & d'efieurs les Tré- xactitude, qu'il ne m'eft pas poffible de douter du fait.

fident du Bu

friets de

France.

Aimar n'étoit pas alors agité com me il l'a été dans la fuite. Il difoit feulement qu'en paffant fur les bornes,ou fur les autres chofes qu'on lui faifoit chercher, il fentoit aux or

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