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qu'il fe pourroit faire qu'il paffât fur quelque fource, fur une piece de métal, fur un clou, fur un fer de cheval ou enfin fur quelqu'une des chofes qui font tourner la Baguette; il me répondit qu'ayant intention de chercher une borne, elle ne tournoit jamais fur quelque autre chofe qui fe rencontrât fur fon chemin. J'obfervai auffi en deux occafions où je fus témoin de quelques expériences, que la Baguette s'accommodoit aux defirs de ceux qui la tenoient, ou qui la confultoient; & tout le monde a pû remarquer la même chose dans le récit de la découverte des meurriers de Lyon. Quand on cherchoit autre chofe que des métaux, on avoit beau fe tenir fur une ferpe, ou auprès de quelque métal que ce fût, la Baguette ne tournoit point.

Cette maniere eft de toutes la plus aifée, & elle a contenté plufieurs perfonnes. Mais prefque tout le monde voit bien qu'une penfée ou un defir ne peuvent naturellement faire remuer un bâton. On fuit donc communémenr la maxime suivante, qui paroît mieux fondée fur la Phyfique.

mune.

Lorfqu'on veut favoir s'il y a de II. l'eau ou des métaux dans l'endroit où. La pratique la plus comla Baguette tourne, on met fur la Baguette du linge ou du papier mouillé. Si elle continue à tourner, c'eft une marque qu'il y a de l'eau ; & fi elle ne tourne plus, on juge qu'il y a autre chose. Pour connoître enfuite s'il y a du métal, & de quelle efpece il eft, on enchaffe fucceffivement à la tête de la Baguette diverfes pieces de métal. C'est un principe conftant pour plufieurs perfonnes, que la Baguette tourne lorfqu'elle touche du même métal que celui qui eft dans la terre, & qu'elle ceffe de tourner fi on lui fait toucher d'un métal différent.

La plupart trouvent cette pratique fort fpirituelle, & tout à fait phyfique. Ceux qui fe payent de fympathie ou d'antipathie en découvrent là de fort efficaces. Plufieurs même, qui n'expliquent les effets naturels que par un écoulement de corpufcules croient y trouver entierement leur compte. Il leur femble voir à peu près la même chofe que ce qui arrive à l'aiman à l'égard du fer. Comme l'on fait que l'aiman donne

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du mouvement au fer, à cause de la communication qui fe fait entre eux par les petits corps qui fortent de l'un & de l'autre, on croit qu'il se fait à peu près la même chofe entre les parties qui s'exhalent,par exemple, de l'or qui eft enterre, & celles qui fortent de la Baguette & de l'or qu'elle touche au lieu que fi l'on mettoit auprès de laBaguette un autre métal, la vapeur différente empêcheroit l'effet de cet écoulement. On fe repofe aifément fur ces fortes de raifons; & quoiqu'il y refte bien de l'obfcurité, on croit que les habiles Phyficiens y verront clair, ou bien que c'eft-là un des fecrets de Phyfique que l'on ne peut encore bien pénétrer.

Il faut une troifieme maniere toute contraire , pour contenter ceux qui raifonnent tout autrement. Quelques-uns ont cru que la Baguette ne fe remuoit fur les métaux & fur les fources que par un penchant naturel qui la portoit à s'y aller joindre, tout de même, ont-ils dit, que les corps pefans fe portent vers la terre, comme à leur centre. Contens de cette penfée, ils fe font perfuadés

que

pour

que la Baguette ne tourneroit jamais
pour des métaux cachés, lorfqu'elle
en toucheroit de même efpece. Car
pourquoi le trémoufleroit-elle
s'aller joindre à un espece de métal
qu'elle touche? Ils en ont donc fait
une maxime différente de la feconde,
qui n'a pas laiffé de leur réuffir. Les
Auteurs de la Verge de Jacob, ou de
l'Art de trouver des tréfors,l'ont fuivie,
& ils vont nous dire eux-mêmes ce
qu'ils ont obfervé là-deffus.

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Il faut, difent-ils, convenir de « Pag. 19. deux principes également inconteftables, qui ferviront de bafe à toutes les découvertes, & de fonde- « ment à tout ce que nous en dirons. Le premier, que la Baguette tourne « fur une chofe cachée, de quelque nature qu'elle foit, fource, mine, « métal, minéral, limites, & autres « de cette nature. Le fecond, que les chofes apparentes de même nature «

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arrêtent le mouvement l'une à l'autre, lorsqu'on en fait la recherche. « Ainfi l'eau, les métaux, & les autres « chofes cachées ne donnent aucun « mouvement à celles de même na- « ture qui font apparentes.En un mot, « la chofe apparente de même nature «

Tome II.

C

» que

دو

la cachée ôte & arrête le mouvement que la Baguette avoit fur la » chose cachée..... Par exemple, lorfqu'on veut favoir fi c'est pour » de l'eau, pour un métal, pour une » limite, ou pour quelque autre cho"fe cachée, on la peut diftinguer & "en connoître la nature, en appli"quant fucceffivement au bout de "la Baguette, plufieurs efpeces diffé» rentes, comme de l'or, de l'argent » du cuivre, du plomb, un linge » ou un papier mouillé de la grandeur "d'un pouce, &c. jufqu'à ce qu'on » en ait trouvé une qui arrête ce mou "vement. Alors par le principe "que nous avons établi ci-deffus, il » faut tenir pour conftant que la cho» fe cachée eft de même nature que "celle qui fe trouve au bout de la "Baguette, & que l'effet ceffe par » la même caufe qui le produit.

دو

رو

رو

» Ce principe eft certain lorfqu'il n'y a qu'une feule chofe cachée capable de produire ce mouvement. Mais s'il s'y en trouve plufieurs différentes, qui caufent le même ef» fet, on refte toujours dans la mê"me incertitude parcequ'une ef"pece feule n'arrête pas, pendant

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qu'il s'en trouve d'autres cachées

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