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fera pas de ce que les Théologiens difcutent les pratiques de la Neuvaine, & en recherchent l'origine; & que fa Religion & fa fageffe l'engageront à réformer ce qui lui paroîtra plein, ou fufpect de Superftition.

Quant à l'autre partie de la question que nous traitons, le très-Chrétien Jean Gerfon, cette heureuse production du terroir de Reims, a improuvé, il y a près de trois cents ans, la Neuvaine de Saint Hubert qui ne lui étoit pas inconnue. Il y a, dit-il, certain culte des Saints qui parois fort fi perftitieux, comme de faire des neuvaines, & non des octaves *; comme encore les obfervances particulieres inventées au Monaftere de S. Hubert, pour la morsure d'un chien enragé, lefquelles ne font fondées fur aucune raifon : alors ces pratiques paffent en fuperftition; ce qui n'eft autre chofe qu'une vaine religion. Ce paffage, tiré du Traité de la direction du Cœur, eft rapporté par Bochel, Livre 4. des Decrets de l'Eglife Gallicane, ch. fo.Or la décision de cet illuftre Théologien a toujours été reconnue pour conforme à la vérité par les Docteurs.

*Le texte dit feptimana, qu'il faudroit traduire par feptaine, & l'on pouvoit fe fervir de ce terme.

de Paris, qui l'ont déclaré dans l'occafion, appuyés du fuffrage des Medecins en ce qui regarde leur profeffion. Il est étonnant que les Religieux de Saint Hubert, pourvûs de belles indulgences pour les Pélerins, n'aient pas demandé aux Papes l'approbation de la Neuvaine, afin d'anéantir la décifion des Théologiens & des Medecins de Paris. Mais il faut traiter en détail ce que Gerfon n'a touché qu'en général : ainfi je vais difcuter chaque article de la Neuvaine.

1. Celui fur le front de qui on a mis un petit brin de la fainte Etole doit fe confef fer & communier neuf jours confecutifs. Mais pourquoi pendant neuf jours? Eft-ce parceque nous avons emprunté des Payens la Neuvaine fi célebre parmi eux? L'Eglife a eu anciennement ses octaves: mais je ne vois pas qu'elle ait célébré des Neuvaines : & je ne crois pas qu'on en trouve des veftiges avant l'établiffement des Ordres Mendians, c'est-à-dire, avant le treizieme fiecle. Certes, s'il étoit certain qu'un des Saints Abbés des Ardennes eût été infpiré du Ciel pour fixer ce nombre de jours, ainfi qu'Elifée par une infpiration divine, qu'on ne

peut révoquer en doute, ordonna a Naaman le Syrien (a) de fe laver sept fois dans le Jourdain; ce feroit une vraie chicane de héliter en ce point: mais cela n'eft pas évident. Objecterat-on les effets merveilleux? Ce que nous avons déja dit montre affez combien il y a peu de fondement en tout cela.Mais pourquoi,contre l'ancienne coutume, réitérer tant de fois en fi peu de temps la Confeffion, pour des péchés ordinairement véniels ? Cet usage est une forte preuve de la nouveauté de la Neuvaine. Les Religieux de Saint Hubert ont jugé qu'il n'étoit pas permis de preferire la confeffion des péchés mortels, qui fût fuivie de la communion fur le champ, & comme par une regle inviolable: car, dans la derniere explication de cet article, ils veulent que la communion, si souvent répétée pendant neuf jours, dépende de la volonté d'un Confeffeur fage & prudent. Mais cette piece a paru fort tard: c'eft pourtant le motif principal qui a fait approuver cette communion, ainfi que Finfinue l'Evêque de Liege dans fon jugement. Ce premier article eft donc

(4) 4. Reg. c. f.

inutile, puifqu'à peine s'eft-il trouvé quelqu'un qui l'ait pû obferver religieufement: il paroît même plein d'une témérité infupportable, en ce qu'il eft propofé indiftinctement à tous ceux qui font taillés,

Le fecond article eft conçu en ces termes. Il doit coucher feul en draps blancs & nets, ou bien tout vêtu. Voici l'explication de cet article. Seul crainte d'accidens fâcheux tant pour foi que pour autrui, n'y ayant pas une certitude fi abfolue de la guérifon & de fa fanté, que l'on ne doive prendre des précautions fi naturelles. En des draps blancs & nets, pour éviter les inconvéniens qui n'arrivent que trop fouvent après avoir dormi dans des draps infectés. Ou bien tout vêtu, pour la même raison, & par mortification. On voit ici une mere qui avertit fon fils, prêt à voyager dans les pays lointains, de confulter un habile Medecin qui fait guérir de la rage, & non un Moine, qui enfeigne & adminiftre une Cérémonie religieufe. D'ailleurs cette explication viendra trop tard & après la chofe faite, fur-tout pour ce qui regarde la mortification. Un Juif peut le croires pour moi,je n'en crois rien.

Mais ce qui eft important, c'est que les Auteurs de l'explication ne reconnoiffent point de miracle, puifqu'ils a'ofent avouer que la guérifon eft affurée: ainfi, bien loin d'approuver votre décision, ils y paroiffent évidemment oppofés.

Le troifieme article est ainsi exprimé: Il doit boire dans un verre, ou autre vaiffeau particulier;&ne doit point baisser fa tête pour boire aux fontaines &rivieres. Les obfervations que nous avons faites fur l'article précédent peuvent auffi s'appliquer à celui-ci; comme il paroît par l'explication fuivante: doit boire dans un vaiffeau particulier, pour éviter tout péril pour foi & pour autrui : fans fe baiffer pour boire aux fontaines & rivieres; foit à caufe de la violence qui pourroit faire fortir la parcelle de la fainte Etole, qui eft dans le front; foit pour éviter la senfualité, ou d'avalet quelques bêtes venimeuses fans y penfer. Cette pré caution qu'on infinue, de ne point fe baiffer pour boire aux fontaines & aux rivieres, comme font les chiens paroît bien ridicule. C'eft un voile bien tranfparent que celui dont fe fervent les Religieux de Saint Hubert,

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