crains bien qu'on n'ait pas de bonne réponse à cette objection, & que ceux qui sont munis de la parcelle de la Sainte Ecole, fatigués de tant de cérémonies, ne soient plongés dans l'embarras, & livrés à des inquiétudes, comme , par exemple, s'ils ne pouvoient trouver un Prêtre le jour marqué, &c. Il faut gard. Y tous les ans la Fête de Saint Hubert , qui est le troisieme de Novembre, dit le huitieme article; car, ainsi qu'on avertit dans l'explication, il est bien juste d'honorer tous les ans celui qui par ses prieres de par son intercession a procuré un si grand bienfait. Nous convenons que c'est un acte de piété ; Mais les Pelérins qui ont été taillés ne sont obligés, ni par la Loi de l'Eglise, ni par væu, de marquer leur reconnoissance à Saint Hubert par la célébration de sa fête, ainsi que les Docteurs de Paris le remarquent dans l'endroit déja cité. Mais rien n'est plus commun que de voir les personnes qui se vantent d'avoir été préservées de la rage, passer le troisieme de Novembre à des exercices peu religieux, à la chasse,au jeu , & à la débauche ; quoiqu'ils aient eu rarement besoin de guérison quelconque , & qu'ils n'aient jamais été miraculeulement guéris : ce que les Auteurs de cette explication semblent supposer, se contredifant ainsi eux mêmes. Et si la personne recevoit derechef bleffure ou morsure de quelques animaux enragés, qui allat jusqu'au sang , elle doit faire la même abstinence l'espace de trois jours, sans qu'il soit besoin de revenir à Saint Hubert. C'est ainsi qu'est exprimé ce neuvieme article , sur lequel on donne cette courte explication : Cet article marque que cette Neuvaine est ordonnée en esprit de pénitence , puisqu'il la qualifie d'abstinence. Ce n'est ici qu'un jeu de mots. Est-ce qu'il n'y a point d'abstinence politique ? Elle est trop usitée dans les pays septentrionaux pour la décrire ici. Il y a une 'autre abstinence médicinale, où certainement l'esprit de pénitence n'a point de part. Mais pourquoï exiger certe abstinence de trois jours ? Comment est-elle fuffisante ? Les Théologiens & les Medecins de Paris en cherchent la raison sans pouvoir la trouver. Si un plus long régime étoit nécessaire à la premiere fois, pourquoi , un plus court suffit-il à la seconde? On se trompe en l'un ou en l'autre point; ou bien cette différence vient du Ciel. Pour nous, nous soupçonnons en tout cela de la fadaise & de la superstition. Les Medecins craignent non-seulement que la rage soit causée par une blessure considérable; mais même par la plus petite. Lorsque la salive est infectée, & pleine I'un venin morrel, il n'en faut pas davantage pour corrompre la malle du sang: Il pourra enfin donner répi ou délai de quarante en quarante jours, à toutes personnes qui sont blessées ou mordues à sang, ou autrement infectées par quelques animaux enragés. C'est afin que ceux-ci aient le temps de faire le voyage de Saint Hubert. Ce pouvoir , si l'on en croit les interpretes de ce dernier article, est tout à fait merveilleux, e si ordinaire qu'il est hors de doute & de conteftation ; les effets journaliers en faisant foi dans tout le Christianisme où Saint Hubert est connu. Mais, afin que les Religieux de Saint Hubert s'applaudissent sûrement, il faut qu'ils éclaircissent cette matiere dans des Disfertations Historiques & Théologiques, & qu'ils démontrent par des argu mens invincibles cette merveilleuse prérogative d'accorder le répi contre la rage: car il s'agit d'un miracle journalier. Pour l'écarter, dans le second article, ils prescrivent quelque précaution, mêine à ceux qui ont été munis de la parcelle de la sainte Etóle; & ici, chofe étonnante ! loin d'en exiger de ceux qui ont conçu le violent defir de faire le voyage de Saint Hubert, ils ne leur en conseillent même aucune. Est-ce ainsi qu'ils oublient cet oracle du Saint Esprit ? (a) Le très-Haut a créé les remedes, l'homme prudent ne les méprisera pas. Jusqu'à ce que les Religieux de Saint Hubert, qui ne trouvent ni magie ni æuvre du Démon dans les cérémonies de la Neuvaine, aient répondu à cette difficulté, ils auront raison de craindre qu'il n'y ait en tout ceci un air de niaiserie & de superstition. (b) Ne faisons pas consister la Religion dans des fantômes, dit Saint Augustin : le vrai, quel qu'il soit , est préférable à toutes les imaginations. Après avoir fait ces longues obseryations, nous vous demandons, i. (a) Ecclef. 38. v. 4. Monsieur , fi au milieu de la division née entre les Docteurs de Louvain & de Paris touchant la Neuvaine de Saint Hubert , un Curé peut en sûreté de conscience permettre les pratiques de cette Neuvaine , & fi les fideles peuvent de même les observer ; mais sur-tout fe servir de la prérogative de donner ou de prendre le répi contre la rage, en négligeant, selon la coutume, le secours de la Medecine, qui, selon l'expérience qu'en ont fait les Medecins', a préservé quelques perfonnes de la rage. Ce qui nous oblige de douter sur ces deux points, c'est qu'il n'est pas permis de s'exposer au danger d'un culte illégitime, de la superstition, & d'une vaine observance; & qu'il est défendu aux Ministres de l'Eglise de permettre par leur filence que les fideles. confiés à leurs foins courent ce péril ; sur-tout puisqu'on trouve dans la mer un remede efficace & assuré, & que mêine ceux qui ont été blessés par un animal enragé peuvent par-tour éviter la rage, en suçant le sang sorti de ses vaisseaux naturels , & en mettant du sel sur la plaie : remede fort usité parmi les paysans de Normandie, ainli que l'al |