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logie & en Medecine de la fameufe Univerfité de Louvain. La chose y a été examinée mûrement; & on n'a pas fans doute manqué de prévoir & de pefer les objections qu'on pouvoit former contre cette Neuvaine : cette question a été fouvent agitée dans leur école; & comme les articles ont quelque chofe qui choque d'abord, quand on n'en connoît pas le vrai fens, les difficultés ont été éclaircies plufieurs fois. L'explication qu'on a donnée n'eft pas nouvelle, comme quelquesuns fe l'imaginent: il y a long-temps qu'on s'eft expliqué de la même maniere, & on l'a toujours fait lorfqu'on s'y eft vû obligé pour fatisfaire aux objections des efprits critiques. Le P. Roberti, Jéfuite & Docteur en Théologie, a fait un livre, il y a environ 80. ans, de la vie & des miracles de S. Hubert: il parle entre autres chofes de la Neuvaine, & il donne à chaque article à peu près la même explication qu'on y a donnée il y a quelques années. Cet Auteur a recueilli avec beaucoup de foin ce qui pouvoir fervir à compofer fon hiftoire, qu'il a tirée de plufieurs Manufcrits, & de plu hieurs autres Auteurs qui ont écrit

avant lui. Il répond, en traitant de la Neuvaine, prefque à toutes les difficultés que l'on forme aujourd'hui: & comme il fait profeffion de ne rien avancer de lui-même, on peut bien croire que l'explication qu'il donne aux articles de la Neuvaine eft conforme à celle qu'on y a donnée dès le commencement. On n'a donc pas raifon de nous objecter, comme on fait, que l'explication qu'on s'est vû obligé de donner, il y a quelques années, eft nouvellement inventée & donnée après coup, & qu'ainfi il n'y faut avoir aucun égard. Comme cette explication leve une grande partie des difficultés qu'on forme contre la Neuvaine, & qu'elle fert à défabufer bien des efprits, & à leur faire voir le tort qu'ils ont eu de l'accufer de fuperftition; on ne peut s'imaginer qu'elle foit naturelle, & conforme à ce qui s'est pratiqué de tout temps; & par-là on donne à entendre qu'on feroit difpofé à juger plus favorablement de la Neuvaine, fi on étoit bien perfuadé qu'on a toujours entendu & expliqué les articles de la Neuvaine comme on fait aujourd'hui. Mais qui peut mieux favoir quel en eft le vrai

fens que ceux qui l'ont approuvée ? II y a près de neuf cents ans que ce qui fe pratique aujourd'hui touchant‍la Neuvaine eft en ufage; & cela à la vûe de tout le monde. Cela s'eft fair fous les yeux des Evêques Diocéfains, à qui il appartenoit d'en connoître & d'en juger, fans que jamais aucun d'eux fe foit récrié contre cette Neuvaine, quoique plufieurs d'entre eux aient été de Saints Evêques, qui ne manquoient ni de lumière pour voir fi l'ufage en étoit fuperftitieux, ni de zele pour l'abolir s'ils l'avoient cru tel. » Nous fommes tout-à-fait perfuadés, » dit l'Evêque Diocéfain dans fon ap»probation du 14. Octobre 1690. » auffi-bien que nos Prédéceffeurs » que les effets merveilleux qu'on » a vû arriver depuis tant de fiecles » ne doivent aucunement être attri»bués à la fuperftition ou à l'ennemi » du falut des hommes, mais bien plutôt à la puiffance de Dieu, lequel fe plaît à faire éclater les méri »tes du grand S. Hubert. » Voilà quel a été de tout temps le fentiment des Evêques Diocéfains, qui étoient informés exactement de tout ce qui fe paffoit ici. Meffieurs les Docteurs de

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Louvain parlent à peu près de la même maniere; & comme ils ont une connoiffance exacte de ce qui regarde la Neuvaine, toute perfonne de bon fens préférera fans doute leur fentiment à celui de quelques Docteurs de Sorbonne qui, érant plus éloignés, & moins curieux à s'informer de ce qui fe paffe ici, n'ont condamné la Neuvaine comme fuperstitieufe que parcequ'ils n'en pénétroient ni l'efprit,ni le vrai fens. C'est pour ceux qui font prévenus contre cette Neuvaine, & qui ont peine à se rendre au vrai fens, que nous donnons cette nouvelle déclaration.Nous y parlerons premierement de fon origine; & puis, en continuant de l'expliquer de plus en plus, nous répondrons aux objections.

I I.

la Neuvaine

On a toujours cru ici que la Neuvaine de S. Hubert tire fon origine, Origine de de la translation de fon S. Corps en de S. Hubert. ce lieu, qui fe fit en 825. Un écrivain, qui a fait le catalogue des Abbés de ce Monaftere, remarque qu'au temps de S. Thierry, qui en étoit Abbé dès 1055. l'ufage en étoit déja ancien. Iftius functi viri tempore, ditil, jam in ufitato erat, in Monafterio

Sancti Huberti, fingulare privilegium probate veritatis infcindendi & muniendi facra Stola morfos ab animante rabido: quia eo tempore cubicularius Adeleidis Comitiffe Areleonis ad fuffragium Sancti Huberti adductus incifus legitur. Si l'ufage dès lors en étoit ancien, il y a bien de l'apparence qu'il tiroit fon origine du temps même que le Saint Corps fut transféré. Ce S. Abbé étoit bien éloigné de regarder la Neuvaine comme fuperftitieufe, puifqu'autrement il ne l'auroit jamais foufferte: il attribuoit donc les merveilles qu'il voyoit tous les jours, non à la fuperftition, mais à la puiffance de Dieu, lequel fe plaît à faire éclater les mérites du grand S. Hubert, comme parle l'Evêque Diocéfain dans fon approbation. Le fentiment d'un saint Abbé qui étoit informé à fond de ce qui regarde la Neuvaine n'est pas d'un petit poids; & il n'y a perfonne qui ne juge qu'on doit le préférer à celui de Gerfon, d'ailleurs très-pieux & très-éclairé; mais qui n'étoit pas affez informé de cette affaire. Nous en dirons un mot ci-après.

J'entrevois ici une objection qu'on pourra former. En effet on l'a déja

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