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l'Eglife, il faut refufer ou différev l'abfolution; ceux qui font trop éloignés pour fe rendre ici auffitôt qu'ils le devroient, ou qui ne le peuvent à caufe de quelque maladie ou infirmité, ou autre empêchement confidérable. Il fut donc réfolu qu'on ac corderait. dans tous ces cas un certain terme à ces fortes de perfonnes, parune humble confiance dans les mérites du grand S. Hubert.. Il fallut dé figner en même temps les perfonnes: qui pourroient accorder ce délai; & on n'en pouvoit défigner d'autres plus raifonnablement que les Religieux de cette maifon, & ceux dont il est parlé dans l'article. On ne pouvoit reftraindre le pouvoir d'accorder le répi aux feuls Religieux, ou autres perfonnes. de ce Monaftere, comme il eft clair; puifqu'il n'auroit fervi qu'à ceux du voifinage. On y ajoûte donc ceux qui auroient été taillés, & dont ik feroit facile de rencontrer quelqu'un dans tous les endroits où le grand S.. Hubert feroit connu. Une infinité de merveilles ont fait voir jufqu'ici qu'on ne s'eft pas trompé dans la con fiance qu'on a eue dans les mérites de ce grand Saint; car ceux à qui on

donne répi font également préfervés de la rage tout le temps que dure le répi, comme ceux qui ont fait la Neuvaine. Le terme que l'on donne eft de 40. jours. Il le falloit ainfi pour ceu qui font un peu éloignés; & d'ailleurs un plus long terme, accordé indifféremment à tous, feroit la caufe que plufieurs négligeroient de fe rendre ci auffitôt qu'ils le peuvent : ce qui feroit dangereux. Et parceque ce ter me ne fuffit pas toujours, c'eft pour cela que l'article porte que la perfonne taillée pourra donner répi ou délai de 40. jours à 40. jours. Si ceux qui ont inftitué la Neuvaine n'avoient fu le grand pouvoir que Dieu avoit accordé à S. Hubert de fon vivant même, on auroit pû les accufer de vouloir tenter Dieu, & rifquer l'honneur du Saint, auffi-bien que la vie d'une infinité de perfonnes: mais les merveilles que ce grand Saint avoit opérées de fon vivant, & les miracles qu'il faifoit encore après la mort, fœ-rent un motif fuffifant pour les porter à cela; & il y a tout fujet de croire: qu'ils furent conduits de Dieu en cela, & en tout ce qui regarde la Neu-vaine:- On ne peut raifonnablement

former d'autre jugement, quand on confidere ce qui s'eft pallé depuis près de 900. ans. Car oferoit-on dire que tout cela n'eft qu'une pure illufon de l'efprit malin, & qu'une chofe qui s'eft paflée aux yeux de tout le monde, non-feulement de l'aveu des Evêques Diocéfains, mais avec l'approbation de tant de perfonnes favantes & pieuses, eft une fuperftition damnable? Dieu, qui fe: plaît à glorifier fes Saints devant & après leur mort, & qui a rendu le nom du grand S. Hubert fi célebre par toute la terre, aura-t-il permis que le Diable ait trompé & féduir une infinité d'ames fous le nom de ce grand Saint, dans le lieu même où repofe fon S. Corps, & où il a été fi fouvent chaffé par l'invocation de ce

même nom..

Peut-être dira-t-on qu'encore que tout ce qui fe pratique ici foit en effet: une pure fuperftition, Dieu ne laiffe pas de récompenfer la fimplicité de la foi de quelques perfonnes, qui,. par une ignorance fondée fur lexemple & l'autorité de tant de perfonnes favantes & pieufes, & par conféquent invincible, pratiquent cette Neu

les:

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vaine, & efperent la guérifon par mérites du grand S. Hubert.. C'est em effer ce que difent quelques-uns; & nous avons vû un petit écrit latin qu'on allure être d'un Docteur & Profeffeur en Théologie, qui parle en ces termes : Qui tam in inculpata: ignorantia, quam cum pietate in Sanctum Hubertum Novendianos ritus obfervat, atque etiam procraftinationis indu→ vias, quod tamen difficiliùs approbatur » concedit, fuperftitionis poteft non infimu→ laris imò ex fidei merito immunitatem à rabie obtinere valet interdum à Deo per preces Sancti Huberti.

Il avoue dans le même écrit, qu'ili n'eft pas évident que la pratique de la Neuvaine foit fuperftitieufe, furtout après l'approbation de l'Evêque: Diocéfain & des Docteurs de Lou-vain.. Aperta corruptela vacat, dit-il.. On laiffe à juger aux Savans, fi ce: qu'il dit eft foutenable, & conforme: aux principes de la Théologie; savoir, fi en fuppofant, comme il fait, que: la pratique de la Neuvaine eft une: pure fuperftition, on peut dire en même temps que Dieu ne laiffe pas: de récompenfer la fimplicité de la foi de quelques perfonnes qui l'obfer

vent. Ne fembleroit-il pas appuyer, fi cela étoit, cette obfervance fuper ftitieufe, & travailler à tenir des gens: fimples & idiots dans l'erreur? Čela s'accorde t-il avec la Doctrine commune des Théologiens, qui enfeignent que Dieu ne peut pas faire des miracles qui tendroient à appuyer une Doctrine erronée, in confirmatio nem erroris? Mais n'eft-ce pas fournir, fans y penfer, des armes aux hérétiques, pour combattre ce que l'Eglise enfeigne touchant l'invocation des Saints & l'honneur que nous rendons à leurs Reliques? Nous nous fervons, pour appuyer ce dernier point, de plufieurs paffages de l'Ecriture; par exemple, de ce qui eft dit dans l'Evangile de cette femme qui avoit une: perte de fang, & de plufieurs autres qui par un faint empreffement s'approchoient du Sauveur pour toucher le bord de for vêtement, dans l'efpérance qu'ils feroient guéris de leurs maladies: rogabant eum, ut vel fimbriam veftimenti eius tangerent; & qui-. cumque tetigerunt falvi facti funt, Matth.. 14 Nous nous fervons de même de: ce que nous lifons aux Actes des Apô es, chaps s que le peuple appor

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