Imágenes de páginas
PDF
EPUB

que mépris; l'abus & la profanation des Sacremens, ou quelque autre chofe,pourroient être la caufe qu'une perfonne n'obtiendroit point la guérifon d'où il ne s'enfuit nullement, comme il eft clair, que les guérifons ne foient pas miraculeufes: & fi les' précautions que l'on prend font d'elles-mêmes infuffifantes, c'est une preuve affez grande qu'il y a ici quelque chofe de furnaturel & de divin, à moins qu'on ne demeure arrêté à foutenir, après tout ce que nous venons de dire, que tout ce qui s'eft fait depuis tant de fiecles n'a été qu'une pure illufion du Démon; ce qui feroit bien dangereux. Voici une autre objection.

Pourquoi, dit-on, tant de cérémonies, fi l'effet eft miraculeux? A quoi on ajoûte que la Neuvaine enferme des précautions peu néceffaires,& des ombres de mortification affez fingulieres.

R. On a déja dit que ceux qui ont inftitué la Neuvaine ont eu en vûe de ne point tenter Dieu, & que c'eft pour cela qu'ils drefferent, fur l'avis des Medecins, quelques articles, que ceux-ci jugerent propres, pour ap

[ocr errors]
[ocr errors]

porter quelque remede à un mal fi redoutable. Ce fut pour engager Dieu à bénir ce remede qu'ils ordonnerent la Confeffion & la Communion de neuf jours. Et comme il a plu au Seigneur de bénir vifiblement cette conduite dès le commencement qu'on avoit inftitué la Neuvaine; on a cru qu'il falloit continuer à pratiquer la même obfervance fans y rien changer. Le Pere Roberti répond folidement à cette objection, & il fait voir que Dieu fait fouvent dépendre les guérifons miraculeufes qu'il opere des -moyens naturels dont on fe fert, qui d'eux-mêmes feroient infuffifans. Entre plufieurs exemples tirés de l'Ecriture qu'il rapporte, il fe fert de ce que nous lifons au 4. liv. des Rois, chap. 5. de la guérifon de Naaman, à qui le Prophete Elifée ordonna de fe laver fept fois dans le Jourdain. On ne peut nier, dit-it, quelque miraculeufe que foit cette guérifon de Naaman, que les eaux courantes n'aient quelque vertu. Prater Dei manum que facit mirabilia, non eft ne·ganda vis fluvialium aquarum. Il fẹ fert auffi de ce qui eft dit au chap. 20. du

même livre, de la guérifon du Roi Ezechias, où on voit que le Prophete Ifaie fit apporter des figues pour appliquer fur fon mal. Miraculum grande fuit, dit fur cela le Pere Roberti; fed ficus potiùs adhibita quàm aliud quidpiam, quia vim habet difcutiendi tumores, emolliendi ad fuppurationes; & il le dit après les Medecins. Il en dit autant de la guérifon du vieux Tobie qui recouvra la vûe, non fans un grand miracle, mais pourtant après que fon fils lui eut appliqué fur les yeux ce que l'Ange avoit ordonné. Adoranda in tanto miraculo Dei benignitas: caterum fel ad abftergendas albugines utile effe tradit Plinius l. 23. c. 11. Mais il eft inutile de s'arrêter ici davantage. On trouve à redire de ce que la Neuvaine renferme des précautions peu néceffaires, comme de coucher feul en draps blancs & nets, ou bien tout vêtu, & ne point baiffer la tête pour boire aux fontaines, ou rivieres: mais il eft facile de répondre que s'il y en a plufieurs à qui ces précautions paroiffent peu néceffaires, il y en a d'autres qui font fi groffiers, qu'il faut leur marquer jufqu'aux moindres cho

Tes; & c'est pour cela qu'on a pris tant de foin de régler ce qui regarde le boire, le manger & le dormir. Entre plufieurs raifons que le Pere Roberti donne pourquoi on ordonne de coucher feul, il en rend celle-ci : afin, dit-il, de fe conferver d'autant plus pur pour s'approcher pendant les neuf jours de la Sainte Table: ne quid immunditia animus ex corporis alieni contagione contrahat, quem animum Novendiali hoc tempore puriffimum fervare ratio & Sacramentorum quotidiè percipiendorum fanctitas fuadet. C'est sans raifon qu'on nous objecte, que la Neuvaine renferme des ombres de mortification affez fingulieres. La mortification ne confifte pas, comme ils fe l'imaginent, à manger, par exen'ple,de la chair d'un porc mâle d'un an ou plus, ou de chapons, ou poules d'un an ou plus. On s'étonne qu'ils puiffent avoir cette pensée, après l'explication qu'on a donnée. C'est dans le retranchement de toute autre chofe qu'elle confifte.Ceux qui appellent cela une ombre de mortification n'ont qu'à l'éprouver; & on ne doute pas qu'ils ne diront, auffi-bien que ceux qui en ont fait l'expérience, que

la mortification eft très-réelle. Qu'ils fe fouviennent de plus, que cet article appartient à la Medecine, auffi-bien que plufieurs autres, & qu'ainfi, encore qu'il foit vrai qu'il renferme quelque chofe de bien mortifiant, on y doit donner le même fens & la même raifon qu'en a donné le Pere Roberti, il y a y a 80. ans. Optimi fucci, dit-il, cenfentur fuis carnes à Medicis, & nutrimenti convenien tiffimi, Porci ante expletum annum humidiores, & prodigiofores funt, & ad putrefactionem faciliores, quo nihil perniciofius effe poteft iis quibus rabies mi

natur.

On continue de former plufieurs objections. Une des principales eft -celle-ci Tout le fondement qu'on a pour appuyer cette Neuvaine, eft un miracle non approuvé touchant la fainte Etole, qu'on dit être en fon entier : Quis non miretur obfervantiam miram, miraculo non probato, nimirum, Stola integra, confuetudine fola defendi.

R. On répond que cela eft entierement faux. On permet aux adverfaires de croire ce qu'ils voudront touchant la fainte Etole. Il importe peu qu'elle foit encore entiere ou

non;

« AnteriorContinuar »