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avons décrites, jusqu'à présent, sont suffisantes pour les bien connaître sous tous les rapports, et relativement à tous les besoins qu'on peut en avoir (1).

La conclusion principale qu'on peut tirer de cet article, et qu'il serait utile que ceux qui emploient cette espèce de fer, eussent constamment présente sous les yeux; c'est 1° qu'il existe une infinité de variétés d'acier; que tous sont propres à un travail particulier, lorsqu'ils ont été obtenus avec une bonne fonte, et qu'ils ont été employés convenablement; mais qu'il faut avoir l'attention de n'appliquer, chaque espèce d'acier, qu'au travail auquel il est propre, et ne jamais s'empresser de le rejeter, et de lui faire une mauvaise réputation, parce qu'il n'avait pas la qualité qu'il fallait qu'il eût pour le travail auquel on l'avait destiné; 2o qu'il existe un grand nombre de méthodes à l'aide desquelles on peut essayer toutes les espèces d'aciers, les classer relativement à leurs propriétés, et déterminer, d'avance, l'usage auquel ils sont propres; qu'il serait à desirer, pour l'art de fabriquer et d'employer les aciers, qu'ils fussent tous essayés, et éprouvés d'avance, et marqués de manière à ce que l'on pût reconnaître de suite, et par la marque seulement, ceux qui sont propres à chaque espèce d'ouvrage particulier.

DE QUELQUES PRÉPARATIONS QUE L'ON FAIT SUBIR A L'ACIER AVANT DE LE VERSER DANS LE COMMERCE.

1230. Si nous voulions décrire ici toutes les préparations que l'acier éprouve, soit pour être employé dans les arts, soit avant d'être versé dans le commerce, nous ferions un cours complet d'arts et métiers; car il en existe peu où l'on n'emploie des instruments d'acier, et il en

(1) Si l'on veut avoir de nouveaux détails sur les moyens qu'on emploie ordinairement pour essayer les aciers, on peut consulter le rapport que l'inspecteur général des mines, Gillet-Laumond, a fait à la Société d'encouragement, dans le mois de septembre

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existe un grand nombre qui font entrer de l'acier, comme substance
principale, dans les objets qu'ils fabriquent. Nous nous contenterons,
pour terminer ce chapitre de la fabrication de l'acier, de donner quel-
ques légers détails sur le travail qu'il éprouve; et nous diviserons ces
détails en deux sections: dans la première, nous traiterons succincte-
ment du travail que l'on fait éprouver à l'acier pur, et homogène; et,
dans la seconde, du travail de l'acier mélangé, ou hétérogène.

DES TRAVAUX QUE L'ON FAIT ÉPROUVER A L'ACIER PUR
ET HOMOGÈNE.

1231. On emploie ordinairement de l'acier pur, et le plus homogène possible, dans la confection des objets de bijouterie, dans la fabrication des outils, des limes, des aiguilles, des ressorts de montre, etc. Nous ne traiterons, dans cette section, que de la bijouterie d'acier, des aiguilles, des limes, et des ressorts de montre.

DE LA BIJOUTERIE D'ACIER.

1232. On distingue, sous le nom de bijouterie d'acier, ou de quincaillerie fine, un grand nombre d'objets confectionnés en acier poli, tels que gardes d'épée, boucles, boutons, chaînes de montre, etc. Tous ces objets doivent être travaillés. avec précision, et polis avec beaucoup de soin; c'est à la perfection du travail et du poli de cette espèce de quincaillerie, qu'elle doit principalement toute sa valeur et tout son éclat. Le travail que la quincaillerie fine éprouve peut être divisé en quatre parties: 1o le travail brut; 2o le dégrossi; 3o la trempe; 4° le poli.

Du Travail brut.

1233. La quincaillerie, dite d'acier, se fabrique avec de l'acier, ou avec du fer les objets en acier peuvent être fondus, ou forgés. Le travail brut a pour but de procurer, avec la matière dont les objets doivent être travaillés, une masse d'une forme très-approchante de celle pièces doivent avoir, lorsqu'elles sont terminées.

que les

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1234. Pour obtenir les objets qui doivent être coulés en fonte d'acier, on liquéfie, dans un creuset, les matières destinées à leur formation: ces matières sont : de l'acier-poule, de la fonte truitée, un mélange de fonte grise et de fer, un mélange de fer et de charbon (1), ou, en général, un mélange de matières propre à donner une fonte homogène, facilement fusible, et qui contienne assez de carbone pour se laisser travailler à froid et se tremper; on coule ensuite, dans des moules, l'acier qui a été liquéfié. Ce procédé, qui est en tout analogue à celui que nous avons décrit, en traitant de la fonte moulée, s'emploie avec avantage, lorsque les pièces d'acier poli doivent avoir de grandes dimensions. Les formes des différents morceaux, en sortant du moule, sont d'autant plus exactes, elles exigent d'autant moins de travail, lorsqu'on les dégrossit, que les moules ont été faits avec plus de soin et avec plus de précision; mais cette manière de préparer les objets a l'inconvénient de procurer des pièces dans lesquelles les molécules ont peu de cohérence, et qui ne sont pas susceptibles de supporter un très-beau poli, parce qu'elles n'ont pas éprouvé la compression qui les rapproche. Elles conservent entre elles un vide assez considérable qui rend l'acier cendreux, et qui ternit en conséquence leur éclat (2).

1235. Le fer, ou l'acier, que l'on emploie dans le travail brut, se forge et se prépare souvent dans des creux gravés, ou dans des estampes: on dégrossit les objets un peu considérables, en les forgeant, ou en les plaçant entre les cylindres d'un laminoir, dans lesquels sont creusées des excavations, ou cannelures, propres à donner aux premières masses la forme qu'elles doivent avoir; puis on les termine en les soumettant, dans des matrices, à l'action d'un mouton ou du balan

(1) On peut encore faire usage de la composition indiquée par M. Schmolzer,

n° 1127.

(2) En chauffant, dans un creuset rempli de limailles de fer, les objets en acier fondu, que l'on a obtenus de cette manière; et, en les laissant refroidir très-lentement dans le creuset, la fonte d'acier acquiert une mollesse et une douceur qui permettent de la travailler à la lime avec assez de facilité.

cier R, (pl. 61). Les petits objets se découpent simplement dans des feuilles de tôle où d'acier, qui ont assez d'épaisseur pour produire les pièces que l'on veut en obtenir. Ces morceaux découpés sont ensuite placés, et fortement comprimés dans des matrices, pour leur donner la forme exacte qu'ils doivent avoir.

1236. Pour estamper facilement les pièces d'acier, il faut les amollir de manière à ce qu'elles puissent prendre commodément la forme et l'empreinte des matrices dans lesquelles on les comprime. Ce ramollissement s'obtient en employant un procédé opposé à celui de la trempe, c'est-à-dire, en laissant refroidir l'acier avec beaucoup de lenteur. Pour cela, on chauffe fortement les pièces, et on les place dans une position où leur refroidissement soit excessivement lent. Parmi toutes les méthodes que l'on emploie, nous indiquerons celle de plusieurs fabricants de bijouteries d'acier: ils placent leurs pièces dans des creusets remplis de limailles de fer; ils ferment hermétiquement le creuset, le chauffent fortement, soit dans un fourneau de réverbère, soit dans un foyer ouvert; ils le laissent ensuite refroidir dans le fourneau, ou dans le foyer dans lequel il a été chauffé.

Cette méthode a souvent l'inconvénient de désaciérer un peu les pièces, parce que le carbone se porte sur le fer de la limaille; c'est pourquoi il faut en user modérément, et que, souvent même, il faut cémenter de nouveau, ou tremper en paquet, les aciers qui ont été adoucis par

cette méthode.

cy

1237. Tous les ouvrages de quincaillerie se préparent à-peu-près de la même manière. On y emploie les mêmes machines qui sont : des lindres, des balanciers ou des moutons. Quant aux matrices, et aux découpoirs, comme ils exigent de grandes dépenses, qu'ils s'usent et se détériorent facilement, on se contente de graver, d'abord, un modèle pour chaque nouveau dessin; ces gravures sont en bosse, et représentent exactement le relief des objets : elles sont faites avec beaucoup d'exactitude et bien trempées; elles servent à former tous les coins que l'on veut obtenir en les estampant. A cet effet, on fait forger la pièce d'acier propre à prendre l'empreinte ou à former la seconde matrice; on

lui donne les dimensions qu'elle doit avoir; on la fait rougir; on la place, lorsqu'elle est encore rouge, dessus ou dessous le modèle; et, par le moyen d'un ou de plusieurs coups de mouton, ou de balancier (1), on estampe, en creux, le relief de l'objet, puis on trempe cette matrice en paquet, pour s'en servir au besoin.

peu

Avec un modèle gravé, on peut renouveler assez facilement, et à de frais, les matrices et les découpoirs; on peut donc, par ce moyen, les changer avant qu'ils ne deviennent défectueux.

Il est des objets qui ne sont préparés qu'aux découpoirs : tels sont, en particulier, les chaînes de montres, et, en général, tous ceux dont la surface est plane, qui ont une épaisseur uniforme, et que l'on peu obtenir avec des laminoirs, ou dont l'épaisseur est indifférente; mais ceux dont les surfaces sont courbes ou recouvertes de reliefs, ceux qui ont une épaisseur variable dans divers endroits, comme les boucles, les bouetc.; ceux-ci, disons-nous, sont ordinairement ébauchés dans une matrice, et ensuite finis au découpoir; d'autres fois, ils sont commencés au découpoir, et finis à la matrice.

tons,

Du Dégrossi.

1238. On dégrossit les objets bruts de deux manières : à la lime et à la meule on se sert de la lime, soit pour enlever les bavures que les découpoirs ou les estampes peuvent avoir laissées, soit pour préparer et dresser des faces, creuser des enfoncements on emploie la lime partout où l'on dégrossit du fer, ou de l'acier, qui n'a pas encore été trempé : on peut employer la meule, indistinctement, pour dégrossir du fer, ou de l'acier trempé et non trempé.

Plusieurs pièces peuvent être indifféremment dégrossies à la lime, ou à la meule; quelques-unes doivent être nécessairement dégrossies à la

(1) Les matrices un peu grandes, tels que les coins des monnaies, se frappent ordinairement sur le plat; c'est ainsi qu'on le pratique dans les monnaies de France. Le graveur Galle les frappe debout. Lorsque l'acier a été bien corroyé, les coins supportent mieux la trempe, et ils en résistent mieux.

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