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lime, ou à la meule seulement : toutes les pièces qui contiennent des reliefs et des enfoncements considérables, dans lesquels les meules ne peuvent pas pénétrer, doivent être dégrossies avec des instruments tranchants, qui puissent s'enfoncer jusque dans les plus petites cavités. Lorsque les reliefs ont des contours exacts et déterminés, il est nécessaire de les dégrossir avec la lime, pour obtenir des formes plus régulières; mais, lorsque les pièces ont de grandes surfaces planes, ou qu'elles forment des polyèdres, dont les angles planes sont déterminés, on les dégrossit avec plus de régularité, avec plus de vitesse, et avec plus d'économie, sur les faces des meules horizontales.

C'est ainsi, par exemple, que l'on dégrossit sur la meule les facettes des têtes d'épingles et des brillants que l'on monte sur des boutons, des gardes d'épées, ou que l'on enfile pour former des colliers; et que l'on creuse des enfoncements sur des surfaces planes ou courbes, où le taillant de la meule peut parvenir.

1239. Les morceaux bruts que l'on emploie pour former ces brillants, sont ordinairement découpés sous la forme de prismes cylindriques : on perce ces petits cylindres par le milieu, avec un poinçon d'acier, et l'on y fixe un morceau de fil de fer, en le soudant ou en le brasant.

C'est avec du laiton que l'on brase et que l'on fixe, le plus ordinairement, les tiges de fer dans les petits cylindres. On soude, ou l'on brase séparément les grosses pièces, en les environnant de fragments de laiton, les recouvrant de borax, et les exposant à l'action du feu, jusqu'à ce que le laiton soit fondu. Quant aux petites pièces qui ne peuvent être présentées séparément au feu, sans employer un temps considérable, on accélère la soudure des tiges en les plaçant dans un creuset, avec une soudure fusible, composée de laiton et d'un dixième, ou d'un cinquième d'étain. Avant de placer les pièces, on a soin de fixer les fils de fer dans les trous qui leur sont destinés, et de les y comprimer fortement; les creusets remplis des brillants et de la soudure, sont fermés hermétiquement, et exposés ensuite à l'action du feu, pour faire fondre la composition; lorsque l'on juge que celle-ci est liquéfiée, on retire le creuset, et on l'agite, sans le découvrir, jusqu'à

ce que la soudure soit refroidie. Alors on dilate le creuset, et l'on trouve toutes les petites pièces enduites d'une légère couche de la soudure, qui a réuni les fils au cylindre. On saisit, avec une pince, la tige des petits cylindres, et on les expose ensuite, sous un angle déterminé, à l'action d'une meule horizontale: on ébauche, d'abord, une facette, puis on tourne successivement le cylindre, de manière à obtenir des facettes qui forment entre elles des angles donnés. C'est ainsi que l'on commence l'ébauche d'un solide régulier. Cette opération se continue, en inclinant différemment le cylindre, jusqu'à ce qu'on ait obtenu la forme du polyèdre desiré.

1240. Nous croyons inutile d'observer ici que cette taille est analogue à celle que les lapidaires et les tailleurs de cristaux emploient pour donner du brillant aux objets qu'ils travaillent; et que l'on peut trouver, dans la description de ces arts, tous les détails nécessaires à l'exécution de l'ébauche des polyèdres d'acier, qui doivent former une sorte de brillants, par les différents angles sous lesquels la lumière est réfléchie.

1241. Les pièces d'acier peuvent être simples ou composées; elles sont simples, lorsqu'elles ne sont formées que d'un seul morceau, comme dans les boucles unies, les boutons estampés, ou ceux qui sont à surface plane; elles sont composées, lorsqu'elles sont formées de plusieurs morceaux réunis, comme dans les boutons brillantés, les gardes d'épées à brillants, etc.: ces secondes pièces exigent une continuation de travail avant de les tremper et de les polir; cette continuation fait suite au dégrossi.

1242. Il faut, lorsque les pièces doivent être recouvertes de brillants, les percer à l'emporte-pièce, par-tout où l'on doit laisser des vides, ou fixer des brillants; puis passer, dans les ouvertures, après avoir dégrossi et évidé les plaques, les tiges de fils de fer qui ont déja été soudés sur les brillants; on les rive ensuite sur ces plaques, par l'autre extrémité.

1243. Quelques pièces sont composées d'un métal sur lequel on soude de l'acier. Pendant long-temps il était de mode de porter, sur les habits, des boutons de cuivre recouverts de petites plaques d'acier poli,

formant divers compartiments: ces plaques se soudaient aux boutons de cuivre. Pour cela, on découpait d'abord des fragments d'acier, d'après les formes qu'ils devaient avoir sur le bouton; ces fragments étaient placés dans des enfoncements pratiqués dans une matrice. Le disque de cuivre, chauffé au rouge, était posé ensuite sur la matrice, et, d'un coup de mouton, ou de balancier, on soudait le cuivre à l'acier; le bouton refroidi était dégrossi à la meule, ou à la lime, selon que l'un ou l'autre de ces moyens était plus économique pour le travail.

1244. Si l'on voulait décrire ici tous les travaux qu'exige la préparation, soit à la lime, soit à la meule, des divers objets d'acier que l'on veut polir, on serait obligé d'entrer dans de très-longs détails, qui, quoique très-utiles, et même nécessaires, dans un ouvrage entièrement destiné à la description de l'art de travailler la quincaillerie fine, deviendraient cependant longs et fastidieux dans un traité complet du travail du fer. Nous ne devons faire connaître ici que les procédés généraux que l'on emploie dans les arts où l'on fait usage de ce métal; c'est aux artistes à choisir, parmi les manipulations que nous indiquons, celles qui pourraient leur être les plus avantageuses relativement aux diverses circonstances dans lesquelles ils peuvent se trouver, ainsi qu'à la plus grande habitude qu'ils auraient de manier plus facilement tels instruments que tels autres.

De la Trempe.

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1245. Quoique les pièces d'acier poli soient habituellement trempées, on pourrait cependant mettre en question s'il serait nécessaire de les tremper toutes. On ne peut former aucun doute, à cet égard, pour celles qui doivent avoir une dureté indépendante du poli; mais on pourrait demander, si les pièces dont la dureté n'est pas essentielle à leur usage, dans lesquelles elle peut même être nuisible à cause de la fragilité qu'elle occasionne, doivent être trempées avant d'être polies; ce qui pourrait principalement donner lieu à poser cette question, c'est qu'il existe des ouvriers qui, dans cette dernière circonstance, font polir leur acier sans l'avoir trempé.

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Nous savons déja que l'acier non trempé est plus dense que l'acier trempé; conséquemment que ses molécules sont plus rapprochées ; qu'elles laissent "moins de vide entre elles; nous savons encore que, dans l'acier trempé, les vides augmentent par deux causes: 1o parce que le volume total est plus grand; 2o parce que les particules sont composées de molécules plus rapprochées que dans l'acier non trempé, puisqu'elles sont plus dures et plus denses; enfin, nous savons que, plus la trempe est forte, plus les particules sont grosses et dures, et plus les vides sont augmentés. Il doit suivre, de ces observations, que l'acier, non trempé, doit avoir un poli plus uniforme, plus égal, plus homogène; tandis que l'acier trempé doit (en raison des vides existants entre les particules) être nuageux, cendré, et qu'il doit être d'autant plus cendré, que l'acier est plus carboné, et la trempe plus forte.

Mais l'acier non trempé a ses particules molles; elles sont dures, au contraire, dans l'acier trempé. Cette mollesse des particules, qui leur permet de conserver les traces des plus légers frottements, présente une plus grande difficulté à l'ouvrier, lorsqu'il veut obtenir un beau poli; il reste toujours des traces du passage des particules de l'émeri ou du rouge, et ces sillons empêchent que le poli puisse acquérir du brillant et de l'éclat; de plus, ce poli s'altère plus promptement, et se conserve avec plus de difficulté.

Chacun des modes de polir, après la trempe ou sans la trempe, a ses avantages et ses inconvénients. Lorsque l'on n'est pas obligé, relativement à l'usage de l'objet poli, de lui conserver de la mollesse, il vaut mieux tremper; mais aussi il vaut mieux, parmi toutes les trempes, choisir celle qui donne le grain le plus fin et le plus serré, afin de réunir les deux qualités d'avoir un grain dur qui prenne et qui conserve long-temps un beau poli, et d'avoir peu de vide entre les particules, afin d'obtenir un poli homogène.

1246. Parmi toutes les trempes, celle qui est destinée à favoriser le poli des pièces, exige beaucoup de soin et beaucoup d'attention; il faut, lorsque l'on veut tremper des pièces un peu considérables, éviter, autant que possible, qu'elles ne se voilent ni ne se gercent; il faut

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donc, en chauffant et en trempant, prendre toutes les précautions que les pièces qui présentent ces défauts nécessitent.

C'est pourquoi on est dans l'habitude de les chauffer en paquet, c'est-à-dire, dans des boîtes, en les environnant de cément; cette chauffe procure trois avantages: 1o elle préserve la surface de l'oxigénation qui aurait lieu à l'air libre, et qui altérerait les faces que l'on a préparées; 2o elle acière un peu les surfaces extérieures; elle égalise, en quelque sorte, leur aciération, et redonne à l'acier le carbone qui a été brûlé à la surface, en le chauffant et en le préparant; 3o enfin, elle favorise un échauffement lent et uniforme, et elle détruit une partie des causes des altérations que ces pièces prennent à la trempe.

1247. Il est des circonstances où la trempe en paquet est obligée; c'est lorsque les pièces qui doivent être en acier poli ont été préparées avec du fer dans ce cas, il est essentiel de cémenter la surface du fer pour l'aciérer, et c'est là le principal résultat que l'on obtient, en chauffant les pièces, dans des caisses, avec du cément.

Après avoir chauffé les caisses, et les avoir amenées ainsi à la couleur du rouge-cerise, plus ou moins intense, on les retire, si c'est de l'acier qu'on chauffe; on transporte la caisse sur un grand réservoir d'eau, on l'ouvre par une de ses faces, et l'on vide promptement les pièces et le cément dans l'eau, en prenant la précaution d'éviter, autant qu'il est possible, qu'elles ne soient touchées par l'air. Lorsque l'on chauffe du fer, on le tient plus long-temps au feu; on lui fait même éprouver une température plus élevée, afin que le carbone puisse pénétrer un peu dans le métal, et que sa surface soit plus aciérée.

Du Poli.

1248. Polir une pièce, c'est diminuer successivement les aspérités que l'action de la lime, ou de la meule, conserve sur ses faces, c'est les faire disparaître de manière qu'elles deviennent insensibles à l'œil nu.

Il n'existe aucun moyen physique de faire disparaître entièrement les aspérités occasionnées par les matières avec lesquelles on a préparé

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