Imágenes de páginas
PDF
EPUB

les surfaces; car celles dont on fait usage ensuite, quelques fines qu'elles soient, forment de nouvelles stries; et celles-ci, quoique plus petites que les autres, n'en deviennent pas moins sensibles, lorsque l'on observe, avec un bon microscope; la surface de l'acier poli.

1249. On fait usage, pour polir les surfaces, de plusieurs substances, assez dures, pour attaquer les particules d'acier, les entamer, les ronger, altérer et diminuer les aspérités existantes, et en même-temps, assez fines, pour que les enfoncements et les sillons qu'elles creusent, dans leur passage, soient moins grands et moins profonds que ceux qu'elles détruisent.

Plus la substance que l'on emploie est grosse et dure, plus elle a d'action sur l'acier, et plus grandes sont les aspérités qu'elle forme; plus la substance est fine, moins elle ronge et plus elle est unie; l'expérience et la théorie s'accordent à établir un ordre dans lequel on doit employer, de la manière la plus favorable, les différentes substances avec lesquelles on polit. D'abord on dégrossit avec une matière de grosseur moyenne, puis avec des matières plus fines. Il en résulte que les aspérités qu'elles laissent sont progressivement diminuées; enfin, les matières que l'on emploie, en dernier lieu, pour polir, ne doivent plus laisser de traces perceptibles de leur passage.

1250. Les matières employées sont l'émeri et l'oxide de fer; la première s'obtient d'une roche assez variée, mais composée de fragments plus durs que l'acier; il entre, dans la plupart de ces roches, du corindon, du grenat, du quartz, du feld-spath; la seconde est une préparation d'oxide de fer amenée à un degré de finesse extrême.

1251. La roche dont on forme l'émeri est bocardée, broyée, puis lavée dans un grand réservoir : les matières les plus grosses se précipitent d'abord; les plus fines restent en suspension. Après un repos très-court, on décante l'eau dans un second réservoir, où elle repose quelque temps, en laissant précipiter la poudre d'émeri la plus grosse: on la décante dans un troisième reservoir, où elle précipite, en y journant, un émeri plus fin: en continuant ainsi la décantation et

les repos successifs, successifs, on obtient des éméris de différentes finesses (1).

1252. On donne le nom de potée, ou de rouge d'Angleterre, à l'oxide de fer que l'on emploie en dernier lieu pour terminer le poli: cet oxide peut être obtenu de plusieurs manières différentes.

Pendant long-temps on s'est servi du procédé publié par Machy, dans son Art du Distillateur. Ce procédé consiste à délayer, dans des tonneaux, le résidu de la distillation des eaux-fortes, qui est un mélange d'argile, d'oxide de fer et de sulfate de potasse; de verser beaucoup d'eau sur le résidu, pour dissoudre les sels qu'il contient. Lorsque l'eau reste insipide, on délaie de nouveau; et, après un court séjour, destiné à laisser précipiter les substances les plus grossières, on décante l'eau trouble dans un second tonneau, où on la laisse séjourner; la terre ocreuse se précipite, on retire l'eau qui surnage, et l'on pétrit cette terre pour en former des bâtons de terre à polir.

1253. Dans quelques endroits, on expose du sulfate de fer (couperose verte du commerce) à l'action du feu dans une marmite de fer; le sulfate se liquéfie et prend une couleur d'un blanc sale : alors on le détache des parois, et on l'écrâse avec une spatule de fer; on augmente le feu, la · couleur devient jaune, elle rougit, et la masse se change en une poudre rouge, connue sous le nom de colcotar, que l'on vend, sous le nom de terre à polir, après l'avoir lavée et moulée.

1254. Toutes les argiles ocreuses, ou les résidus des décompositions naturelles de pyrites, peuvent être employés avec quelque succès, comme rouge à polir. On peut encore faire usage des résidus ocreux, des opérations par lesquelles on retire le vitriole vert et l'alun, des terres que contiennent les pyrites qui les produisent; enfin, des précipités ocreux qui se déposent sur le fond des tonneaux, dans lesquels coulent quelques eaux ferrugineuses.

(1) Pour former des limes douces, précieuses pour finir des pièces délicates, l'inspecteur général des mines, Gillet-Laumond, a fait employer, avec beaucoup de succès, de la poudre de corindon, enchâssé dans une lame de fer, que l'on place dessus, et sur laquelle on donne quelques coups de marteau,

1255. M. Frédéric Cuvier a communiqué, à la Société pour l'encouragement de l'industrie, un procédé assez simple pour obtenir une substance qu'il regarde comme propre à remplacer le vrai rouge d'Angleterre.

Ce procédé consiste (1) à mettre, dans une terrine très-évasée, une couche de limaille de fer, que l'on recouvre avec une légère couche d'eau; celle-ci se décompose assez rapidement, et le fer s'oxide; si l'eau était plus abondante, l'oxidation se ferait plus lentement.

Si on laisse dessécher ce mélange, toutes les parties s'agglutinent, et l'on ne parvient pas à son but; mais si l'on a soin d'entretenir constamment le même degré d'humidité, le fer ne tarde pas de passer, en partie, à l'état d'oxide noir, sur-tout si l'on sépare, de temps à autre, par des lavages, l'oxide qui s'est formé.

On voit que ce procédé n'est qu'une légère modification de celui employé par Lemery, pour faire son éthiops martial. On aurait sans doute pu employer d'autres moyens pour se procurer cet oxide noir; mais il s'agissait du moyen le plus simple.

Lorsque l'on a recueilli une assez forte quantité d'oxide noir, il suffit de l'exposer à l'action simultanée du feu et de l'air, pour en augmenter l'oxidation; et comme, dans ce cas, le contact le plus parfait de l'oxide et de l'air est essentiel, on parvient à l'opérer d'une manière assez complette, en agitant l'oxide, chauffé à un certain degré, dans un vase bien fermé, où on a laissé une certaine quantité d'air.

1256. Il est facile d'obtenir promptement de l'éthiops martial, ou du fer oxidé par l'eau, et réduit à un très-grand degré de finesse, en agitant, dans un vase, de la limaille de fer avec de l'eau; décantant l'eau trouble et la laissant un peu reposer, pour faire précipiter la partie la plus grossière; puis la décantant de nouveau, afin de laisser précipiter un oxide extrêmement fin. Cet oxide, séché et imbibé d'huile, peut être conservé; il est susceptible de produire un très-beau poli.

(1) Annales des Arts et Manufactures, tome 12, page 321.

1257. O'Relly, observant que le feutre des chapeaux est coloré en noir par l'oxide de fer (1), conseille de soumettre de vieux chapeaux, pendant quelques minutes, à l'action de l'acide sulfurique étendu d'eau. Il observe que, dans cette circonstance, l'oxide de fer en est détaché et précipité en partie impalpable; qu'il ne s'agit plus, alors, que de bien laver cet oxide (pour enlever l'acide), le faire sécher, et l'imbiber ensuite d'un peu d'huile pour pouvoir, après, l'employer au besoin.

1258. L'art de préparer le rouge à polir, connu sous le nom de rouge d'Angleterre, paraît être encore un secret, quoique l'on sache cependant en obtenir de beaucoup de manières, qui, toutes, peuvent être employées avec beaucoup de succès, dans un grand nombre de circons

tances.

On peut diviser les rouges à polir en deux classes: les uns retiennent une portion des terres avec lesquelles ils sont mélangés; tels sont les rouges obtenus du résidu des eaux-fortes; ceux que l'on retire avec les dépôts ocreux, déposés par les eaux, dans les canaux où elles coulent; ceux que l'on retire des terres bolaires, des argiles ocreuses, etc.: les autres ne contiennent que de l'oxide de fer tels sont les rouges obtenus par le procédé de Frédéric Cuvier, par celui d'O'Relly, par l'agitation de la limaille de fer, par la dessication du vitriol de Mars, etc.: les premiers sont employés au poli des glaces; les seconds, seuls, peuvent être employés au poli de l'acier.

pur,

1259. Il faut que l'oxide, préparé pour donner le dernier poli à l'acier, réunisse deux qualités : 1o qu'il soit à son plus grand degré de dureté; 2o à son plus grand dégré de finesse.

Nous ne connaissons que deux espèces d'oxides qui puissent se conserver sans altération : l'oxide noir et l'oxide rouge; car l'oxide blanc, de Thénard, s'altère promptement à l'air, et passe rapidement à l'état d'oxide noir c'est donc entre ces deux degrés d'oxidation qu'il faut choisir, pour obtenir celui qui a la plus grande dureté. Nous n'avons

:

(1) Annales des Arts et Manufactures, tome 12, page 324.

encore pu faire ce choix, parce qu'il n'existe aucune expérience qui nous indique lequel est le plus dur. On sait, cependant, que l'oxide noir de fer, obtenu par la décomposition de l'eau sur du fer incandescent; que les oxidules de fer en masse, tels que les minérais métalloïdes de l'île d'Elbe, de la Suède, etc., conservent une grande cohésion entre leurs molécules, ce qui pourrait faire présumer que leurs particules ont une grande dureté; mais l'on sait aussi que la mine de fer mamelonnée rouge, connue sous le nom d'hématite, conserve une telle adhésion entre ses particules, qu'on l'emploie pour brunir et pour donner un poli très-brillant aux métaux; ce qui met encore une nouvelle incertitude sur le choix à faire entre ces deux oxides.

1260. Ce que l'on appelle rouge d'Angleterre (espèce de poudre ou de pierre avec laquelle on polit l'acier), ne doit point avoir une couleur rouge pour être d'une bonne qualité. Les ouvriers préfèrent celle qui a une couleur violette, et cette couleur, par laquelle on paraît distinguer le rouge, qui mérite la préférence, avait fait croire à quelques personnes, et en particulier à M. Frédéric Cuvier, qu'elle était le résultat d'un état particulier d'oxidation entre l'oxide noir et l'oxide rouge.

Le célèbre minéralogiste Haüy a fait remarquer que, dans les deux espèces de minérais de fer métalloïde, celle qu'il appelle oxidulée, et dont la forme primitive est un octaèdre, donnait, en la raclant, une poudre noire, tandis que celle qu'il nomme oligiste, et dont l'élément est un rhomboïde, donne une poudre noir-rougeâtre, conséquemment violette. Or, comme cette dernière s'approche beaucoup, par la couleur de sa poussière, de celle du rouge à polir, tout fait croire que l'oxide avec lequel on polit l'acier, est plus approchant du fer oligiste.

Nous nous sommes assurés que l'oxidule de fer, obtenu par la décomposition de l'eau, donnait une poussière noire, et que cet oxidule était réellement de l'oxide noir, celui du fer oligiste, et plus particulièrement celui de rouge à polir, dont la couleur de la poussière est violette doit donc être un mélange d'oxides et d'oxidules de fer à diverses proportions; ce qui ne détermine pas encore lequel de ces deux oxides a le plus de dureté, et lequel devrait être préféré.

« AnteriorContinuar »