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5o On aiguise les pans creux, ce qui se fait en deux fois; d'abord, en longueur sur des meules qui creusent les pans; puis, sur de trèspetites meules.

6o On ajuste le tranchant, et l'on égalise le dos; c'est la dernière opération de l'aiguiseur; elle se fait sur une grande meule.

Lorsque l'aiguiseur a marqué, de son poinçon, l'arme qu'il a passée à la meule, on la porte chez le trempeur pour y être redressée, après quoi elle revient au polissage.

7o On polit les pans creux : pour cela, on fait usage de roue de bois blanc, que l'on couvre d'émeri délayé dans de l'huile. Ces roues ont de 18 à 30 pouces de diamètre, selon la courbure des pans que l'on veut polir on passe, sur ces polissoirs, l'arme en long, en commençant par la pointe, afin de ménager l'émeri, quoiqu'il soit plus avantageux de polir dans tous les sens.

8° On polit de plat le biseau et le chanfrein; ce qui s'exécute en passant l'arme en long sur des polissoirs de 36 pouces de diamètre sur un pouce d'épaisseur.

8° On polit le dos: on fait usage, pour ce poli, des polissoirs précédents, sur lesquels l'arme est placée en long, et bien parallèlement à la meule.

10° Enfin, on polit en travers les pans creux et les faces: ce poli se donne, près de la base, dans une étendue de 2 pouces de longueur environ.

11o On répète les quatre opérations précédentes avec de l'émeri plus fin; puis on essuie les lames avec des cendres pour les dégraisser.

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12° Brunir les lames, c'est répéter, à sec, les quatre opérations du poli, en se servant du même polissoir frotté avec du charbon et des agates.

1375. Les usines N, dans lesquelles ces opérations s'exécutent, sont ordinairement composées d'une ou deux grosses meules de grès a, a, a, a, mues par l'eau. L'arbre de la roue hydraulique met également en mouvement toutes les autres meules de pierre ou de bois de différents diamètres, qui servent à aiguiser et à polir.

Examen des Lames.

1376. Le contrôleur fait subir aux lames quatre sortes d'épreuves: 1o celle de la forme; 2o du pli; 3o du billot; 4o des dimensions.

1o Le contrôle de la forme consiste à présenter au fourneau les lames courbées ce contrôle ne se fait que pour les armes des troupes, qui doivent toutes avoir les mêmes courbures, parce que les fourreaux sont fabriqués séparément, et sans la présence des lames.

2° Plier les lames, c'est les piquer à terre, sur une planche, en les tenant un peu inclinées, et les poussant sans précipitation: on examine si le pli commence bien avec la pointe, et s'il gagne successivement sans discontinuer; on courbe la lame jusqu'à ce que la flèche de courbure soit de 9 à 10 pouces.

Après avoir plié la lame d'un côté, on la plie également de l'autre : si elle est bonne, elle doit, dans cet essai, redevenir parfaitement droite, et ne se point briser.

Pour exécuter cette épreuve, il faut beaucoup d'habitude, parce qu'on doit régler la portée du mouvement, sa vîtesse et son uniformité; il faut donc que ce soit un homme exercé qui en soit chargé.

Cette épreuve a pour objet de faire connaître l'égalité qui existe dans l'élasticité des lames.

3o Le billot, sur lequel on fouette les armes, est de bois de chêne très-uni; il a 30 pouces de haut, il est bien arrondi; son diamètre a 18 pouces à sa base et 12 à son sommet.

On frappe la lame sur le fort du plat vers le milieu; elle doit avoir une inclinaison de 45 degrés (ancienne division), au moment où elle

touche le bois; il faut, pour les lames longues, que le soit tel,

coup

qu'elles entourent le billot, et que le bout le touche. Pour frapper ces fortes lames, on emploie toutes ses forces.

Si la lame a quelques défauts inaperçus, on les découvre par cette épreuve; elle laisse apercevoir les fentes ou doublures qu'on aurait voulu cacher; elle fait casser les armes si l'acier est trop dur; elle les fait plier s'il est trop mou.

4o Enfin, on observe, avec des calibres, si les armes ont, dans tous les points, l'épaisseur et la largeur qu'elles doivent avoir.

1377. Nous croyons inutile d'entrer dans de plus grands détails sur la fabrication des armes. Si l'on desire la mieux connaître, on peut consulter un petit ouvrage, rédigé par Vandermonde, et publié par le Comité de Salut public, en l'an II (1794). Cet ouvrage a pour titre : Procédé de la fabrication des armes blanches; il contient la description du travail qui s'exécute au Klingenthal.

DE LA FABRICATION DES FAUX.

1378. La faux est un instrument d'acier avec lequel on coupe l'herbe; elle paraît être d'une très-haute antiquité. Les historiens hébreux, grecs, latins, parlent des faux, soit comme instruments à couper l'herbe, soit comme armes offensives. Josué, au livre des Juges; Xénophon, dans sa Cyropédie; Diodore, Tite-Live, Quinte-Curce, parlent des charriots armés de faux qui portaient le désordre et la mort dans les armées. Les anciens Dieux des Grecs, Saturne, le Temps, sont représentés armés d'une faux; soit que le premier ait enseigné aux hommes l'art de couper, avec la faux, les blés et les herbes des prairies (1), comme le croyent quelques historiens, soit qu'il présidât seulement à l'agriculture (2) et aux saisons, comme le croyent plusieurs autres. Quoi qu'il en soit, il nous est impossible de remonter à l'origine de cet instrument, dont l'invention paraît avoir suivi celle de la découverte de la fabrication de l'acier.

1379. Comme les faux sont destinées à couper à-la-fois de grandes masses de blé ou d'herbe, il faut qu'elles aient un taillant très-fin. Ce taillant, exposé au choc des pierres que la faux rencontre en rasant le sol, et à l'action des terres qu'elles coupent quelquefois, s'émousse fa

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cilement, et le faucheur doit pouvoir l'aiguiser promptement dans des instants très-rapprochés. L'éloignement des lieux habités, où sont ordinairement les prairies et les champs dans lesquels on fait usage de la faux, la perte du temps que l'on éprouverait, si l'on était obligé de remettre cet instrument à un remouleur, pour refaire le tranchant chaque fois qu'il en est besoin, a fait imaginer un moyen aussi simple qu'ingénieux, pour l'aiguiser et le rendre propre à couper.

Il consiste à fabriquer une étoffe, laquelle, tout en lui donnant, par la trempe, la dureté qui la rend propre à prendre un tranchant fin et dur, lui conserve assez de mollesse pour pouvoir être étendue et amincie à froid par l'action du marteau.

De cette composition d'étoffe il résulte qu'au lieu de meule, il suffit que les faucheurs portent avec eux un marteau pour battre et amincir le tranchant de leurs lames, et une enclume, très-légère, qu'ils enfoncent dans la terre et sur laquelle pose la partie du tranchant qui doit être battue; il leur faut, en outre, une pierre pour aiguiser les bords assez amincis, afin que, par un simple frottement, ils puissent y former un tranchant extrêmement fin.

Un nouvel avantage provenant de cette manière de former le taillant, c'est que le bord martelé, est nécessairement ondulé par les petites inégalités d'extension que produisent les chocs multipliés du marteau : cette ondulation, après le passage de la pierre, occasionne une sorte de dentelure qui rapproche le taillant de la faux de la forme des scies; ce qui le rend plus propre et plus commode pour couper en glissant, ainsi que le fait cet instrument dans son mouvement.

Nous observerons encore, qu'en martelant le bord du tranchant, on le recuit, et l'on augmente, en quelque sorte, sa dureté.

1380. Cette propriété particulière et caractéristique que doit avoir l'étoffe avec laquelle on fabrique les lames des faux, nous a paru assez distincte pour nous déterminer à décrire cet art, que nous avons été à même d'étudier dans le voyage, que nous avons fait en Styrie et en Carinthie, en 1783, particulièrement dans l'usine de Merzuschlag.

1381. Pendant long-temps, les Allemands ont été les seuls, en Europe,

qui aient pratiqué l'art de fabriquer les faux avec une sorte de succès; ils y avaient acquis une telle renommée, que les faux d'Allemagne étaient les seules demandées par les marchands et par les cultivateurs : aujourd'hui on fabrique également de bonnes faux en Suède, en France, en Angleterre, et dans beaucoup d'autres pays.

1382. Nous diviserons ce que nous avons à dire, sur le travail des faux, en trois parties : dans la première, nous examinerons quelles substances sont employées, et comment on prépare l'étoffe; dans la seconde, le travail qu'exige la forme que l'on donne aux faux; et dans la troisième, la trempe et le recuit que l'acier éprouve.

Préparation de l'Étoffe.

1383. Les faux sont composées de deux substances bien distinctes: celle qui forme le dos et la crosse, et celle qui forme la lame.

du

Dans la plupart des fabriques de faux, celles de France, de Suède,

pays de Berg, de l'Angleterre, etc., on forme le dos et le talon de fer doux; dans celles de Styrie et de Carinthie, le dos et la crosse des faux sont faits avec une étoffe obtenue d'un mélange d'acier mou et ferreux.

Quant à l'étoffe dont le taillant se compose, elle est formée, dans toutes les usines, de l'acier le plus fin. En Europe, sur le continent, on fait usage d'acier de forge pour fabriquer l'étoffe; en Angleterre, on y emploie de l'acier de cémentation, parce que c'est celui que l'on obtient le plus facilement avec du fer d'excellente qualité (1).

1384. On fait, dans plusieurs fabriques de faux, comme dans celle du pays de Berg, des mystères sur la composition des trousses qui doivent former l'étoffe des lames; les affineurs s'enferment dans leurs cabinets, pour arranger, pour ordonner leur acier, avant de livrer la trousse au chauffeur.

(1) M. Jæger Schmidt emploie, dans la fabrique de faux de Saint-Pierre d'Albiguy (Mont-Blanc), de l'acier cémenté.

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