Imágenes de páginas
PDF
EPUB

cier, des fontes blanches; telles sont celles qu'on nomme hartz floss ou floss dure qu'on obtient en Styrie, avec le minérai de fer spathique d'Eisen-artz (1). Mais il est bon d'observer ici que cette fonte se coule toujours en plaques extrêmement minces, puisqu'elles n'ont qu'un pouce d'épaisseur, et que, de plus, ces plaques (2) sont promptement refroidies par l'eau que l'on jette dessus, pour coaguler les scories; il n'est donc plus étonnant que, quelques carburées que soient ces fontes, leurs cassures soient blanches; puisque, comme nous l'avons déja vu, le prompt refroidissement des fontes grises leur donne toujours une couleur blanche.

1071. Nous n'ignorons pas que quelques métallurgistes, et en particulier, M. Stunkel le jeune, sont persuadés que l'on ne peut obtenir de l'acier qu'avec de la fonte blanche manganésifère (3). Nous ne répondrons à leurs assertions que par des faits : « Pour choisir un bon fer, « pour faire de l'acier d'une bonne qualité, dit Swedemborg (4), il faut prendre celui qui fond aisément; cette espèce de fer est grise. »

[ocr errors]

« Pour faire de l'acier, dit Réaumur, (5) on prend du fer cru qui soit << blanchâtre; on préfère néanmoins celui qui tourne à la couleur grise.— « Les gueuses ou floss des fourneaux de Koleinboden, en Tyrol, pèsent (disent Jars et Duhamel) environ trois quintaux ; il y en a qui, dans « la cassure, ont le grain blanc, d'autres TOUT NOIR; ce sont ces derniers l'on destine à faire de l'acier (6). — On fabrique de l'acier à Fors

«

« que

« marck, en Suède; la fonte nécessaire à cette opération est la même

« que

celle avec laquelle on fait le fer dans les forges, c'est

« une fonte noire (7). »

proprement

er

(1) Jars et Duhamel, Voyage métallurgique, tome 1o, pages 35 et 49.

[blocks in formation]

Dans les aciéries de Rives on emploie, à la confection de l'acier, des fontes des fourneaux de Saint-Vincent et d'Allevard, du département de l'Isère; de Sainte- Hugon, d'Argentine, de Sainte-Hélène, du département du Mont-Blanc; de Saint-Laurent, du département de la Drôme. Toutes ces fontes sont grises (1); nous avons vu fabriquer dans l'usine de la Hutte, avec des fontes grises et noires, d'excellent acier qui a été employé à la confection des armes blanches au Klingenthal. On peut conclure, de ces faits, que l'assertion que M. Stunkel le jeune répète si souvent dans son mémoire, que l'on ne peut obtenir de l'acier qu'avec des fontes blanches manganésifères (2), est au moins très-hazardée. Au reste, nous nous proposons d'examiner avec plus de détails le mémoire du savant métallurgiste allemand, en traitant de l'influence du manganèse dans la fabrication de l'acier.

1072. Comme il est essentiel que les fontes que l'on doit employer à la fabrication de l'acier, contiennent assez de carbone pour que le fer, qui en provient, conserve celui qui lui est nécessaire pour le constituer acier, et que des fontes peuvent être blanches, quoiqu'elles contiennent beaucoup de carbone, puisqu'il suffit pour cela qu'elles aient été refroidies promptement comme on le pratique en Styrie : il devient souvent essentiel d'employer un second caractère pour suppléer à celui de la couleur qui se trouve fautive dans beaucoup de circonstances; on trouve ce caractère dans la texture de la fonte, ou dans l'action d'une goutte d'acide sur le métal. Nous avons vu, en traitant des fontes (n° 537), comment l'illustre Réaumur est parvenu à distinguer, par la texture, celles qui étaient propres à s'adoucir au feu de celles qui conservaient leur aigreur. Comme la douceur des fontes dépend de la proportion de carbone qu'elles renferment, on peut appliquer ici, avec le même

[ocr errors]

(1) Journal des Mines, tome 1, n° 4, pages 9 et 10.

(2) Journal des Mines, tome 16, p. 184. — On ne peut, en aucune façon, faire avec de la fonte grise, de l'acier pour être utilisé, page 191. Toute fonte peut être convertie en fer malléable; mais il n'y a que la blanche qui puisse l'être en acier.

avantage, la distinction proposée par ce savant français. Les fontes blanches présentent, dans leur cassure, des lames ou des grains; les premières sont ordinairement oxigénées, et les seconds carburés : lors donc qu'un fourneau, comme ceux de Styrie, ne produit que des fontes blanches, à cause du prompt refroidissement qu'elles éprouvent, il faut choisir, dans leur nombre, celles qui présentent des grains, et, parmi les fontes à tissu grenu, on doit préférer celles dont le grain est le plus fin.

Quant à l'action de l'acide, nous avons vu précédemment qu'en en plaçant une goutte sur un morceau de fer, il dissolvait le métal en laissant à nu le carbone combiné; ce qui produit une tache noire où l'acide a agi. Mais cette tache est d'autant plus noire que le métal contient plus de carbone; en faisant blanchir et polir un morceau de fonte, et en passant sur la place polie une goutte d'acide, on peut donc juger de la carburation de la fonte par l'intensité de la tache qu'elle laisse.

Concluons, de tout ce que nous venons de dire, que, malgré les assertions de quelques métallurgistes respectables, il faut choisir, pour la fabrication de l'acier, des fontes noires ou grises de bonne qualité, et lorsque, par le prompt refroidissement que l'on fait subir aux fontes, elles perdent leur couleur noire, et deviennent blanches, il faut choisir celles dont le tissu présente un grain fin, ou dont une goutte d'acide, mise sur une place blanche, laisse une tache bien noire.

DES INSTRUMENTS EMPLOYÉS A LA FABRICATION DE L'ACIER de forge.

1073. Il existe peu de différence entre les instruments employés à la fabrication de l'acier de forge, et ceux qui servent à la fabrication du fer. On fait usage de part et d'autre des fourneaux d'affineries que nous avons désignés sous le nom de chaufferies, dans lesquels on donne de l'activité au combustible par des trompes, des soufflets de cuir, de bois, ou des cylindres; le charbon est apporté dans des vans, il est arrangé avec des pelles, et le travail du creuset s'exécute avec des ringards. Les creusets peuvent avoir, comme ceux des forges, différentes dimensions. A Rive, le vide du foyer des aciéries est plus grand que

celui

des forges ordinaires, il a 3 pieds en carré, et 4 pieds et demi de profondeur (1); à Ehdemohre, en Dalecarlie, le foyer est plus petit que celui des forges; il a 16 pouces de longueur sur 14 de largeur, et 6 de profondeur, depuis la lèvre inférieure de la tuyère jusqu'au fond du foyer (2); les creusets en Styrie sont pyramidaux, celui de Saint-Gallen a 24 pouces carrés dans le haut, 21 dans le fond, et 16 de profondeur (3); ceux de Styrie ont 2 pouces de côté de plus, ils ont également 2 pouces de plus en profondeur. Il est difficile de déterminer les proportions doivent avoir les creusets; elles dépendent, et de la qualité de la fonte qu'on veut raffiner, et du mode de travail qu'on adopte.

que

Tous ces foyers sont couverts d'une grande cheminée à laquelle il est bon de donner de grandes dimensions, afin que les ouvriers puissent entrer dedans, pour y manoeuvrer, lorsque les circonstances l'exigent.

DES PROCÉDÉS EMPLOYÉS POUR FABRIQUER L'ACIER.

1074. Nous l'avons déja dit, et nous le répétons encore, le procédé qu'on suit pour obtenir de l'acier de forge, diffère peu de celui qu'on applique à la fabrication du fer.

La petite variation qu'on observe dans les deux opérations, est occasionnée par le charbon que l'on se propose de brûler en affinant la fonte pour en obtenir du fer, et que l'on se propose de conserver, au contraire, lorsqu'on veut avoir de l'acier. On arrive à ce résultat en suivant trois méthodes différentes, qui dépendent de l'état dans lequel se trouve la fonte: 1° lorsqu'elle contient exactement la quantité de carbone qui lui est nécessaire; 2o lorsqu'elle n'en contient pas assez ; 3o lorsqu'elle en retient trop chacune de ces trois méthodes peut éprouver des modifications qui dépendent des habitudes du pays où elles se pratiquent.

(1) Journal des Mines, tome 1, no 4, page 12.

re

(2) Swedemborg, Art de forger le fer, 1 classe, §. 24, page 116. (3) Jars et Duhamel, Voyage métallurgique, tome 1, page 59.

1075. Quelle que soit la proportion de carbone combinée dans les fontes, cette quantité peut toujours être divisée en trois parties; la première est brûlée par le vent des soufflets qui se porte sur le métal, lorsqu'on le liquéfie; la seconde se combine pendant l'opération avec l'oxigène resté dans la fonte; la troisième reste dans le fer, pour le constituer acier. Ainsi, la distinction qu'on vient de faire des trois qualités de fonte ne porte que sur cette dernière partie. Nous les regardons toutes, comme contenant la quantité de carbone qui leur est propre, lorsque cette troisième partie suffit pour les constituer dans l'état d'acier, au degré qu'on desire; comme contenant du carbone par défaut, lorsque cette quantité n'est pas assez considérable; comme contenant du carbone en excès, lorsqu'elle est plus grande que celle qui doit

rester.

Il est bon, avant de liquéfier la fonte, qu'elle soit réduite en feuille, en lame, en gâteaux, ou en fragments, afin de faciliter sa fusion. En Carinthie, on la retire en feuille, dans quelques fourneaux, tels sont ceux de Hüttenberg et de Treybach. Quelquefois on la fond dans les affineries, pour lever en plaques minces des couches de métal durcies. Dans quelques usines de Styrie, on coule la fonte en lame, lorsqu'elle sort des hauts fourneaux; dans le département de la Nièvre, on coule d'abord la fonte en gueuse, puis on la fond dans des affineries, pour la couler en plaques minces, ce qu'on appelle mazer; à la Hutte, dans les Vosges, et dans plusieurs affineries du Tyrol, on réduit la fonte en gâteaux, en refondant la gueuse dans des affineries, en la laissant un peu refroidir dans le creuset, jetant ensuite de l'eau sur le bain liquide, pour en séparer les scories et les gâteaux successifs; enfin, à Forsmark, en Suède, à Ehdemohre, en Dalecarlie, on brise la masse en fragments: pour cela, on chauffe la fonte au rouge - cerise, on la porte sous le marteau pour la briser. A Rive, on traite la gueuse telle qu'elle est apportée des fourneaux des départements de l'Isère et du Mont-Blanc, c'est-à-dire, en masses rectangulaires pesant à-peu-près un quintal.

1076. Quelles que soient les dimensions du creuset et les matières dont les parois sont construites, on est dans l'usage de les brasquer

« AnteriorContinuar »