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sages d'Isaïe, d'Ezechiel, d'après le Dictionnaire Chaldéen de Buxtorf, et d'après Homère, que les Chaldéens, les Hébreux, et les Grecs, connaissaient cet état particulier du fer.

il

1014. Ce qui n'est pas aussi positif pour nous, c'est la connaissance des procédés employés par les Anciens pour obtenir ce métal. Aristote, dans deux endroits de son immortel ouvrage (1), décrit le travail de l'acier comme une purification du fer que l'on refond à plusieurs fois pour le débarrasser des scories et de toutes les impuretés qu'il contient. Le peu de détail que nous en donne Pline est extrêmement obscur (2); ya, dit ce savant naturaliste, une grande différence dans les fourneaux : « Dans les uns on fait recuire le lopin de fer pour endurcir « l'acier, on se sert des autres pour la fabrication des enclumes seule<«<ment, et les masses des marteaux; mais la plus grande différence dans « le fer consiste dans l'eau dans laquelle on le trempe ». Diodore (3), Plutarque (4), Suidas (5), prétendent que, pour obtenir de l'acier, le fer était enfoui dans la terre, qu'on l'y laissait jusqu'à ce qu'une partie fût recouverte de rouille ; que l'oxide étant détaché, on forgeait le noyau non oxidé pour en faire des armes avec lesquelles on pouvait fendre des boucliers, des casques, etc.

des os,

«

1015. Swedemborg (6) parle de ce procedé comme s'il existait encore aujourd'hui : « Quelques voyageurs (dit le savant Suédois) rapportent << que les Japonais ayant mis le fer en barres, ils le plongent dans des « lieux marécageux, et l'y laissent jusqu'à ce que la plus grande partie << soit rongée par la rouille; ils le retirent alors et le battent de nou« veau, puis ils le remettent dans les marais pendant huit à dix ans,

(1) Aristotelis opera-meteorologica, lib. 4, cap. 6, Mirob. Aus. pag. 1153.

(2) Pline Second, livre 34, chapitre 14.

(3) Diodore, L. C., v. 33, pag. 356, ad Wesel.

(4) Plutarque, de Garrulitat., édit. de Francf. 1620, tom. 2, pag.

510.

(5) Suidas, au mot μxxana, page 510.

(6) Traité du fer, 1re classe, §. 23.

jusqu'à ce que l'eau en ait dissous tous les sels; la partie du fer qui <<< reste ressemble, dit-on, à de l'acier, et ils en font des socs de char« rue, ainsi que tous leurs autres instruments et ustensiles. >>

Thunberg prétend que les Japonais possèdent peu de fer dans leurs îles, mais que les lames de sabre qui en proviennent sont excellentes ; que l'on peut couper un clou avec une grande facilité sans endommager le tranchant. Ces sabres sont payés, au Japon, à raison de 50 à 60 et même 100 écus la pièce.

1016. Becher regarde la conversion du fer en acier comme étant absolument l'ouvrage du feu (1); car tout consiste, dit ce savant, à exposer le fer à une chaleur violente, jusqu'à ce que les parties extérieures commencent à couler; alors, si on le forge et si on le trempe, il a toutes les propriétés de l'acier. Il observe qu'on obtient le même résultat en enfermant le fer dans un creuset vide, et en lui faisant subir la même chaleur pendant quarante-huit heures, sans que le fer entre en fusion, ce qui empêcherait l'opération de réussir; mais pour cela il que le creuset soit parfaitement clos, s'il était découvert tout le

faut

fer serait calciné.

1017. Vanaccio nous a fait connaître une manière particulière de convertir le fer en acier (2): « On tient en fusion, dit ce savant, << une certaine quantité de fonte; dans cette fonte en bain on plonge « du fer forgé, on l'y laisse tremper quelque temps; quand on le retire « on le trouve acier. >>

Réaumur a répété l'expérience de Vanaccio (3) avec beaucoup de succès; Rinmann (4) a de même plongé un morceau de fer doux dans du fer en fusion, il s'y est fondu en quelques minutes, la fonte commença bientôt à prendre quelque consistance, le bout du barreau de

(1) Physique souterraine, livre 1o, section 5, chapitre 3.

(2) Dans sa Pyrotechnie, livre 2, chapitre 7.

e

(3) Art de convertir le fer forgé en acier, 9o mémoire.

(4) Forsæk till jaernets Historia, etc., of Swan Rinmann, §. 61, no 1.

fer doux qui avait été fondu, formait une espèce de cordon qui se trouvait être du bon acier.

1018. Agricola a décrit avec une telle obscurité les procédés qu'on suivait de son temps, que l'on est indécis à laquelle des deux méthodes on doit les rapporter, ou de celle de Vanaccio, qui n'est plus en usage, ou de celle que l'on emploie de nos jours en Allemagne et en France pour obtenir de l'acier avec de la fonte de fer: voici en quoi consiste ce procédé (1) d'après Agricola.

« On choisit (2) de la fonte dure que l'on puisse facilement travailler, « car quoique le fer coule fluide de sa mine comme tous les autres « métaux, il peut être cependant plus ou moins doux, plus ou moins « fragile.

<< On fait rougir cette fonte et on la coupe en petits morceaux, on la « mélange avec des pierres fusibles; on pratique ensuite dans le foyer « de forge, avec de la brasque humide, un creuset large d'un pied et « demi et d'un pied de hauteur. Les soufflets sont tellement placés que « le vent jaillit vers le milieu du creuset, que l'on remplit alors du « meilleur charbon que l'on puisse avoir, et on l'environne de quar« tiers de pierres qui empêchent le charbon et les particules de fer de << se disperser.

« Aussitôt que les charbons se sont embrâsés, et que le creuset est « rouge de feu, on fait aller les soufflets, et le maître fondeur verse « sur le foyer le mélange de fonte et de pierres fusibles.

<«< On place, au milieu de ce mélange fondu, quatre masses de fer << pesant 30 livres chacune, le tout est ainsi exposé pendant cinq à six « heures à un feu violent. L'ouvrier, armé d'un ringard, agite très<< souvent le bain de fer fondu, afin que les masses s'imbibent dans << tous leurs pores de ce liquide ferreux, lequel, se combinant avec << les battitures ou les scories mélangées, les dilate, les amolit et

(1) Agricola, de Re Metallica, liber IX.

(2) Eligatur ferrum quod ad liquescendum est aptum.

« leur servant pour ainsi dire de levain, les enfle et les fait gonfler. << Alors le maître fondeur, armé de tenailles, retire avec son aide une <«< masse du fourneau et la transporte sous l'enclume pour la soumettre « aux percussions du marteau élevé et abaissé alternativement par la << camme de l'arbre que l'eau fait tourner, puis il la jette encore chaude « dans un bain d'eau froide.

<< Lorsqu'elles ont été ainsi refroidies, on les pose de nouveau sur « l'enclume et on les casse sous le marteau; alors le maître fondeur « examine la cassure fraîche des fragments, et voit s'il y paraît encore << des fibres ou si le tout est converti en acier; il enlève ensuite et suc« cessivement, du fourneau, d'autres masses qu'il divise de même, en « même temps qu'il réchauffe le mélange.

« On ajoute de nouvelle fonte au bain, on remplace celle qui s'est << imbibée dans les masses pour lui rendre, en quelque sorte, sa pre« mière vertu; on y met de nouvelles masses de fer pour s'y purifier << comme les premières.

« Le maître fondeur épure les petites parties provenant des divisions « des masses en les reportant au fourneau; à mesure que chacune «< s'échauffe, il les enlève avec une tenaille, les porte sous le marteau et « les forge en baguettes, puis il les plonge encore rouges dans un cou« rant d'eau froide qui coule près du marteau; il les change ainsi sou<< dainement en acier pur, qui est beaucoup plus dur et plus blanc que « le fer. »

Cette division de l'opération en deux parties: 1o d'un bain de fonte; 2o des morceaux de fer plongés dans le bain, que l'on retire ensuite pour les forger, pourrait faire croire que ces masses y sont cémentées comme dans la méthode de Vanaccio, et ce qui déterminerait encore plus à adopter cette opinion, c'est la distinction des deux fers, l'un fusible qui est cassé en fragments pour former le bain de fonte, l'autre en masse, en gros morceaux, et dont on ne désigne pas la fusibilité. Il paraît même que les anciens métallurgistes ont adopté cette opinion. Mais la durée de cinq à six heures pendant lesquelles les morceaux de fer sont agités dans le bain, doit laisser croire qu'ils s'y fondent, et

que les masses qu'on en retire proviennent des parties qui ont été affinées et solidifiées; car toutes les expériences faites jusqu'à présent prouvent que le fer se fond très-promptement dans la fonte liquide.

1019. Quoi qu'il en soit, des deux opinions résultant de la description de la fabrication de l'acier publiée par Agricola, on peut diviser en cinq espèces les procédés de fabrication sur lesquels les Anciens nous ont laissé quelques détails : 1o celui d'Aristote, qui considère la fabrication de l'acier comme une purification du fer par le feu; 2o celui de Diodore, qui rapporte la formation de l'acier à une purification du fer par l'eau qui rouille, qui oxide et dissout toutes les impuretés du métal; 3o celui de Becher, qui rapporte la formation de l'acier à une suite d'échauffement dans un foyer et d'extinction dans l'eau; 4o à une cémentation du fer dans la fonte liquide; 5o à une fusion et à un affinage analogue aux procédés que l'on pratique encore aujourd'hui dans un grand nombre d'usines.

Pendant long-temps l'opinion d'Aristote a été généralement adoptée par les métallurgistes : tous regardaient l'acier comme un fer plus pur, et les procédés employés comme des moyens de purifier le fer par l'action du feu. Cette opinion a été complétement détruite dans le beau mémoire des trois académiciens français, Monge, Vandermonde, et Berthollet. L'analyse et la synthèse prouvent très-évidemment aujourd'hui que l'acier est, non pas du fer pur, mais bien un fer combiné

avec du charbon.

Malgré les détails rapportés par un voyageur sur la fabrication de l'acier dans le Japon, détails recueillis et décrits par Swedemborg, il est difficile de croire que ce procédé puisse avoir quelques succès. Les tentatives faites jusqu'à présent, et les données exactes que nous avons maintenant sur la nature de l'acier et sur l'opération de la rouille du fer, prouvent rigoureusement l'impossibilité d'obtenir de l'acier par ce procédé. Le fer chauffé, forgé, trempé un grand nombre de fois, comme Becher prétend qu'il faut le traiter, et comme Swedemborg suppose qu'on le pratique dans les îles Célèbes pour obtenir l'acier, conserve cependant sa qualité de fer doux, il ne paraît éprouver aucune altéra

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