Imágenes de páginas
PDF
EPUB

charbon, plaçait dessus des fragments de bodens qui se liquéfiaient; la fonte se réunissait et s'affinait sous les scories; l'ouvrier tâtait, avec un ringard, l'état de la fonte et des scories. Lorsque cette dernière était trop épaisse, il y ajoutait du quartz; si, au contraire, c'était la fonte, il y ajoutait des blettes; dès que la fonte était affinée, il la retirait pour la porter sous le marteau et la cingler.

1090. Les sept méthodes, que nous venons de faire connaître, ne sont pas les seules dont on fasse usage; mais ce sont celles qui sont le mieux appropriées aux trois divisions du traitement des fontes. Celles que l'on suit à Rive, dans le département de l'Isère, et dans plusieurs autres aciéries de l'Europe, ne sont que des combinaisons de ces trois méthodes, qu'on modifie relativement à l'état de la fonte qu'on affine. Quelques procédés employés en Styrie, en Carinthie, et dans quelques autres pays, paraissent défectueux; peut-être parce qu'ils le sont en effet, ou parce qu'ils ont été mal observés ou mal décrits; nous allons les faire connaître ; nous commencerons par ceux qui sont des combinaisons avantageuses des trois méthodes que nous avons décrites, et nous verrons ensuite ceux qu'on peut regarder comme défectueux.

Des Procédés d'affinage qui réunissent les trois méthodes.

l'on com

1091. Le vide des foyers des aciéries de Rive a 3 pieds de côté et 4 et demi de profondeur (1): on l'emplit de frésil humide, que prime fortement; on pratique, dans cette brasque, un creuset de 14 à 15 pouces de côté sur 18 de profondeur. La tuyère se place à-peu-près horizontalement; les soufflets ne donnent que de la moitié aux deux tiers à-peu-près du vent qu'ils produisent pour la fabrication du fer.

Après avoir rempli le creuset de charbon, on fait mouvoir les machines soufflantes; on chauffe et l'on forge les masseaux d'un travail précédent; puis on nétoie le creuset, on y remet du charbon, et l'on

(1) Journal des Mines, tome 1; no 4, page 12.

fond 12 à 13 quintaux de gueuse, en approchant, les uns auprès des autres, les morceaux qui forment cette masse; la fonte reste, pendant huit à neuf heures, en bain tranquille, sous une couche de scories de 5 à 6 pouces d'épaisseur; pendant ce temps, on remet au feu les barres d'acier, et on les coupe.

Aussitôt l'affineur s'aperçoit que que les laitiers s'épaississent, il leur ajoute du quartz, pour leur donner leur première fluidité; si la fonte se solidifie trop vîte, il augmente le vent, conséquemment la température; si, au contraire, elle reste trop liquide, il diminue la quantité d'air qui détermine la combustion.

Quand la fonte est devenue pâteuse, l'affineur en soulève un morceau qu'il présente au vent de la tuyère en le maintenant au milieu des laitiers; puis il le porte sous les marteaux pour le cingler; il continue à lever des masseaux et à les forger, jusqu'à ce que toute la fonte soit cinglée.

d'un

On voit que, dans ce travail, on charbonise le fer par le moyen long séjour sur la brasque; on évite, pendant cette carburation, que le vent n'exerce son action sur la fonte; on la préserve par une couche épaisse de scories; on emploie du quartz pour donner plus de liquidité aux verres terreux, ou, plus exactement, pour dissoudre de l'oxidule de fer, et l'on expose la fonte à l'action du vent, sur la fin de l'opération, pour brûler le carbone en excès qu'elle pourrait contenir.

Peut-être serait-il plus avantageux, lorsque la loupe se solidifie trop promptement, d'y ajouter du laitier riche ou des battitures. Ces deux substances doivent être recueillies avec soin, pour être employées au besoin. Nous n'avons pas remarqué que, dans la description que donnée du travail de l'acier, on ait indiqué l'usage que l'on fait de ces deux substances.

l'on a.

Des Procédés défectueux.

1092. Nous avons déja fait connaître les dimensions des fourneaux de Styrie; nous ajouterons ici, d'après le maître de forges Rambourg (1), qui fut envoyé en Styrie par le gouvernement français, pour y étudier la fabrication de l'acier, que la tuyère a une inclinaison de 10 à 11 degrés, et qu'elle décline, vers le devant du fourneau, de 16 à 17 degrés.

Pour brasquer le creuset, on met dans le fond de très-petits charbons, qu'on arrose avec beaucoup d'eau; on y jette des scories concassées (venant des opérations précédentes), avec du poussier de charbon humide, dont on garnit le devant du fourneau; on en fait un tas qui a plus d'un pied de hauteur. On remplit ensuite le fourneau de gros charbon, sur lequel on jette de l'eau qui contient de l'argile délayée; on fait aller les soufflets, on place le trousseau de plaques sur le charbon, et l'on jette dessus des battitures et des scories concassées. Pendant le cours de l'opération, l'affineur entretient la forge pleine de charbon, il arrose d'eau le frésil qui couvre le devant de la forge, et fait écouler les verres terreux trop abondants. Les premières scories sont écoulées vingt minutes après avoir porté la fonte sur le feu; cette opération est répétée cinq à six fois pendant la durée de la fusion. Lorsque les plaques sont fondues, on enlève le frésil qui garnit le devant de la forge, on recouvre le creuset de gros charbons allumés, que l'on réunit particulièrement dans l'endroit où s'exerce le mieux l'action du vent. La masse de fonte liquide remplit toute la capacité du creuset; elle est bouillonnante; les scories s'élèvent constamment à la surface. La fonte reste une grande heure, parmi les charbons, dans le creuset, c'est-à-dire, le temps nécessaire pour refroidir; alors on la retire pour la porter au martinet.

La défectuosité de ce procédé consiste en ce qu'on emploie concurremment, depuis le commencement de l'opération, deux substances qui

(1) Journal des Mines, tome 15, page 381.

détruisent mutuellement leur effet en se combinant ensemble, l'argile qui forme un verre terreux, et l'oxidule de fer sous la forme de battitures, ou de scories riches, qui sont aussitôt dissous par le verre terreux. Nous ignorons dans laquelle des aciéries de Styrie ce procédé est employé; mais il paraît que les métallurgistes Dangenoux et Wendel, ainsi que les auteurs du célèbre Voyage métallurgique, qui ont visité les aciéries de la Styrie avant nous, n'avaient observé, dans aucune, l'usage de l'argile concurremment avec l'oxidule de fer: nous pouvons assurer que nous ne l'avons pas plus remarqué dans la visite que nous fimes, en 1782, dans ces mêmes usines; cependant, dans la partie chimique de l'Encyclopédie par ordre de matière, l'ancien inspecteur des mines, Duhamel, qui a constamment accompagné Jars dans ses voyages, dit positivement: « qu'on jette de temps en temps, sur le charbon, un << peu des battitures qui se trouvent au pied de l'enclume, et on les « arrose souvent avec de l'eau dans laquelle on a délayé de l'argile, qui << fournit aussi du laitier en se vitrifiant. >>

1093. MM. Dangenoux et Wendel décrivent une méthode d'affiner l'acier, pratiquée en Carinthie, qui diffère un peu de celle que nous avons observée (1).

Après avoir brasqué le creuset et avoir allumé les charbons, on avance la floss pour la fondre, en même temps que l'on chauffe et forge les deux loupes obtenues d'un précédent travail, puis on découvre le creuset, on lève en feuilles le laitier qui surnage, on agite, avec une perche de bois, la matière liquide, dans laquelle on mêle du laitier riche.

Lorsque tout le mélange est figé, on recouvre le creuset de charbon, et l'on chauffe les masseaux pour les étirer en barres. Pendant qu'on les forge, on jette dans le creuset une quantité de férailles et de petits barreaux d'acier provenant d'un travail précédent, qu'on n'a pas jugé assez affiné; on y met aussi des scories riches pulvérisées, et quelquefois

(1) Jars et Duhamel, Voyage métallurgique, tome 1, page 62.

on y mêle du quartz, sur-tout quand on s'aperçoit que les scories ne sont pas fluides, qu'elles sont rouges et pâteuses.

Dès que toute la matière est remise en fusion, on découvre encore le creuset, et l'on répète l'opération qu'on a déja décrite; on recouvre le creuset de charbon, et, pendant que l'on continue de forger, on avance au contrevent un morceau de floss en gâteau mince, il fond, et va se mêler avec la matière qui est dans le creuset.

On y fait aussi fondre deux ou trois morceaux de floss en feuilles; on y ajoute des scories broyées et du quartz concassé, on fait couler les scories superflues. Enfin, quand on juge que la matière est assez affinée, on découvre le creuset; on enlève les scories par feuille, et on laisse figer et refroidir la loupe, qui pèse 140 à 160 livres.

Ce que ce procédé a de défectueux, c'est que, dans le mélange de l'oxidule de fer et du quartz, il y a deux actions opposées qui se détruisent mutuellement; et que ce mélange est fait à des époques déterminées, sans en faire connaître l'utilité.

1094. Il est facile de conclure de tout ce que nous venons de dire dans ce paragraphe, ainsi que de la description des principaux procédés que l'on suit dans les aciéries les plus renommées, qu'il est impossible de décrire d'avance une méthode générale qui puisse être employée dans toutes les usines, puisqu'elle doit varier selon la nature des fontes dont on fait usage. Lorsque le régule de fer contient la proportion de carbone qui lui est nécessaire pour produire de l'acier, il faut le fondre et le laisser s'affiner tranquillement par le repos de masse, en le maintenant constamment couvert de scories; lorsqu'il ne contient pas assez de carbone, il faut lui en ajouter: 1o par l'addition de fonte trop carburée; 2o en le maintenant long-temps liquide sur une couche de poussière de charbon; 3o en enlevant, par des verres terreux, verres terreux, l'oxidule de fer qui détruit une partie du carbone que la fonte retient. Enfin, lorsla fonte est trop carburée, il faut brûler le charbon surabondant, soit par des mélanges d'oxidule de fer ou de férailles, soit en avalant la fonte devant la tuyère; mais il faut que chacun de ces moyens de donner du carbone, de conserver le carbone existant, ou d'enlever le carbone

que

« AnteriorContinuar »