Imágenes de páginas
PDF
EPUB

surabondant, soit pratiqué avec précaution, sans quoi le procédé devient défectueux.

1095. En cinglant la loupe d'acier, en forgeant les lopins et les masseaux qu'elle produit, il se forme de l'oxidule, à la surface du fer, qui tombe autour de l'enclume; cet oxidule doit être mis à part pour être employé à propos. Quiconque voudrait mêler de l'oxidule avec toutes les fontes, dans l'espérance d'augmenter son produit, se tromperait beaucoup; autant les battitutes, les scories sont utiles pour traiter des fontes trop carburées, autant elles sont nuisibles pour traiter des fontes qui contiennent leur proportion exacte de carbone; elles seraient bien plus nuisibles encore, si on les mettait avec des fontes qui contiennent du carbone par défaut.

Si l'espèce de fonte que l'on traite n'exige pas l'emploi de l'oxidule, on peut faire un heureux usage de celui-ci, en affinant la même fonte pour en obtenir du fer; on brûle, par son action, le carbone en excès dans le fer, et l'on augmente la loupe de tout le métal que l'oxidule y porte.

1096. La loupe qui provient de l'affinage de la fonte carbonée pour en obtenir de l'acier, n'est jamais également aciérée dans toute sa masse; elle contient toujours des aciers de différentes natures; les uns durs et les autres mous; et l'on ne peut les séparer qu'après les avoir forgés en barres. La cause de cette inégalité provient du travail et de la difficulté de réduire et d'affiner également toutes les parties de la même masse. La loupe a, au fond du creuset, la forme d'un segment de sphéroïde, toute la partie inférieure, qui est en contact avec de la poussière de charbon, se cémente, tandis que la partie supérieure, en contact avec les scories, se laisse enlever le peu d'oxidule qu'elle contient; si ces deux actions étaient les seules agissantes, le centre des loupes contiendrait de l'acier et leur surface de l'acier dur : mais l'ordre de solidification des différentes fontes tend à changer cet arrangement. La fonte oxidée se liquéfiant plus facilement que la fonte carbonée, il arrive nécessairement que cette dernière se fige d'abord au centre de la masse, et qu'elle s'y accumule, pendant que l'autre, encore fluide, l'enveloppe de toute part,

mou,

et se fige lorsqu'on diminue la température : dans cette seconde circonstance le centre doit être plus aciéré que les bords; or, selon les modifications que chacune de ces causes auront apportées à la distribution de l'acier dur ou de l'acier mou dans la loupe, ces deux aciers s'y trouveront dans des places différentes.

1097. Si l'on en croit Jars et Duhamel (1), on consume, en Carinthie, soixante paniers de charbon, de chacun 13 pieds cubes, pour obtenir 10 quintaux d'acier avec de la fonte, ce qui fait plus de dix-sept parties de charbon pour une d'acier (2); et d'après MM. Dangenoux et Wendel (3), on consume, pour un millier d'acier, 80 mesures de charbon. La mesure a 2 pieds 8 pouces de diamètre sur 30 de profondeur, ce qui fait environ dix parties de charbon pour une d'acier; 10 quintaux de floss rendent un peu plus de 7 quintaux d'acier. En Styrie (4), 200 livres de fonte rendent 180 livres d'acier.

La consommation de charbon, dans ces deux circonstances, nous paraît beaucoup trop considérable; car, d'après le maître de forge Rambourg (5), on ne consume, en Styrie, que 6 mesures de charbon de 70 livres chacune pour obtenir la même quantité d'acier raffiné; ce qui porte la consommation du charbon, dans le premier cas, à un peu plus de quatre parties pour une d'acier, et dans le second, à un peu plus de cinq et demie. Dans l'aciérie de la Hutte, dans les Vosges, où l'on pratique les procédés employés dans le Tyrol, on consume environ trois parties de charbon pour en obtenir une d'acier brute. Cependant la fonte y subit

er

(1) Voyage métallurgique, tome 1, page 57.

(2) Nous avons vu précédemment (no 458), qu'en partant du contenu de la mesure de charbon, indiquée par Jars et Duhamel, les fluss-offen de Carinthie auraient eu un volume double de celui qu'ils ont. Peut-être en est-il de même du volume du panier de charbon, indiqué dans cet article.

[blocks in formation]

deux opérations: dans la première elle est réduite en gâteau, et dans la seconde en loupe d'acier. On consume à Rive, comme nous l'avons déja dit, de trois à quatre parties de charbon pour en obtenir une d'acier.

En général, la quantité de fonte propre à produire un quintal d'acier, varie entre 110 et 150, et celle du charbon entre 250 et 500; ce résultat est déduit d'un grand nombre d'observations que nous avons crues inutiles de rapprocher ici.

Quatre ouvriers, un maître, deux affineurs et un enfant peuvent affiner et forger de 4 à 8 quintaux d'acier par vingt-quatre heures ; cette quantité dépend de la nature de la fonte, et du procédé qu'on suit.

de l'action DU MANGANESE DANS LA FABRICATION DE L'acier.

1079. Les aciéries de l'Europe, qui jouissent de la plus grande réputation, sont celles de la Styrie, de la Carinthie, de la Carniole et du Tyrol; les plus renommées, après ces premières, sont celles de Rives, dans le département de l'Isère; celles du département de l'Arriège, dans les Pyrénées; du pays de Nassau-Siegen, de Smalkalden dans la Hesse; de Moedgesprung et Gittelde, au Hartz; de Louisenthal, en Saxe, etc.

Comme, dans toutes ces aciéries, on n'emploie, pour la fabrication de l'acier, que de la fonte obtenue des minérais de fer spathique ou des hématites brunes, provenant de la décomposition des premières, et que nous avons désignées sous le nom d'oxide mamelonné brun, le plus grand nombre des métallurgistes du siècle dernier, considérant ces minerais comme les seuls propres à produire de l'acier, leur ont donné le nom de mines d'acier.

Bergmann ayant trouvé, dans ses analyses des fers spathiques, que ce minérai contenait du manganèse, tous les docimasistes qui ont répété les expériences de Bergmann ayant trouvé également du manganèse dans ce minérai, ainsi que dans les oxides mamelonnés - bruns qui en sont formés, et ne trouvant pas de différences sensibles entre ces deux substances et les autres minérais de fer, si ce n'est dans le manganèse qu'ils contiennent, plusieurs métallurgistes se sont empressés d'attribuer

au manganèse la propriété qu'avaient ces deux minérais de produire de l'acier, croyant qu'ils étaient les seuls propres à cet usage.

Dans un mémoire publié par le célèbre verrier Gazeran, à la suite d'une mission qui lui avait été donnée par le comité de salut public, pour visiter quelques forges, cet artiste s'empressa d'annoncer que les mines manganésifères étaient les seules propres à produire de l'acier, et que le manganèse était une partie constituante de cette combinaison métallique; enfin, que l'acier naturel qu'on obtient est toujours un alliage de fer pur et de manganèse combiné avec le carbone (1).

Le savant métallurgiste J. G. Stünkel le jeune, avait avancé, longtemps auparavant (2), non pas que le manganèse fût partie constituante de l'acier, mais que ce métal avait une telle influence sur la fabrication de ce fer dur et élastique, que la fonte des minérais manganésiferes était la plus propre à la fabrication de l'acier.

1099. Nous allons examiner les diverses opinions qui ont été proposées jusqu'à présent sur l'action du manganèse, afin de pouvoir prendre un parti sur cette question importante qui intéresse la fabrication de l'acier, et sur laquelle les plus célèbres métallurgistes ont des opinions différentes.

Nous pouvons pouvons d'abord assurer que le fer spathique, et les oxides mamelonnés qui en proviennent, ne sont pas les seuls minérais de fer avec lesquels on fasse de l'acier. Celui que l'on fabrique en Suède, provient de plusieurs espèces de fonte de fer, obtenues avec des minérais oxidulés. Des neuf départements de l'Empire français, dans lesquels on fabrique de l'acier naturel de forge, trois obtiennent leur fonte des minérais de fer spathiques et des oxides mamelonnés-bruns; ce sont ceux de l'Arriège, de l'Aube, et de l'Isère. Dans un département, celui de la Charente, on retire l'acier d'un mélange d'oxide terreux en grains et en roches; dans la Dordogne, le Doubs, la Nièvre, la Haute-Vienne, et les

(1) Annales de Chimie, tome 36, page 61. (2) Journal de Mines, tome 16, page 173.

71

Vosges, l'acier est fabriqué avec un mélange d'oxide terreux mêlé d'oxide concretionné en grains et en roches. Dans le département de la Nièvre seul, il existe au moins vingt-deux aciéries dans lesquelles on a obtenu jusqu'à 1240 milliers de bon acier, dans une année. Quoique nous ne puissions pas nous procurer, dans le moment, le tableau de toutes les aciéries de l'Europe, nous ne craignons pas d'annoncer qu'il en existe un grand nombre dans lesquelles on obtient de l'acier de forge avec diverses espèces de minérais qui ne contiennent ni fer spathique, ni oxide mamelonné - brun.

Quant à l'assertion du verrier Gazeran, que tous les aciers contiennent du manganèse, et que l'acier naturel est un alliage de fer pur avec du manganèse combiné avec le carbone; nous pourrions rapporter ici les nombreuses analyses des aciers de forge que nous avons faites jusqu'à présent, et dans lesquelles nous n'avons trouvé aucune trace de ce métal; mais nous nous contenterons d'observer que, dans le grand nombre d'acier, de fusion ou de fonte, que le célèbre docimasiste Vauquelin a essayé, aucun ne lui a offert de manganèse (1); que l'ingénieur Berthier, qui vient d'analyser tout récemment les produits des aciéries de Rives (2) où l'on traite des fontes provenant des fers spathiques, assure qu'il ne reste pas plus de manganèse dans l'acier que dans le fer, et que tous les fers de ces pays qu'il a pu se procurer, et dans lesquels il a recherché cette substance, ne lui ont donné qu'une trace inappréciable de ce métal (3).

Il ne nous reste donc maintenant qu'à discuter le mémoire du métallurgiste J. G. Stünckel le jeune, qui paraît avoir entraîné l'opinion d'un grand nombre de chimistes et de métallurgistes instruits, et qui jouissent d'une grande réputation.

1100. M. Stünckel observe, 1o que les chimistes et les forgerons (4)

(1) Journal des Mines, no 25, tome 5, page 17.

(2) Idem, tome 23, page 188.

(3) Idem, page 186.

(4) Idem, tome 16, page 174.

« AnteriorContinuar »