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n'ont pas eu assez d'égard, dans l'affinage du fer, aux causes qui déterminent la couleur des fontes, puisqu'ils ont regardé toutes les fontes grises comme devant être douces, et toutes les fontes blanches comme devant être aigres; qu'on doit cependant sous-diviser les fontes grises en aigres et douces, ainsi que les fontes blanches; qu'on ne peut obtenir des fontes grises qu'avec des fontes qui ne contiennent pas de manganèse; que tous les minérais manganésifères donnent de la fonte qui est d'autant plus blanche qu'elle contient plus de manganèse (1); que, de quelque manière qu'on fonde les minérais manganésifères, ils donnent toujours de la fonte blanche (2); et que si l'on veut obtenir de la fonte grise avec un minérai manganésifère, il faut y ajouter au moins la moitié de son poids de minérai qui ne contienne pas de manganèse (3); que la fonte grise, lorsqu'elle est refroidie trop vîte, ne donne que de la fonte truitée (4); enfin que l'on peut diviser la fonte en trois variétés: 1o fonte grise-aigre; 2o fonte grise-douce; 3o fonte truitée (5): que la première (la fonte grise-aigre) est caverneuse, sa cassure unie, et son tissu serré, à grains fins; qu'elle s'affine promptement et donne le plus souvent un mauvais fer (6); que la fonte grise est douce; qu'elle a sa surface recouverte de carbure de fer; qu'elle est plus de temps à s'affiner, et donne un meilleur fer; mais qu'elle est tout aussi impropre pour les ouvrages de mouleries que la fonte aigre (7); enfin, que la fonte truitée tient le milieu entre ces deux espèces de fontes (8).

2o La fonte blanche peut provenir de différents minérais; mais M. Stünckel ne considère ici que celle qui provient des minérais manganésifères. Elle diffère des autres, en ce que celles-ci sont lamelleuses, et celles-là rayonnées; il observe qu'il est impossible d'obtenir de la fonte blanche rayonnée sans manganèse (9); de là que le manganèse se réduit en même temps que le fer, et qu'il est combiné avec lui dans la

(1) Journal des Mines, tome 16, page 175.

(2) Idem, page 181. — (3) Idem, page 176. (3) Idem, page 176. — (4) Idem, page 182.—(5) Idem, page 182. (6) Idem, page 182. (7) Idem, page 183.(7) Idem, page 183. — (8) Idem, page 184, (9) Idem, page 175.

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fonte (1); qu'on peut obtenir deux sortes de fontes blanches rayonnées : la première douce; la seconde aigre (2); que la première qui est propre à la fabrication de l'acier, on ne peut l'employer au moulage (3), et la seconde propre à la fabrication des filières dont on se sert dans les tréfileries (4); que les fontes de minerais manganésifères ne contiennent que très-rarement du carbure de fer (5); enfin, que la fonte des minérais manganésifères, s'affine si difficilement, que l'on ne peut en obtenir que 30 à 35 quintaux par semaine, tandis que l'on en obtient 50 à 56 des fontes grises (6).

4o Que ce qui distingue les fontes blanches des fontes grises, c'est que l'on peut employer les premières pour faire un bon acier, et que l'expérience a appris que la grise est dénuée de cette propriété (7), que l'on ne peut, en aucune façon, faire avec la fonte grise, de l'acier assez bon pour étre utilisé (8), qu'il ne sache pas qu'il existe encore une seule fabrique d'acier dans des endroits où l'on ne fait pas usage des minérais manganésifères (9).

Ces faits posés, M. Stünckel le jeune cherche à expliquer ce qui se passe dans l'affinage de la fonte blanche manganésée, pour en obtenir de l'acier.

<<< Toute fonte (dit M. Stünckel) (10), peut être convertie en fer mal« léable, mais il n'y a que la blanche qui puisse l'étre en acier; si la « grise ne peut l'être, cela vient vraisemblablement, de ce que son car<< bone se brûle en même temps que les autres substances qu'elle con<< tient; et la cause immédiate qui fait que cela n'a pas lieu dans la « blanche, c'est sans doute le manganèse qu'elle contient. On sait que « ce métal a une grande affinité pour l'oxigène, et peut-être plus grande << dans certaine circonstance que celle que le carbone a pour la même << substance : cette affinité semble être sur-tout plus considérable lors

(1) Journal des Mines, tome 16, page 176.

(2) Idem, page 186. (3) Idem, page 186. — (4) Idem, page 187. — (5) Idem, page 188. (6) Idem, page 188. — (7) Idem, page 190.- (8) Idem, page 184. — (9) Idem, page 185.—(10) Idem, pages 191 et 192.

4.

ΙΟ

« que le carbone est déja lié avec le fer. 'Ainsi, pendant l'affinage de << la fonte blanche, l'oxigène se combine avec le manganèse, et le «< carbone reste au moins en partie dans le fer, le manganèse << oxidé passe dans les scories avec les matières hétérogènes. Dans la « fonte grise, au contraire, 'oxigène du vent se combine avec le car<< bone et l'enlève au fer.

« Si la combinaison entre ces substances se fait de la même manière << que nous venons de le dire, il est possible qu'il reste dans la fonte « blanche une certaine quantité de carbone après que les autres ma<< tières en sont séparées ; et le moment où cette fonte est convertie en acier, est précisément celui où le carbone se trouve réuni en certaine proportion avec le fer. Si on laisse encore la matière au feu, après que <<< cette combinaison est faite, l'oxigène, agissant toujours sur le car« bone, l'enlève, et l'acier devient fer malléable.

«

« Ce que nous venons de dire explique également pourquoi la fonte « des minérais manganésifères s'affine plus difficilement. »

1101. Nous ne répondrons au mémoire de M. Stünckel le jeune que par des faits, et pour y mettre plus d'ordre nous examinerons chaque article séparément.

1o Réaumur s'était occupé depuis long-temps de la distinction des fontes; il avait déja observé que la couleur n'était pas le seul caractère auquel on puisse distinguer leur aigreur ou leur douceur; il a fait voir comment il fallait employer le concours de deux caractères, couleurs et tissus, pour avoir des données exactes sur la nature des fontes (et ici le travail de Réaumur (1) est beaucoup plus complet que celui du métallurgiste allemand). Nous invitons les savants de tous les pays, qui s'occupent de ce travail, à lire avec beaucoup de soin cet excellent ouvrage du métallurgiste français.

2o Nous avons déja prouvé (no 76) qu'on pouvait obtenir de la fonte grise et noire dans un grand nombre d'usines, où l'on ne traite

(1) De l'Art d'adoucir le fer fondu, 1er mémoire.

que des minérais de fer spathique, mélangé ou non d'oxide brun mamelonné; conséquemment qu'il n'est pas nécessaire de mêler, avec des minérais manganésifères, des minérais qui ne sont pas propres à obtenir de la fonte grise, puisque les premiers peuvent en produire seuls. C'est donc à tort que M. Stünckel avance que les fontes grises et douces ne sont pas propres à la moulerie. Le célèbre Réaumur avait déja annoncé, au contraire, que c'était les seules qu'on dût employer, parce que ce sont les seules que l'on puisse réparer après avoir été coulées et refroidies lentement. Les autres exigent, pour être réparées, une opération qui les adoucissent. Enfin, l'avantage des fontes douce et grise est prouvé par l'usage qu'on en fait dans toutes les fonderies où l'on coule différents objets.

L'opinion du métallurgiste allemand, que les fontes sont d'autant plus blanches qu'elles contiennent plus de manganèse, paraîtrait être confirmée par une expérience de laboratoire, faite par un chimiste français, pour expliquer un fait métallurgique qui tient à une autre cause, et dont il aurait eu une toute autre opinion s'il avait voulu se donner la peine d'observer la marche du haut fourneau que ce fait concerne. « Je me suis assuré, dit ce chimiste (1), par quelques expériences, qu'une proportion forte de ce métal (le manganèse) dans un « minérai de fer, rend toujours blanche la fonte qui en résulte, quoiqu'on expose long-temps cette fonte à un degré de feu violent au « milieu d'une brasque de charbon. Le fer seul, au contraire, donne « bientôt une fonte très-brune. » Ce qui se passe dans un haut fourneau est différent des expériences de creusets qui sont rapportées ici. Il faut, pour fondre un minérai avec avantage, que les terres mélangées produisent un volume de laitier qui soit quatre à cinq fois aussi considérable que celui de la fonte, tandis que, pour essayer un minérai dans un creuset brasqué, il est indifférent qu'il soit ou ne soit pas accompagné de laitier; et lorsqu'il est mélangé de terres, elles nuisent

«

(1) Journal de Physique, tome 21, page 282.

quelquefois à sa séparation. Or, nous nous sommes assurés, par un grand nombre d'expériences de laboratoire (no 414 et suivants), et par l'analyse des scories des minerais manganésifères, que les verres terreux enlevaient le manganèse au fer, et qu'il en enlevait d'autant plus que les scories étaient plus abondantes. Delà résulte qu'un même minérai manganésifère, essayé dans un creuset avec peu ou point de terre mélangée, doit produire une fonte qui contienne plus de manganèse que celle qui provient d'un même minérai, traité au haut fourneau. Les diverses analyses que nous avons faites, et que nous avons pu recueillir sur des fontes obtenues des hauts fourneaux en traitant des minérais manganésifères, ne nous ont jamais donné plus de 0, 02, de manganèse, qu'elle qu'ait été la couleur de la fonte. Et ce qu'il y a de particulier, c'est que dans deux fontes provenant des minérais de fer spathique, analysés par l'ingénieur Berthier (1): l'une blanche, de Sainte-Hélène, retenait o, ot de carbone; l'autre grise d'Allevard, retenait 0,03 de carbone; la première contenait moins de manganèse que la seconde, puisqu'il n'y a trouvé que 0,015 de ce métal, tandis que la grise en retenait 0,018. Ainsi il paraît bien prouvé par ces faits que ce n'est pas au manganèse que les fontes doivent leur couleur blanche ou grise, mais bien à la proportion de carbone qu'elles retiennent comme l'avaient annoncé les trois académiciens français, Monge, Vandermonde et Berthollet, dans le beau mémoire qu'ils publièrent en 1786, et qu'ils firent imprimer dans la collection de ceux de l'Académie royale des sciences.

3o On peut obtenir de la fonte blanche avec toute espèce de minérais, lorsque la proportion du carbone est très-petite ou lorsque la fonte a été refroidie très-promptement. Nous ne reviendrons pas sur ces faits, qui ont déja été prouvés (no 76), mais nous ferons remarquer qu'on obtient aussi des fontes blanches rayonnées avec des oxides de fer terreux, lorsque les fontes retiennent du carbone et qu'elles ont

(1) Journal des Mines, tome 23, page 182.

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