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été refroidies promptement; qu'ainsi, le manganèse n'est pas nécessaire pour déterminer cette texture particulière de fonte, et que, de même, on obtient, des minérais de fer spathique, des fontes blanches à trèsgrandes lames, comme nous en avons souvent observé au fourneau de Saint-Léonard, en Carinthie, avec l'inspecteur-général des mines, Lefebvre d'Hellancourt, et cela quand la fonte était très-oxigénée.

L'assertion que les minérais manganésifères ne contiennent que trèsrarement des fontes qui retiennent du carbure de fer, ne peut être soutenue qu'autant que l'on entend par carbure de fer, non pas la combinaison de carbone restée dans la fonte, mais celle qui, s'élevant par le refroidissement, monte à la surface et la recouvre; car, d'après l'explication que M. Stünckel donne de ce qui se passe dans le traitement de la fonte blanche, pour en faire de l'acier, ce n'est que parce que le manganèse a une plus grande affinité pour l'oxigène que celle que le carbone a pour la même substance, que l'oxigène se combine avec le manganèse, et le carbone reste au moins en partie dans le fer. Or, pour que ce résultat ait lieu, il faut que la fonte blanche contienne au moins le carbone qui reste. Mais en supposant même que ce ne soit que le carbone qui reste sur la fonte, dont le métallurgiste ait voulu parler, nous pouvons assurer que toutes les fontes très-grises provenant du fer spathique, en sont recouvertes comme les autres.

Quant à l'assertion que les fontes provenant des minérais manganésifères s'affinent plus difficilement que les autres, elle a besoin d'être examinée. Nous observerons que la comparaison du temps employé, n'est pas toujours la meilleure preuve que l'on puisse en donner, car la durée de l'affinage dépend du mode que l'on suit. L'affinage à la française, qui s'exécute en avalant la fonte, est bien plus expéditif que l'affinage à l'allemande, dans lequel on liquéfie la fonte trois fois différentes; et déja Swedemborg (1) avait appris que, par la méthode fran

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et se fige lorsqu'on diminue la température: dans cette seconde circonstance le centre doit être plus aciéré que les bords; or, selon les modifications que chacune de ces causes auront apportées à la distribution de l'acier dur ou de l'acier mou dans la loupe, ces deux aciers s'y trouveront dans des places différentes.

1097. Si l'on en croit Jars et Duhamel (1), on consume, en Carinthie, soixante paniers de charbon, de chacun 13 pieds cubes, pour obtenir 10 quintaux d'acier avec de la fonte, ce qui fait plus de dix-sept parties de charbon pour une d'acier (2); et d'après MM. Dangenoux et Wendel (3), on consume, pour un millier d'acier, 80 mesures de charbon. La mesure a 2 pieds 8 pouces de diamètre sur 30 de profondeur, ce qui fait environ dix parties de charbon pour une d'acier; 10 quintaux de floss rendent un peu plus de 7 quintaux d'acier. En Styrie (4), 200 livres de fonte rendent 180 livres d'acier.

La consommation de charbon, dans ces deux circonstances, nous paraît beaucoup trop considérable; car, d'après le maître de forge Rambourg(5), on ne consume, en Styrie, que 6 mesures de charbon de 70 livres chacune pour obtenir la même quantité d'acier raffiné; ce qui porte la consommation du charbon, dans le premier cas, à un peu plus de quatre parties pour une d'acier, et dans le second, à un peu plus de cinq et demie. Dans l'aciérie de la Hutte, dans les Vosges, où l'on pratique les procédés employés dans le Tyrol, on consume environ trois parties de charbon pour en obtenir une d'acier brute. Cependant la fonte y subit

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(1) Voyage métallurgique, tome 1, page 57.

(2) Nous avons vu précédemment (no 458), qu'en partant du contenu de la mesure de charbon, indiquée par Jars et Duhamel, les fluss-offen de Carinthie auraient eu un volume double de celui qu'ils ont. Peut-être en est-il de même du volume du panier de charbon, indiqué dans cet article.

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deux opérations: dans la première elle est réduite en gâteau, et dans la seconde en loupe d'acier. On consume à Rive, comme nous l'avons déja dit, de trois à quatre parties de charbon pour en obtenir une d'acier.

En général, la quantité de fonte propre à produire un quintal d'acier, varie entre 110 et 150, et celle du charbon entre 250 et 500; ce résultat est déduit d'un grand nombre d'observations que nous avons crues inutiles de rapprocher ici.

Quatre ouvriers, un maître, deux affineurs et un enfant peuvent affiner et forger de 4 à 8 quintaux d'acier par vingt-quatre heures ; cette quantité dépend de la nature de la fonte, et du procédé qu'on suit.

de l'action du MANGANESE DANS LA FABRICATION De l'acier.

1079. Les aciéries de l'Europe, qui jouissent de la plus grande réputation, sont celles de la Styrie, de la Carinthie, de la Carniole et du Tyrol; les plus renommées, après ces premières, sont celles de Rives, dans le département de l'Isère; celles du département de l'Arriège, dans les Pyrénées; du pays de Nassau-Siegen, de Smalkalden dans la Hesse; de Moedgesprung et Gittelde, au Hartz; de Louisenthal, en Saxe, etc.

Comme, dans toutes ces aciéries, on n'emploie, pour la fabrication de l'acier, que de la fonte obtenue des minérais de fer spathique ou des hématites brunes, provenant de la décomposition des premières, et que nous avons désignées sous le nom d'oxide mamelonné brun, le plus grand nombre des métallurgistes du siècle dernier, considérant ces minérais comme les seuls propres à produire de l'acier, leur ont donné le nom de mines d'acier.

Bergmann ayant trouvé, dans ses analyses des fers spathiques, que ce minérai contenait du manganèse, tous les docimasistes qui ont répété les expériences de Bergmann ayant trouvé également du manganèse dans ce minérai, ainsi que dans les oxides mamelonnés - bruns qui en sont formés, et ne trouvant pas de différences sensibles entre ces deux substances et les autres minérais de fer, si ce n'est dans le manganèse qu'ils contiennent, plusieurs métallurgistes se sont empressés d'attribuer

au manganèse la propriété qu'avaient ces deux minérais de produire de l'acier, croyant qu'ils étaient les seuls propres à cet usage.

Dans un mémoire publié par le célèbre verrier Gazeran, à la suite d'une mission qui lui avait été donnée par le comité de salut public, pour visiter quelques forges, cet artiste s'empressa d'annoncer que les mines manganésifères étaient les seules propres à produire de l'acier, et que le manganèse était une partie constituante de cette combinaison métallique; enfin, que l'acier naturel qu'on obtient est toujours un alliage de fer pur et de manganèse combiné avec le carbone (1).

Le savant métallurgiste J. G. Stünkel le jeune, avait avancé, longtemps auparavant (2), non pas que le manganèse fût partie constituante de l'acier, mais que ce métal avait une telle influence sur la fabrication de ce fer dur et élastique, que la fonte des minérais manganésifères était la plus propre à la fabrication de l'acier.

1099. Nous allons examiner les diverses opinions qui ont été proposées jusqu'à présent sur l'action du manganèse, afin de pouvoir prendre un parti sur cette question importante qui intéresse la fabrication de l'acier, et sur laquelle les plus célèbres métallurgistes ont des opinions différentes.

Nous pouvons d'abord assurer que le fer spathique, et les oxides mamelonnés qui en proviennent, ne sont pas les seuls minérais de fer avec lesquels on fasse de l'acier. Celui que l'on fabrique en Suède, provient de plusieurs espèces de fonte de fer, obtenues avec des minérais oxidulés. Des neuf départements de l'Empire français, dans lesquels on fabrique de l'acier naturel de forge, trois obtiennent leur fonte des minérais de fer spathiques et des oxides mamelonnés-bruns; ce sont ceux de l'Arriège, de l'Aube, et de l'Isère. Dans un département, celui de la Charente, on retire l'acier d'un mélange d'oxide terreux en grains et en roches; dans la Dordogne, le Doubs, la Nièvre, la Haute-Vienne, et les

(1) Annales de Chimie, tome 36, page 61. (2) Journal de Mines, tome 16, page 173.

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Vosges, l'acier est fabriqué avec un mélange d'oxide terreux mêlé d'oxide concretionné en grains et en roches. Dans le département de la Nièvre seul, il existe au moins vingt-deux aciéries dans lesquelles on a obtenu jusqu'à 1240 milliers de bon acier, dans une année. Quoique nous ne puissions pas nous procurer, dans le moment, le tableau de toutes les aciéries de l'Europe, nous ne craignons pas d'annoncer qu'il en existe un grand nombre dans lesquelles on obtient de l'acier de forge avec diverses espèces de minérais qui ne contiennent ni fer spathique, ni oxide mamelonné - brun.

Quant à l'assertion du verrier Gazeran, que tous les aciers contiennent du manganèse, et que l'acier naturel est un alliage de fer pur avec du manganèse combiné avec le carbone; nous pourrions rapporter ici les nombreuses analyses des aciers de forge que nous avons faites jusqu'à présent, et dans lesquelles nous n'avons trouvé aucune trace de ce métal; mais nous nous contenterons d'observer que, dans le grand nombre d'acier, de fusion ou de fonte, que le célèbre docimasiste Vauquelin a es- · sayé, aucun ne lui a offert de manganèse (1); que l'ingénieur Berthier, qui vient d'analyser tout récemment les produits des aciéries de Rives (2) où l'on traite des fontes provenant des fers spathiques, assure qu'il ne reste pas plus de manganèse dans l'acier que dans le fer, et que tous les fers de ces pays qu'il a pu se procurer, et dans lesquels il a recherché cette substance, ne lui ont donné qu'une trace inappréciable de ce métal (3).

Il ne nous reste donc maintenant qu'à discuter le mémoire du métallurgiste J. G. Stünckel le jeune, qui paraît avoir entraîné l'opinion d'un grand nombre de chimistes et de métallurgistes instruits, et qui jouissent d'une grande réputation.

1100. M. Stünckel observe, 1o que les chimistes et les forgerons (4)

(1) Journal des Mines, n° 25, tome 5, page 17.

(2) Idem, tome 23, page 188.

(3) Idem, page 186.

(4) Idem, tome 16, page 174.

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