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employée avec du fer forgé, et qu'il faut en augmenter la quantité lorsque l'on veut fondre de la ferraille, qui est toujours recouverte d'oxide, et même de carbonate de fer.

1118. « M. Muschet se propose encore de fondre la mine de fer, le « fer en barres, les rognures de fer, etc., par l'addition de la craie, des << carbonates en général ou des carbures, avec de la glaise, du verre <«< ou d'autre flux en diverse proportion ». Il est facile de voir que cette méthode n'est qu'une extension de celle que Clouet employa en fondant trois parties de fer avec une partie de carbonate de chaux et d'argile cuite; il est probable même que le métallurgiste anglais n'a pas essayé les nouvelles combinaisons qu'il propose, et qu'il ne les a tant étendues que pour déguiser le procédé réel. Enfin, M. Muschet annonce qu'il veut fondre le fer seul et sans aucune addition de matière qui contienne du carbone, puis le couler en barres, pour avoir un acier extrêmement doux; il croit que, dans cette circonstance, le fer recevra du carbone par l'acide carbonique dont le fourneau est rempli, et que cet acide entrera par l'orifice, ou par les pores du creuset. Déja un chimiste français a fait voir (1) que le fer, placé dans des creusets bien fermés, ne s'aciérait pas : conséquemment, que l'acide carbonique, ou le carbone, ne pénétrait pas à travers les pores du creuset.

1119. Dans la seconde partie de son exposé, M. Muschet propose de cémenter l'acier fondu, en l'introduisant dans les fourneaux ordinaires de cémentation, après l'avoir mis en contact avec des matières charbonneuses, ou avec des terres, qu'on chauffe pendant cinq jours, plus ou moins, selon l'épaisseur des barres et la quantité relative du métal.

Il existe ici deux cémentations distinctes : la première se fait avec de la poussière de charbon, pour augmenter l'aciération, la seconde avec des matières terreuses, pour l'égaliser. Nous avons déja décrit le premier procédé; le second est copié d'après celui qu'indique Réaumur, comme étant propre à adoucir la fonte de fer: nous examinerons et nous discuterons ces procédés dans l'article qui traitera du travail de l'acier.

(1) Journal des Mines, tome 13, page 421.

1120. Aux fourneaux déja employés pour fondre le fer ou l'acier, et que nous avons fait connaître, Clouet en a ajouté un autre dont il serait bon que l'on pût faire l'essai.

«

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« Pour fondre en grand (dit Clouet), un fourneau construit d'après les principes des fourneaux de réverbère, destinés à fondre le fer avec << lequel on fabrique les pièces d'artillerie, peut donner un feu suffisant, «< sur-tout si l'on a soin de tenir la cheminée assez haute; le fourneau « doit être aussi plus court; il ne lui faut qu'une longueur égale à sa << largeur, il sera d'une capacité suffisante si on peut y mettre quatre << creusets contenant chacun environ vingt-cinq livres de matières fon<< dues; de plus grands creusets seraient plus sujets aux accidents ».

Des moyens d'obtenir de l'acier fondu avec de la fonte.

Nous avons représenté, fig. B, (planche 62) le fourneau que propose Clouet, et dont un modèle est déposé au muséum des Arts et Métiers.

1121. L'acier obtenu par ce savant, en fondant ensemble du fer et de la fonte grise, et même de l'oxide de fer et de la fonte, était un indice de la possibilité d'obtenir de l'acier en fondant ensemble un mélange de fonte grise trop carburée, et de fonte blanche trop oxidée. M. Vandenbroeck, inspecteur des travaux de l'école pratique des mines de la Saare, qui a été à même de visiter, dans ces derniers temps, les aciéries anglaises, nous a assuré que c'était, maintenant, en fondant ensemble ces deux espèces de fers crus, qu'on parvenait à obtenir les deux variétés d'acier si renommées en Europe, l'une connue sous le nom d'acier Marschall, l'autre sous celui d'acier B. Huntzmann. Nous allons décrire ces deux procédés tels que ce savant artiste nous les a fait connaître. L'un des aciers s'obtient dans des creusets, l'autre dans un fourneau de réverbère.

Pour cet effet, on fait un mélange des fontes grises et blanches, dont on a déterminé d'avance la proportion la plus favorable à l'espèce que l'on veut obtenir. Quelquefois aussi on mêle, soit à la fonte grise seule, soit au mélange des deux fontes, des rognures de fer, de

d'acier

la ferraille, des battitures et même des rognures d'acier auxquelles on donne le nom de riblon ou roublon.

1122. Les creusets dont on fait usage pour obtenir l'un de ces aciers ont la forme d'un cône tronqué, posé sur sa tronquature, tout-à-fait semblable à ceux des verreries, ils pourraient être construits avec la même terre; mais le mieux serait de les former avec de l'argile qui eût la propriété de celle que l'on emploie pour fabriquer les creusets d'Ypse; ils ont 15 pouces de hauteur, autant de diamètre dans la partie supérieure; ils ont près d'un pied cube de capacité, et l'on y traite àla-fois 200 livres environ d'acier fondu.

1123. Ces creusets, au nombre de quatre, sont placés sur les deux siéges d'un four D, E, à-peu-près semblables aux fours des verreries; sa longueur est de 36 à 40 pouces, et la profondeur du foyer de 15 à 18. Ce dernier est placé au-dessus d'une voûte dans laquelle il s'établit un libre courant d'air. La houille se jette, par les deux ouvertures des extrémités, sur une grille qui sépare le foyer de la voûte, et la fumée s'échappe par trois ouvertures faites à la calotte du fourneau, elles se réunissent à une longue cheminée, qui détermine un fort tirage : le foyer est divisé en six parties par deux arceaux et une traverse en maçonnerie, afin de forcer la flamme à circuler autour des creusets. Au-dessous de chacun sont des ouvertures qui facilitent la manœuvre, et qui attirent une partie de la flamme vers elles; les rétrécit pendant la fusion : les creusets sont placés dans le four par des ouvertures latérales, que l'on ouvre pour les faire entrer, et que l'on ferme ensuite. On met les creusets froids dans le four, lorsqu'il n'est pas encore échauffé lui-même; on les fait chauffer séparément pour les rougir et les entrer ensuite dans le four, lorsqu'il est chaud et rouge.

Il existe entre ces fourneaux, tels qu'on nous les a décrits, et ceux des verreries, deux différences remarquables : 1o leurs six divisions faites au-dessus du foyer; 2o les trois ouvertures à la calotte, pour faire sortir la flamme; nous ne sommes pas encore bien assurés si ces différences sont absolument nécessaires, et si un fourneau de verrerie ordinaire ne produirait pas le même effet.

C'est par les ouvreaux qu'on place, dans les creusets, le mélange des fontes, des riblons, ou rognures de fer et d'acier, et généralement les substances que l'on destine à la fabrication de l'acier fondu; elles entrent en fusion et s'affinent par le repos de masse (1). Lorsqu'on juge que la fusion est complète, et que la fonte est affinée, on retire les creusets, puis on les rentre dans le fourneau, on rebâtit les parois, et on les charge de nouveau de matières propres à produire de l'acier.

Nous ignorons si le bain d'acier fondu est recouvert de scories ou de toute autre substance qui empêche son oxidation.

1124. On fond le mélange, destiné à faire la seconde espèce d'acier, dans des fourneaux de réverbère ordinaires, dans lesquels on a pratiqué une espèce de creuset dans la partie inférieure ; le métal placé sur l'autel s'échauffe, fond, et coule dans le creuset où il s'accumule; la fonte se couvre de scories, tant de celles qui étaient contenues dans la fonte, que de celles qui sont formées par la fusion d'une partie des verres terreux qui coulent de la sole. Si les scories suffisent, on laisse le bain en repos, tant qu'on voit bouillonner leur surface, et le gaz oxide carboneux se dégager sous forme de flamme violette; lorsque le bouillonnement cesse, on introduit un morceau de bois vert dans le bain, et l'on brasse le métal liquide par-dessous les scories, afin de faciliter la séparation de celles qui sont restées dans la fonte, et qui adhèrent au métal.

Aussitôt que la fonte commence à s'affiner, l'ouvrier principal introduit une petite cuiller dans le bain, pour puiser, par dessous les scories, un peu de fonte, il la coule dans une lingotière d'épreuve, et l'essaie à la forge; il continue à lever des essais, jusqu'à ce que celui qu'il tire puisse se forger: alors il examine le grain de son acier; s'il est trop doux,

soit

(1) L'acier fondu dans les creusets doit s'y affiner comme le verre; il faut savoir juger, par des essais sous le marteau, soit par la cassure de la fonte coulée en lingot, soit enfin par la manière d'être de la matière dans le bain, si l'affinage est arrivé au degré qu'il doit avoir: alors, on le retire et on le coule; l'acier bien affiné a une surface brillante égale et sans piqûre, lorsqu'il est poli.

l'ouvrier jette dans le bain des barreaux d'acier trop cémentés, pour lui donner du carbone, sans altérer son affinage; s'il est trop dur, il y

jette des rognures de fer, quelquefois même de la ferraille, pour étendre le carbone dans une plus grande masse, ou en brûler une partie; alors il retire les scories, il coule dans les moules l'acier fondu, que l'on forge ensuite pour le verser dans le commerce.

Nous ignorons si l'acier Marschall, qu'on livre au commerce sous la forme cylindrique, a été forgé. La trace des joints des moules, que l'on remarque sur la longueur des cylindres, nous ferait croire qu'on le vend tel qu'il sort des moules dans lesquels on l'a coulé. Au reste, cet acier, dont la cassure ressemble beaucoup à celle de l'acier poule, paraît être plus difficile à forger que celui que l'on désigne sous le nom

de B. Huntzmann.

1125. Quelques personnes, auxquelles nous avons communiqué cet article, doutent qu'on puisse obtenir de l'acier fondu en traitant de la fonte seule dans un fourneau de réverbère à feu nu; elles croient même que la plus petite quantité de fonte rend l'acier défectueux; d'autres, au contraire, prétendent que cette opération qu'on fait subir à la fonte, n'est qu'une préparation, qu'un premier affinage, qui dispose le fer cru à produire un bon acier, mais qu'on le refond ensuite dans des creusets, pour l'avoir plus pur et plus parfait.

1126. Au reste, comme les Anglais cémentent beaucoup de fer, que l'extrémité des barres cémentées (qui est toujours plus aciérée le que reste) est coupée et vendue à un très - bas prix, que ces riblons peuvent être employés avec beaucoup de succès dans la fabrication de l'acier fondu, et que cette substance est assez abondante pour fournir aux besoins des aciéreurs, nous croyons qu'ils ne font usage de la fonte que lorsque les demandes d'acier fondu sont tellement abondantes, que les riblons ne peuvent pas suffire.

La facilité qu'on a, en Angleterre, de se procurer des riblons pour fondre de l'acier, donne aux habitants de cette île un avantage considérable sur toutes les autres nations de l'Europe, en ce que ces dernières sont obligées de cémenter, à grands frais, le fer qu'elles doivent employer,

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