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en France, s'interpoferent avec empreffement auprès du Roy pour obtenir qu'il empêchât la continuation. Ils fe rendoient garans que le Pape feroit & qu'il entretiendroit avec lui une paix fincere & durable, s'il vouloit le défifter de la protection du Concile & abandonner les Bentivolles. Louis XII. fe crut trop engagé pour écouter ces propofitions. Il répondit que le Concile de Pife étant aflemblé à bonne fin, & pour l'utilité de l'Eglife, il ne pouvoit difcontinuer de lui donner aide & fuport. Quant aux Bentivolles, il allégua qu'ils étoient des Souverains légitimes qui ne détenoient le bien de perfonne; qu'il continuëroit donc la protection qu'il leur avoit accordée, & qu'il défendroit Boulogne comme il défendroit Paris.

Jules II. toujours entêté de fon projet de chaffer les Barbares d'Italie, auroit peut-être été fâché d'ob

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tenir ces conditions. Il s'en ting 151.donc au premier refus, & il ne fongea plus qu'à preffer la conclufion de fon traité de Ligue offenfive & défenfive avec le Roy d'Arragon & les Venitiens.

Le Pape n'étoit pas content de pouvoir fe fervir des troupes de Ferdinand fon Feudataire en qualité de Roy de Naples comme des fiennes. Il vouloit l'engager à déclarer la guerre à la France en fon nom, dans l'efperance qu'il feroit alors du côté des Pirenées une diverfion avantageuse à la caufe commune. Enfin le 5. d'octobre le traité de leur union fut figné & publié folemnellement à Rome dans P'Eglife fainte Marie du peuple. Il y étoit dit que les Puiflances con

tractantes contribueroient de tous leurs efforts pour maintenir l'unité de l'églife contre les entreprises de l'affemblée de Pife. Qu'elles la rétabliroient en poffeffion de tous

fes fiefs, même dans la jouiffance de
leur domaine utile, & que les Prin- 1 5 * *
ces qui voudroient protéger les
poffeffeurs actuels de ces fiefs, fe-
roient pourfuivis à main armée,
jufqu'à ce qu'on les eût chaffez
d'Italie. Qu'on mettroit fur pied
une armée où le Pape envoyeroit
400. hommes d'armes, cinq cens
hommes de cavalerie légere, & fix
mille hommes d'Infanterie: Les
Venitiens huit cens hommes d'ar-
mes, mille hommes de cavalerie
Albanoise, & huit mille d'infan-
terie. Le Roy d'Arragon étoit te-
nu de fournir douze cens gendar-
mes, mille chevaux légers & dix
mille fantaffins Efpagnols. Mais
cette obligation étoit contrepefée
par un fubfide de quarante mille
écus d'or par mois, payables vingt
mille par le Pape, & vingt mille
par les Venitiens, dont Sa Ma-
jefté Catholique devoit toucher in-
ceffamment deux mois d'avance.

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Il étoit encore dit dans le traité, que les Venitiens feroient une diverfion en Lombardie,& qu'ils contribuëroient la moitié des frais de l'armement d'une Flotte qui s'équiperoit en tems & lieu pour le fervice de l'union. Que les places qui avoient appartenu à la République de Venife avant la guerre de Cambray, quand elles feroient prifes par les armes des confederez, fe mettroient en dépôt entre les mains du Pape. Il s'étoit obligé par un Chirographe de les reftituer auffitôt aux Venitiens. Enfin, il étoit dit dans le Traité que Raymond de Cardonne, Viceroy de Naples, commanderoit l'armée de la nouvelle Union. On reservoit une place dans le traité au Roy d'Angleterre du confentement de Bambridge Cardinal d'York, qui aflista à toutes les conférences tenues pour le conclure, mais qui ne voulut pas figner, faute de plein pouvoir

ou d'instruction. Quoique le traité fût autant contre Maximilien, s'il vouloit être fidele à fes engagemens, que contre le Roy de France, néanmoins la connoiffance qu'on avoit de la légereté de cet Empereur, fit qu'on l'y comprit lui-même, s'il vouloit y entrer. Le Roy de France n'étoit pas nommé dans ce traité mais il y étoit trop bien defigné pour y être méconnu. La qualité de poffeffeurs actuels des fiefs de l'Eglife marquoit clairement les Bentivolles & le Duc de Ferrare, & on fçavoir quel étoit leur protecteur,

A peine le traité fut figné, que Jerofie Donato Ambaffadeur de la République de Venife auprès du Pape, mourut à Rome. Il étoit homme de Lettres avant que d'être homme d'Etat, & il fe diftingua également dans l'une & dans l'autre profeffion. Les écrits que nous avons de lui font des meilleurs quị Le foient composez de fon tems

I SIIR

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