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ils vouloient faire le procès. La mauvaise difpofition du peuple de 5 1 1.

Pife avoit fait fouhaiter au Concile d'avoir pour fa fureté une garde de Gendarmerie Françoise. Mais les Florentins qui n'étoient venu à bout qu'avec beaucoup de peine de remettre Pife fous leur obéiffance, se souvenoient que cette ville ne s'étoit foulevée contr'eux qu'à la faveur du paffage des troupes Françoifes qui accompagnoient Charles VIII. à fon voyage de Na- En ples. Par raifon d'Etat les Floren- 1495. tins refuserent donc au Concile fa demande, & ils ne lui permirent de tenir pour toute garde que quelques Archers François. Après plufieurs incidens qui firent croire aux Peres du Concile qu'ils n'étoient pas en fureté à Pife, il en arriva un qui les obligea d'en fortir inceffamment. Un valet de pied François. rencontra fur le pont de l'Arne, qui eft l'endroit le plus fréquenté

de la ville, la courtilanne d'un fol * 5 1 1. dat de la garnifon Florentine; quoiqu'on fût en plein jour, il lui fit les dernieres infolences, & il les accompagna de difcours convenables à l'effronterie de fon action. Les égards qu'on a en Italie pour les courtifannes engagerent bien des gens à prendre parti pour cette créature, & les François voulant foutenir leur national, il arriva unę émeute où Lautrec & Chaftillon, qui pour faire honneur au Concile, commandoient les Archers de fa garde, furent bleffez. Le bruit de cette émeute allarma fi fort les Peres qui tenoient actuellement leur feconde Seffion, que fur le champ ils décréterent la tranflation de leur affemblée à Milan, où la garnifon Françoile & les écrits que Decius le plus habile Jurif confulte du païs publioit en faveur du Concile, tui feroient porter plus de refpect. Cependant les Prélats

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'Allemagne ne venoient pas en- 5 1 14 core, & tout ce que l'Empereur s'étoit mis en peine d'obtenir d'eux, avoit été, qu'ils s'affemblaffent à Augsbourg pour déliberer s'ils fe trouveroient au Concile de Pife. Il n'étoit pas même bien certain que l'Empereur le fouhaitât de bonne foy. Car quoique de tems en tems il s'exhalât en reproches contre le Roy d'Arragon, qui manquoit à fa parole, & qu'il offrît à Louis XII. s'il vouloit lui confier fon armée, de fe mettre à fa tête pour aller châtier Jules II. dans Rome même, il ne ceffoit d'écouter les propofitions d'une paix particuliere qui lui étoient faites de la part du Pape & de celle des Ve

nitiens.

le

Le parti que Louis XII. devoit prendre fi l'Empereur rompoit avec lui, n'étoit pas le même que parti qu'il devoit fuivre fi l'Empereur perfeveroit dans fon Alliance.

Les irréfolutions de Maximilien le 1511. jettoient donc en de grands embarras, & peut-être lui nuifirentelles plus que la duplicité de Ferdinand & la violence de Jules II. Quant à Ferdinand il étoit déterminé à faire la guerre au Roy de France, crainte qu'un jour il ne la lui fit avec avantage pour reprendre le Royaume de Naples. Néanmoins afin que ce Prince prît de fauffes mefures, il le faifoit affurer que les avis qu'on lui avoit donnez fur les conditions de fon traité avec le Pape, ne devoient pas l'allarmer. Qu'il y avoit des articles fecrets dont il lui donneroit part en tems & lieu, qui expliquoient ceux des engagemens contenus au traité, qui pouvoient paroître être une Ligue offenfive contre la France; de maniere que ces engagemens ne l'obligeoient pas à lui faire la guerre, & qu'il ne la lui feroit jamais. Que lui Roy Catholique n'a

voit pû refuser la fignature du traité de Rome, qui dans le fond ne fignifioit rien, aux importunitez de Jules II. dont il avoit befoin tous les jours pour les affaires d'Efpagne.

Henry VIII. faifoit tenir le même langage à Louis XII. par for Ambaffadeur à Paris: de maniere que ce Prince s'imaginant qu'il n'auroit en tête que le Pape & les Venitiens, ne rabatit rien de fa fermeté à cause de la conclufion de la nouvelle union. Le Pape pour le mettre en apparence dans fon tort, lui faifoit offrir la paix après fes nouvelles Alliances aux mêmes conditions qu'il avoit propofées avant que fon traité fût figné. Louis XII. les rebuta encore une fois, perfuadé par les proteftations du Roy d'Arragon & du roy d'Angleterre, que le traité de Rome ne lui donneroit pas de nouveaux ennemis à combattre. Mais il fut bientôt desabusé

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