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qu'il n'étoit jamais arrivé de mal à — perfonne pour lui avoir dit la veri- 5 1 1 1. té. Ils lui firent donc connoître dans Gaston un mérite fupérieur, & qui juftifioit pleinement fon inclination pour ce jeune Seigneur; de maniere qu'il n'hésita plus à le faire Gouverneur de l'Etat de Milan, & fon Lieutenant général de-là les Monts.

Sur la premiere nouvelle certaine de l'invafion des Suiffes, Gaston vint camper près d'Affarron avec cinq cens hommes d'armes, & moins de trois mille hommes d'infanterie. Par ce campement il couvroit la ville de Milan, qui n'étoit pas en état de foutenir un fiége par les mêmes raisons qui laiffoient l'ennemi le maître de la campagne. Ce fut dans ce camp qu'il reçut un Herault que les Suiffes lui envoyerent fuivant les manieres de ce tems-là , pour lui offrir la bataille Mais Gafton lui répondit qu'il fe battoit quand il lui con

Is II.

venoit de le faire, & non pas quant il plaifoit à l'ennemi. De Varese les Suiffes, dont le nombre s'étoit acru jusqu'à dix mille, vinrent camper à Galera comme s'ils avoient voulu prendre le chemin de Milan, ce qui fit que Gafton occupa Legnago, éloigné de quatre mille du logement des ennemis. Il eut même la hardieffe de traverser en bataille avec fa petite armée une plaine qui étoit fous Galera, bien réfolu d'y combattre les Suiffes s'ils ofoient fe montrer en raze campagne. Ils ne le firent point, mais ayant été joints par fix mille de leurs compatriotes, ils vinrent au nombre de feize mille combattans occuper le camp de Bufto. De-là ils marcherent droit à Milan. L'armée Françoife s'y étoit retirée marchant toujours à la tête des ennemis. Ses hommes d'armes ne craignoient point d'être pouffez par de l'infanterie, & les

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Suiffes n'avoient aucune cavalerie

avec eux. Quand ces derniers arri- st. verent à Milan la ville étoit hors d'état d'infulte. Les fortifications élevées à la hâte par les François auffi actifs quand le danger eft arrivé, qu'ils font lents à le prévenir, fuffifoient pour empêcher un coup de main, & de moment en moment l'infanterie & la gendarmerie Françoise y arrivoient par pelo

tons.

Ces troupes & la présence de Gafton rendirent le courage aux Milanois jufques-là fort confternez. Ils furent encore raffurez davantage bientôt après par une lettre que les Chefs de l'armée Suiffe écrivoient à leurs fuperieurs, & qui fut interceptée. Il paroiffoit par cette lettre, que déja ils s'impatientoient de ne point avoir de nouvelles de l'armée du Pape & des Venitiens, que leur réfolution étoit prife de s'en retourner dans le païs, fi la

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tentative qu'ils alloient faire, në 1511. réuffiffoit pas. Elle étoit de furprendre le paffage de Caffan fur l'Adda, pour joindre enfuite l'arméeVenitienne par le Breffan. Gaston de Foix laiffa partir les Suiffes pour leur deffein fans s'ébranler. Il ne vouloit pas quitter Milan tant qu'ils en feroient à portée. Mais dès qu'il eut appris leur arrivée à Monza & qu'ils alloient continuer leur marche à la droite des eaux de la Martefane, il fe disposa à marcher par la gauche de ces marais pour fecourir Caffan. Comme il prévoyoit qu'il pouvoit trouver la place inveftie par les ennemis qui avoient une marche d'avance fur lui, il donna ordre, qu'à tout évenement on lui préparât un pont fur l'Adda à la hauteur de Rivalta. Son deffein, s'il ne pouvoit aborder Caffan par la droite de l'Adda, étoit de paffer cette riviere avec une partie de fon armée fur fon

pont de Rivalta, de la remonter par fa gauche, & de venir camper dans l'Ifle qui eft au débouché du pont de Caffan. Ce projet rendoit la prise de Caffan difficile aux ennemis, & inutile en même tems pour leur deffein, d'entrer par le pont de cette ville dans la Ghiara d'Adda.

Mais ce projet devint fuperflu par l'événement. Le jour que les Suiffes décamperent de devant Milan, un de leurs Chefs y étoit venu fous parole offrir au nom de fes compatriotes, que moyennant un mois de paye, ils s'en retourneroient chez eux. Comme on ne lui offrit que la moitié de ce qu'il demandoit, il s'en retourna fans rien accepter. Quelques jours après le même Officier revint dans le Camp de Gafton, mais il n'offroit plus de s'en retourner qu'à condition qu'on donneroit à fes compatriotes deux mois de paye.

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