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Gafton fe crut obligé de renchérir 1511. fur la fanfaro nade, & il ne voulut plus donner que le quart de la fomme qu'il avoit offerte d'abord. L'Officier s'en retourna indigné s mais dans le moment où l'on attendoit l'effet de fes menaces, on apprit que les Suiffes fe retiroient chez eux par le chemin le plus court, remportant l'étendart fatal plié dans une valife. Ils arrivoient à Bellinzone quand ils reçurent des nouvelles qui leur apprenoient que les troupes de l'Union alloient faire une importante diverfion par le fiége de Boulogne, & que l'armée Venitienne s'avançoit à grandes journées pour leur faciliter le paflage de l'Adda. Elle venoit de lever le fiége de Gradifque, qu'elle avoit entrepris fans qu'il y eût beaucoup d'apparence à pouvoir emporter la place. Ce fiege néanmoins ne laiffa pas de la retenir & de l'empêcher d'arriver à tems pour donner la

main aux Suiffes & leur aider paffer
l'Adda. Rien ne les put engager à1§ 11.
retourner fur leurs pas. Ils répon-
dirent qu'il y avoit trop peu de
tems que les Venitiens avoient
manqué à leur parole pour comp-
ter fi-tôt fur leur promeffe ; & que
le mois de Décembre n'étoit pas
'une faifon
propre à tenir la cam-
pagne en Lombardie.
Louis XII. fut fi touché du pé-
ril où il avoit mis l'Etat de Milan
par les épargnes hors de faifon,
qu'il voulut changer de conduite.
Il fit de grandes remises à Gaston
de Foix pour lever des Bandes Al-
lemandes & des Italiennes. Il or-
donna qu'on envoyât de nombreu-
fes recrues à l'Infanterie Gasconne,
& il fit même paffer les Monts à
toute l'Ordonnance de fon Royau-
fans y conferver que les deux
cens lances qui tenoient garnison
fur la frontiere de Picardie. Son
Envoyé à Florence y fit auffi de

me,

1

1511.

preflantes inftances pour engager la République à fortir des termes de la neutralité, & à fe déclarer en faveur de la France. Soderini fit ce qu'il put pour porter sa patrie à donner fatisfaction au Roy. Il reprefenta vivement le danger d'une neutralité, dont le vainqueur leur fçauroit peu de gré. Qu'il convenoit aux Florentins que la France qui les avoit affranchis du gouvernement des Médicis, & avec laquelle ils étoient liez inféparablement par la nature de leur commerce, demeurât fuperieure en Italie. Que c'étoit donc une grande imprudence que de s'en tenir à des vœux en faveur de cette Couronne, & de ne l'aider que d'un fecours de deux cens lances à la veille d'un évenement décifif. Mais ceux qui étoient jaloux du crédit de Soderini, ne fe foucioient que d'une chofe, qui étoit de faire prendre à la République des réfolutions

contraires au fentiment de Sode-
rini, quoiqu'il en pût arriver. Ils1 5 1 1,
cabalerent donc avec tant de fuc-
cès, que les Florentins, malgré un
interêt le plus fenfible qui fut ja-
mais, répondirent féchement, qu'ils
s'en vouloient tenir aux anciens
traitez qui fubfiftoient entre les
deux Fleurs de lys. C'étoit une ex-
preffion alors ordinaire en Tofcane
pour énoncer le Royaume de Fran-
ce & la République de Florence;
parce que ces deux Etats portent
des fleurs de lys, quoique de na-
ture differente, pour pieces de leurs
armes. On les mêloit fouvent pour
marquer l'union qui étoit entre ces
Etats, & les murailles du fallon du
vieux Palais de Florence, où s'af◄
fembloit le Gouvernement dans les
derniers tems de la République,
en font encore femées : Auffi les
Florentins n'y entrent-ils jamais
fans un tendre fouvenir du paffé,
A peine les Suifles étoient arri,

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1.5 1 1. vez chez eux que l'armée de l'Union fe mit en campagne. Elle s'affembla à Immola, & elle s'y trouva forte de dix-huit cens hommes d'armes, de feize cens chevaux legers, & de huit mille hommes d'infanterie Italienne. Mais fon nerf principal, c'étoit un corps de huit mille fantaffins Espagnols. Les troupes du Pape obéiffoient au Cardinal de Médicis, que fon âge de trente-fix ans & fes intelligences dans Florence avoient fait choisir pour fervir dans l'armée comme Cardinal Légat. Marc Antoine Colomne fervoit fous lui de Meftre de Camp général. Le Duc d'Urbin avoit refufé de venir à l'armée où il auroit fallu même fur les terres de l'Eglife dont il étoit Gonfalonier, obéir au Viceroy de Naples Généraliffime des troupes de la Sainte Union, par un article du traité de Rome. Pierre Navarre y commandoit l'infanterie

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