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Espagnole en qualité de fon Meftre de Camp général. Il ne devoit ce pofte qu'à fon mérite. Sa naiffance étoit très-obfcure, & la profeffion de marchand qu'il avoit exercée durant longtems, fembloit encore l'éloigner d'un emploi qui donnoit droit de commander à beaucoup de Gentilhommes d'une naiffance illuftre. Mais les Princes qui font capables de juger par eux-mêmes du mérite perfonnel des hommes, ne réglent point leur choix par les préjugez vulgaires. Les préjugez tirez de la naiffance & des premiers emplois, ne font donc des motifs de décider que pour les Souverains qui manquent de difcernement, & Ferdinand qui n'en manquoit pas, mit Navarre à la tête de l'Infanterie Efpagnole, préferablement aux perfonnes les plus qualifiées de fes Etats qui briguoient cet emploi diftingué.

Toutes les petites places du Fer

11. rarois fituées à la droite du cours du Po, fe rendirent aux trompettes qui furent envoyées pour les fom, mer, à l'exception de la Baftia. Navarre entreprit d'en faire le fiége. La place qui s'étoit deffenduë des femaines entieres contre les troupes du Pape, ne tint que trois fois vingt-quatre heures contre lui, & le dernier jour de l'année il l'emporta d'affaut. La garnison fut paffée au fil de l'épée, mais celle qu'y laiffa Navarre fut traitée de même deux jours après. Le Duc de Ferrare infulta la place dès que l'armée de l'Union s'en fut éloignée, & il la reprit en autant d'heures que l'ennemi avoit mis de jours à la prendre. C'est du moins l'expreffion de l'Ariofte qui célébre fort Furiofo. Cette action, & la bleffure que le Can. 42. Duc y reçut à la tête d'un coup & fuiv. de pierre.

Orlando

Stan. 3.

Enfin l'armée de l'Union étant entierement affemblée & fon train

d'artillerie

d'artillerie en état, elle fe mit en marche à la fin du mois de Janvier mil cinq cens douze, pour venir former le fiége de Boulogne. L'entreprise pouvoit paffer pour témeraire ; non que la ville fût extrémement forte ou la garnison bien nombreuse. Les troupes ramaffées par les Bentivolles n'étoient que des milices timides, & les troupes reglées enfermées dans cette grande Ville, confiftoient dans les compagnies d'Ordonnance de Lautrec & d'Yve d'Allegre, & en deux mille hommes d'Infanterie Allemande à la folde de la France. Mais il étoit facile aux François de fecourir la place, & les Alliez devoient croire qu'ils s'y porteroient avec ardeur, dans le dépit où ils étoient que les négociations artificieufes de Jules II. & les fcrupules de Louis XII. leur euffent fait perdre dans la campagne précédente le moment fatal de mettre Tome II, C

fin à la guerre. En effet ils auroieng 1511. pû la terminer en un mois, fi l'on les eût laiffé agir après la révolu̟tion de Boulogne. Mais le fiége de cette ville étoit la feule entreprise que l'armée de l'Union pût tenter, & le Pape dont le Roy d'Arragon vouloit gagner la confiance à force d'approuvier fes volontez, fouhaitoit avec emportement qu'on tentât quelque chofe. D'ailleurs les Venitiens devoient faire une diverfion qui donneroit bientôt tanţ d'affaires aux François, qu'ils n'auroient pas le tems de venir fecourir Boulogne.

Le vingt-fix de Janvier l'armée de l'Union vint donc camper fous les murailles de Boulogne, s'étendant depuis le chemin de la Romagne, par le terrain qui eft entre les mufailles de la ville & l'Apennin jufqu'à l'Abbaye de S. Michel in Bofce, Par cette difpofition la moitié de Ja ville demeura fans être investie.

L'armée refta encore huit jours dans l'inaction, & fans faire autre 1517. chose que de brûler fa poudre inutilement à tirer fur la ville à boulet perdu de deffus les hauteurs du Couvent de S. Michel in Bofco. L'irréfolution des affiégeans étoit la caufe de cette inaction. Voyant. bien qu'ils n'avoient point affez de troupes pour attaquer la ville & faire tefte en même tems à Gaston de Foix, ils étoient réduits à attendre qu'il eût choisi son parti pour prendre le leur, & Boulogne fut affiegée fans être attaquée.

Cependant le Général François étoit à Finale où il raffembloit les troupes, en apparence dans la vuë de fecourir Boulogne: Mais la plupart des Généraux ennemis ne pouvoient encore le perfuader que ce deffein fût ferieux, ni que pour fauver la ville d'un Allié, il voulût rifquer fon armée, la feule reffource qui reftât à la France pour

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