que le comte Avogaro fit de fon, 11 mieux, perfonne n'y remua, & Gritti s'en retourna paffer l'Adige fans que rien lui eût réuffi. Les partisans de Saint Marc s'étant enfuite reconnus au regret que chacun témoignoit du peu de fuccès de l'entreprise, leur nombre les encouragea, & réfolus d'être plus hardis à l'avenir, ils rapellerent l'armée Venitienne. Elle avoit toujours gardé fon pont d'Alberé, & le départ des troupes Françoises, qui toutes s'étoient rendues au camp de Gafton, lui laiffoit les chemins libres. Gritti revint donc, & dès qu'il fut arrivé près de Breffe, les païfans le joignirent en grand nombre. Soutenu par cette multitude, il fit donner l'efcalade à la ville par trois endroits. La garnifon Françoife étoit foible & les bourgeois mal intentionnez pour la nation. Ainfi cette garnison obligée à garder en même tems les dehors & les dedans de la place, laissa bien des Dès qu'on fçut à Bergame & dans les autres villes conquifes par Louis XII. après la journée d'A gnadel, que les Venitiens étoient dans Breffe, on s'empreffa par tout de fe déclarer pour eux. Leur bonne fortune auroit même pû devenir durable; fi moins tranquilles fur les fuccès de l'armée qui affiégeoit Bou logne, ils cuffent eu le foin de met tre Gritti en état de prendre le Château de Breffe, au lieu de s'amufer, comme ils firent à leurs brigues pour l'élection des Magiftrats qu'il convenoit d'envoyer dans les villes qui les avoient appellez. Gaston de Foix employoit mieux les momens. Après avoir pourvu à la fureté de Boulogne & de Ferrare, il paffa le Po à la Stellata, & le Tartaro à Ponte Molino. Le jour fuivant il marcha à Nogara, & il fut loger enfuite à Treville. Ce fut là qu'il apprit que Paul Baglione étoit campé à l'Ifola d'elle Scala, à quatre milles de lui, avec un détachement confiderable de l'armée Venitienne. Le détachement confiftoit en douze cens hommes d'infanterie, quatre cens chevaux legers & trois cens hommes d'armes. Gafton ordonna à fon armée de le fuivre, & s'étant mis à la tête d'un détachement de trois cens lances & de fept cens hommes des Ban 1511. I SII. des Françoifes, il prit les devants pour arriver plutôt fur l'ennemi & retarder fa retraite. Il trouva qu'il étoit délogé de l'Ifola une heure avant fon arrivée; mais ce contretems, qui auroit refroidi un guerrier moins ardent, ne l'atiédit pas, & il continua de fuivre la pifte des Venitiens avec chaleur. Le deffein de Paul Baglione étoit de fe fauver en paffant l'Adige fur le pont que les Venitiens confervoient à Alberé, Malheureusement celui qui gardoit ce pont venoit de le rompre fur la nouvelle que l'armée Françoise étoit en deçà du Po. Ainfi Baglione, trop avancé pour gagner fon armée qui étoit à Breffe, remonta l'Adige, dans le deffein de traverser ce fleuve à un gué qu'il fçavoit être fous Verone. Mais Gafton l'ayant atteint auprès de la Torré d'ella Scala, il fut obligé à faire face, fe trouvant ferré entre l'Adige & les François. Ses trou pes furent défaites, la plupart des fuyars noyez en voulant traverfer l'Adige à la nage, & Baglione fut prefque le feul affez heureux pour gagner l'autre bord du fleuve. Après cet avantage les François continuerent leur marche vers Brefle, & ils défirent encore le lendemain une partie de la cavalerie légere Venitienne, qui malheureusement pour elle le trouva fur leur chemin. Melagre de Forli qui la commandoit, fut fait prifonnier dans la déroute. Enfin Gaston de Foix arriva en vue de Breffe à la tête de ses troupes; il avoit fait en neuf jours plus de cinquante lieues de France dans le mois de Février, par un vilain tems & par les chemins de Lombardie, que tout autre que lui auroit trouvez impraticables dans cette faison. En arrivant il empor ta le Monaftere de S. Fridiano, bâti vis-à-vis la porte de Torre ISI |