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pouvoient paffer pour des profpé-
ritez de la République, en com-
paraifon des defaftres dont les for-
ces de l'Allemagne & de la France,
réunies contre elle, la menaçoient
à l'ouverture de chaque campagne.
Telle étoit la fituation des Veni-
tiens, que c'étoit vaincre,quede ne
pas être mis hors de combat. Louis
XII. pouvoit bien fuppléer à la né-
gligence de Maximilien, & faire
pour lui les frais des fiéges de Pa-
doue & de Trévife. La prife de ces
places auroit mis pour jamais les
Venitiens hors de la Terre ferme.
Mais l'appréhenfion de furcharger
fes peuples lui faifoit épargner fes
finances en des conjonctures, où il
auroit ménagé des tréfors en dé-
penfant quelqu'argent. Ces épar-
gnes furent peut-être la pierre d'a-
chopement de fes liaifons avec
Empereur. Quoiqu'il en foit, bien-
tôt Maximilien témoigna de la froi-
deur
pour la tenue du Concile. Il

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1511. ne faifoit aucun devoir

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paffer les Prélats de l'Empire, & quoiqu'il fût convenu de Pife pour le lieu de fon, affemblée, comme fi rien n'eût été arrêté, il proposoit qu'on le tint à Mantouë, à Verone ou bien à Trente. Jules II. profitoit de fes irréfolutions. Sur l'avis que lui donna le Cardinal del Monté, d'oppofer Concile à Concile, il en convoqua un pour être tenu à Rome en l'Eglife de S. Jean de Latran au mois d'Avril 15 12.

Pour répondre à la citation des cinq Cardinaux qui adheroient au futur Concile de Pife, le Pape lança une bulle fulminante contre les trois d'entr'eux qu'il crut les plus fermes. Il les y déclaroit déchus de tous leurs benefices & dignitez Ecclefiaftiques, fi dans foixante jours ils ne fe presentoient devant lui, & il exhortoit les deux autres de fe trouver à fon Concile. En même tems il prenoit des mesures

avec le roy d'Arragon, qui d'intelligence avec lui faifoit passer à Naples l'armée qu'il avoit levée en Efpagne, fous le prétexte de l'envoyer contre les Maures d'Afrique. Sans ce prétexte Ferdinand n'eût jamais tiré des Caftillans, les plus riches des Efpagnols qui lui obéiffoient, l'argent néceffaire pour la mettre fur pied. Le fouvenir des fecours que les François leur avoient donnez contre les Maures, étoit encore récent chez une nation dont la mémoire conserve auffi fidellement le fouvenir des bienfaits que celui des injures.La convenance du commerce jointe à la reconnoiffance, avoit donc formé entre les Caftillans & les François l'union la plus grande qu'on ait jamais vue entre deux peuples, & jufques-là les guer res de Naples ne l'avoient point alterée. Ces guerres avoient été regardées comme une querelle particuliere aux Maifons de France &

d'Arragon. Elle s'étoit décidée 1. loin des deux Royaumes, & il n'y avoit eu dans chaque nation que quelques gendarmes qui cuffent pris part à fes avantures. L'Alliance juiée par Charles V. Roy de France, & par Henry II. Roy de Caftille, qui fubfiitoit encore dans toute fa force, étoit même finguliere. Il étoit énoncé dans cette Alliance, * qu'elle étoit non feulement de Roy à Roy, & de Royaume à Royaume, mais auffi d'homme à homme; en forte que par tout où les Caftillans & les François fe trouveroient, ils feroient tenus de s'entr'aider comme freres.

Ferdinand ne commandoit en Caftille que fous le bon plaifir des trois Corps ou des Etats du païs qui étoient encore revêtus de la grande autorité, qu'ils n'ont perduë que

* Voyez le Livre de du Rofel, De antiqua Galliam inter & Hifpaniam concordia imprimé en 1660..

vers le milieu du regnede Charles I. fon petit fils. Vainement en 1538. Ferdinand auroit demandé du fecours auxCaftillans contre laFrance. Les engagemens des Arragonnois avec les François n'étoient pas des liaifons fi étroites, mais le commerce avec les François leur étoit aussi néceffaire qu'aux Caftillans, & Ferdinand pour être Roy en Arragon, n'y étoit pas le maître. Les privileges des Arragonnois étoient alors dans toute leur vigueur, & ces privileges réduifoient leur Roy au pou voir d'un fimple chef de compagnie. Ferdinand proposa donc aux Etats d'Arragon, & dans la fuite à ceux de Caftille de lever une armée pour faire une descente en Afrique, & pour s'y emparer des poftes dont les Maures s'étoient prévalus, lorsqu'ils pafferent dans le Continent d'Espagne. On lui accorda fa demande, mais dès que l'armée fut fur pied, il la fit paffer

1.51

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