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envoyeroit les Prélats du Royaumé 512. au Concile de Latran, & qu'on protégeroit le Pape envers & contre tous. L'Ambafladeur de France à Londres reçut même un ordre de fortir d'Angleterre, parce qu'on n'y vouloit plus voir le Miniftre d'un Prince ennemi du faint Siége. Louis XII. ne l'étoit que de la Cour de Rome, mais après une telle démonstration, il ne pouvoit plus douter que les Anglois ne rompiffent bientôt avec lui.

Les incertitudes de l'Empereur ne lui donnoient plus des inquiétudes. Ses inquiétudes à cet égard étoient devenues une veritable crainte, & ce Prince ne pouvoit plus fe cacher qu'après tout ce qu'il avoit fait pour Maximilien, il faudroit le compter bientôt au nombre de ses ennemis. L'Empereur difoit bien encore qu'il vouloit toujours obferver la Ligue de Cambray, mais il étoit fenfible par

Pinjuftice de fes plaintes, & par la nature des conditions propofées de 1 5 1 2. fa part pour la continuation de l'Alliance qu'il cherchoit à s'attirer des refus pour en faire le prétexte d'une rupture. Il demandoit que le Roy s'en raportât fans réserve à sa décifion fur tous fes démêlez avec le Pape. Qu'il fit époufer à Charles, Prince d'Espagne, Renée de France fa feconde fille à peine âgée de deux ans. Qu'il lui donnât le Duché de Bourgogne en dot, & que la dot & l'époule fuffent dès-lors remifes entre les mains des Allemands. Il ajoûtoit encore, que l'armée de France ne pourroit pas entrer dans l'Etat Ecclefiaftique, ni occuper dorefnavant un pouce de terre en Italie. L'iniquité des propofitions. de l'Empereur n'étoit pas encore ce qu'il y avoit de plus fâcheux dans fa conduite, mais bien le peu de difpofition qu'il avoit à obferver aucun accord. Il fut toujours

plus facile de tirer de Maximi1512. lien une parole, que de l'engager à la tenir. Cependant il n'envoyoit point les Prélats de l'Empire au Concile comme il s'étoit obligé à le faire. Au contraire il avoit connivé à la décifion que venoit de faire le Clergé d'Allemagne affemblé dans Augsbourg: Que le Concile de Pile étoit un conciliabule fchifmatique. Il falloit néanmoins que Louis XII. pour ne point précipiter la déclaration de Maximilien, tint toûjours aux ordres de ce Prince Verone, pour lui garder quatre mille hommes d'infanterie & quatre cens lances, & cela, dans un tems où la France avoit befoin de toutes les forces.

Le Vidame d'Amiens que Louis XII. avoit envoyé aux Cantons, lui écrivoit encore de mauvaises nouvelles. Il lui mandoit qu'il leur avoit offert inutilement beaucoup plus qu'ils n'avoient demandé d'a

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bord. Que les Cantons demeuroient fermes dans l'Alliance du 15 1 2. Pape & des Confederez, & qu'inceffamment ils leur envoyeroient fix mille hommes. Les Florentins depuis la tranflation du Concile de Pile à Milan, paroiffoient racommodez avec le Pape; & les amis du Roy de France dans le Gouvernement l'avertiffoient même

que ce ne feroit pas fans peine qu'il

viendroit à bout de renouveller le traité d'amitié & d'affiftance qui étoit entre lui & la République. Suivant la maniere de rédiger alors les traitez, celui-là n'étoit que pour un tems, & le terme de la durée devoit bientôt expirer. Le Duc de Ferrare & les Bentivolles étoient les feuls Alliez fur lefquels Louis XII, pût compter, mais ils étoient des Alliez dont l'union l'afoibliffoit plus qu'elle ne le fortifioit. L'embarras n'étoit pas de telle nature qu'on en pût fortir par la feule voye de la

négociation. Tâcher de le faire, 112. c'étoit donner à fes ennemis déclarez le tems de fe reconnoître; & à ceux qui vouloient le devenir, le loifir de ménager leurs traitez & de concerter leurs entreprifes. Louis XII. réfolut donc de fe fervir de l'avantage qu'un Prince puiffant a fur d'autres Princes plus foibles qui fe réuniffent contre lui; de pouvoir les prévenir. Des fuccès éclatans intimident les ennemis, & ils ôtent à ceux qui ne fe font pas encore déclarez, l'envie de rompre. Enfin des propofitions de paix moderées comme furent toûjours celles de Louis XII. devoient paroître d'un bien plus grand mérite quand il auroit encore couronné fes précédens fuccès par le gain d'une gran de bataille.

Gaston de Foix reçut donc l'ordre de chercher l'armée de l'Union & de la combattre par tout où il la trouveroit. Quoique depuis deux

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