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Apr. J. C. Houmaioun.

Schir khan, autrement Schir schah, obligea fon maître d'abandonner les Indes pour se réfugier auprès de Schah thamas qui régnoit en Perfe; celui-ci reçut Houmaioun avec générofité, & le renvoya dans l'Inde avec une armée commandée par Bahram khan. Houmaioun fut rétabli fur le trôL'an 1553. ne des Indes qu'il garda jusqu'à sa mort (a).

Akbar.

Dgelaleddin mohammed, furnommé Akbar, fuccéda à fon Menguchi. pere Houmaioun, & étendit plus loin que fes prédéceffeurs l'Empire du Mogol. Akbar porta d'abord la

guerre dans le Royaume de Guzarate, où régnoit Sulthan bahadour, Prince Mahométan, auquel les Portugais venoient d'enlever la ville de Diw fituée dans le voisinage de Surate. L'approche du Mogol obligea les deux nations, auparavant ennemies, de réunir leurs forces. Les Portugais donnerent des fecours à Bahadour; mais les alliés furent vaincus, & Akbar par cette victoire devint maître de tout le Guzarate. Il tourna enfuite fes armes du côté du Royaume de Decan, où plufieurs petits Souverains s'étoient établis. Moustapha régnoit dans Brampour & Acer; une Princeffe, nommée Candé, commandoit dans Amadnagar; & Ambar étoit maître de Doulet abad. Tous oublierent leurs anciennes inimitiés, & leverent une armée de quarante mille chevaux ; les deux petits Princes & la Princeffe elle-même fe mirent à la tête. Ils furent cependant vaincus, & chacun fe retira dans fon pays, défendit long-tems fa capitale, & fuccomba enfin sous les armes du vainqueur. C'eft après ces victoires qu'Akbar tranfporta fa Cour à Agra, ville alors peu confidérable. Il foumit enfuite Chitor qui appartenoit à Rana, Prince Indien. Il étouffa une révolte dont fon fils Dgihanghir étoit le chef, & pardonna à ce jeune Prince. Il envoya une armée de quatre-vingts mille hommes du côté de Caboul, où s'étoit retiré un refte des Patanes, mais cette armée périt dans les deferts. Akbar, pour rendre fes Etats floriffans, fit venir un grand nombre d'étrangers à fa Cour. Il s'attacha plufieurs canoniers Anglois, des artifans de Goa, & fur-tout des Miffionnaires du Bengale. Commerce Prince paroifsoit avoir

(a) L'an 960 de l'Hegire

Apr, J. C.

beaucoup d'inclination pour le Chriftianisme, le P. Jérôme
Xavier compofa pour lui une Hiftoire de J. C. en langue
Perfanne. Les Mahométans en murmurerent, & engage-
rent fon fils Pahari, qui prit alors le nom de Morad, à fe
mettre à leur tête, mais le jeune Prince fut tué dans l'ac-
tion qui fe donna proche de Cambaia. Akbar qui portoit
toujours fur lui des pillules empoisonnées, avec lesquelles
il fe défaifoit des Officiers dont il étoit mécontent, en prit
une de celles-ci pour d'autres qu'il portoit auffi, & s'em-
poisonna ainfi lui-même (a) après un regne de 54 ans. Il étoit
maître des provinces de Candahar, de Caboul, de Kasch Rhoé.
mir, de Guzarate, de Sind ou Tatta, de Kandisch, de Bram-
pour, de Berar, de Bengale, d'Orixa, de Malow, d'Agra,
de Dehli, & de plufieurs autres.

L'an 1605.

En mourant ce Prince mit fon turban fur la tête de fon Dgihan fils Selim, qui prit alors le titre de Selim schah & de Dgi- ghir. hanghir. Plufieurs Princes fe déclarerent en faveur du Sulthan Khofrou, fils de Dgihanghir, fous prétexte que celuici avoit été deshérité par Akbar après fa révolte. Dgihanghir étoit mauvais Mufulman, affectoit d'aimer le Chriftianisme pour avoir la liberté de boire du vin. Il abandonna Egra pour fe retirer à Lahor qui eft plus au Nord, & dont l'air eft par conféquent plus tempéré. Il fe laiffa gouverner par une femme nommée Nour-mahal à laquelle il donna le titre de Nour-dgihan, la lumiere du monde. Elle excita des troubles violens dans l'Empire par fa trop grande ambition: les fils de l'Empereur qui avoient été éloignés de la Cour par fes intrigues, fe révolterent. Dgihanghir vivoit dans les débauches & dans l'oifiveté; Schah abbas, Roi de Perfe, lui enleva le Candahar. Sulthan Couroun, fon propre fils, ofa lui livrer bataille; les Uzbeks firent une incurfion du côté de Caboul; un de fes Miniftres prit les armes, & L'an 1627 le fit prifonnier. C'eft après tant de troubles que ce Prince mourut laiffant un Empire déchiré par plusieurs factions.

han.

Schah couroun, autrement Schah dgihan, fuccéda à Dgi- Schah dgihanghir fon pere, & ne fut pas plus heureux que lui. Il

(4) L'an 1014 de l'Hegire,

Apr. J. C. remporta quelques avantages fur les Portugais, fe plongea Schah dgi- dans la débauche & les plaifirs, fit des dépenfes exceffi

han.

zeb.

L'an 1702.

ves, devint enfuite avare. La Cour fut pleine de factions; fes enfans s'armerent les uns contre les autres; Schah dgihan devint leur prifonnier, & ne vécut que pour les voir 'Avreng- fe difputer le trône. Le parti d'Avrengzeb prévalut, & ce fut lui qui fuccéda à fon pere. Il fe fit couronner le vingt d'Octobre 1660, fon pere étant encore vivant. Avrengzeb fut un des plus puiffans Monarques de l'Inde. Il foumit les Royaumes de Vifapour, de Golkonde & de Carnate. Son nom qui fignifie trône d'or, lui avoit été donné par fon pere Schah dgihan, à l'occafion du fuperbe trône que ce Prince avoit fait élever, & qui étoit eftimé plus de vingt millions. Avrengzeb mourut âgé de quatre-vingts-dix ans, laiffant le Schiahalem trône à fon fils Schah alem qui défit fes freres qui vouloient lui enlever l'Empire, & mourut à l'âge de foixante & huit ans. Après fa mort fes quatre fils se difputerent le trône de l'Indoftan, & périrent dans la même année. Moezzedin, l'un d'eux, eft regardé comme l'Empereur; il eut pour fucceffeur fon neveu Faroukh schir, dépofé en 1719. Enfuite Raschidedderedgiat, autrement Rafierdan, petit-fils de Schah alem, régna, & fut tué trois mois après. Son frere Rafchid eddoulet qui lui fuccéda, mourut en 1723. Alors Mohammed schah, petit-fils de Schah alem, monta fur le trône. C'eft fous fon regne que Thamas coulikhan, autrement Nadir fchah, pénétra dans l'Inde, foumit ce pays, & après s'être contenté de la ceffion de quelques provinces, laiffa Mohammed fchah fur le trône, & s'en retourna en Perfe.

L'an 1708.

Les Etats poffédés par ces Princes, dont on trouve la description dans un grand nombre de Voyageurs, font fort étendus, & habités en partie par des étrangers, tels que les Tartares, les Mahométans & les Ghebres venus de Perfe; en partie, par les naturels du pays. Ceux-ci ont une religion Mafondi. qui leur eft particuliere, dont les Brahmes font les Prêtres. Leurs grands Dieux font Brahma, Vischnou, Efvara ou Ifouren, appellé encore Chiven. Sous ces premiers Dieux ils en admettent trois cens trente millions d'autres inférieurs,

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dont les uns font des anges, & les autres des mauvais ge- Apr. J. C. nies. Quelques Ecrivains rapportent que Brahma, ou Brah- L'an 1712 man, n'étoit qu'un Roi de l'Inde qui fut le Chef & le Légiflateur des Indiens, qu'il fit fleurir les fciences, découvrit les mines & l'ufage des métaux ; fit conftruire des temples, dans lefquels il avoit peint les douze fignes du zodiaque & les planetes; & qu'il fit compofer un Livre appellé Sind hind, c'est-à-dire, le Livre du fiècle des fiécles. Brahman penfoit que le foleil reftoit trois mille ans dans chaque figne du zodiaque, & qu'il employoit trente-fix mille ans à faire fa révolution entiere; qu'après cette grande révolution la terre devoit changer entiérement de face & feroit bouleversée, que ce qui étoit au Nord pafferoit au Midi, & ce qui étoit défert deviendroit habité. Mais les Indiens ne s'accordent tous fur ce renouvellement du monde; quelques-uns penpas fent qu'il ne fe fait qu'après foixante & dix mille ans, & ils appellent cette grande révolution Hazarouan. Brahman confidéré comme Roi régna, à ce que l'on prétend, trois cens ans (a). Je n'entrerai ici dans aucun détail fur la Religion Indienne qui nous eft connue par les relations des Voyageurs, auxquelles je n'ai rien de particulier à ajouter.

(a) On lui donne pour fucceffeur fon fils Bahboud qui augmenta le nombre des temples. Sous fon regne les hommes étoient fort adonnés aux Sciences, & l'on inventa le jeu appellé Nard. Il a régné 100 ans. Son fils Zaman qui lui fuccéda, eut de grands démêlés avec les Rois de Perfe & de la Chine; il régna 150 ans. Après lui régna pendant 140 ans Phouz ou Phor, vaincu par Alexandre; enfuite Dabfchelim,

fous lequel Pilpai compofa le livre ap-
pellé Kalila-ou-Damna, qui contient
dans des apologues la morale & la po-
litique des Indiens. Sous Yalhith fon
fucceffeur, on inventa le jeu des échecs.
Après fon régne qui dura 120 ans, les
Indiens furent divités. Il y eut un Roi
du Sind, un de Canoudge, un de Kasch-
mir, & un de Manlir qu'on nommoit le
Balhara. Telles font les traditions rap-
portées par Mafoudi.

Apr. J. C.
Gaubil.

Batour

Senga

LES KALMOUKS, OU ELEUTHES.

L

'HISTOIRE des Kalmouks, autrement appellés Eleuthes, ne nous eft point connue, principalement celle qui concerne les premiers tems de la révolution qui a donné naiffance à leur Empire. Plusieurs Ecrivains avancent que les Khans de ces Kalmouks font defcendus de Tamerlan, nous ignorons par quel Prince. Il auroit paru plus vraisemblable de les faire venir de Genghizkhan, dont les defcendans étoient encore maîtres de ces pays dans le tems de Tamerlan, & on ne voit point que ce Conquérant ait détruit cet Empire. Il y a fait de grandes incursions, il a obligé les Princes de fe retirer, mais l'Hiftoire ne nous apprend point qu'aucun de ses enfans ait poffédé cette partie de la Tartarie, à moins que Veïs, fils d'Ahmed, fils d'Abousaïd, qui fe retira dans le Turkeftan auprès de fes parens maternels, ne fe foit dans la fuite, lui ou fes enfans, emparé de cette contrée. Quoi qu'il en foit, on donne à ces Princes le titre de Kontaisch, ou plutôt Khan-taisch, & celui de Tchong-kar ou Ghiong-kar, qui fignifie, celui qui commande aux pays Orientaux.

Vers le commencement du fiécle paffé ces vaftes pays kontaifch. étoient gouvernés par Batour kontaisch, qui laiffa de fes Unkowski. neuf femmes douze enfans, dont l'aîné, nommé Sen ga, fut déclaré fon fucceffeur. Il lui donna la plus grande partie de fes fujets, & l'autorité fur fes autres enfans qui furent obligés de lui obéir. Après la mort de Batour konkontaifch. taifch Senga monta fur le trône, & reçut, fuivant la coutume des Tartares, du Dalai-lama qui réfide à Barantola ou Laffa, le titre de Kontaisch. Ses autres freres, jaloux de le voir revêtu de la fouveraine autorité, le maffacrerent pendant une nuit. Sa femme, Princeffe d'efprit & de courage, avec ses trois enfans (a) qui étoient en bas âge, raffembla les Saiffans, c'eft-à-dire, les Nobles du pays, fe faifit des

(a) Tfahan araptan, Solom araptan, & Danfchin ambou.

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