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Jofle Raveftein & Jean Leonard Haflels. Il m. à Bruges le 2 Mars 1559, à 71 ans. On a de lui plufeurs Ouvr. de Théologie.

TARAISE, Patriarche de C. P., étoit Fils de Georges, l'un des principaux Magiftrats de cette Ville. 11 s'acquit beaucoup de réputation par fa vertu & par fa capacité dans les affaires, & fut élevé à la digni.é. de Conful, puis choifi pour être premier Secretaire d'Etat fous le regne de Conftantin & d'Irene, qui le firent enfuite élire Patriarche de C. P. en 784. Taraise écrivit auffitôt au Pape Adrien, & fit célebrer le ze Concile général de Nicée, en 787, en faveur des faintes Images. Il gouverna fon Eglife avec piété & avec fagelfe, & m. en 806. Nous avons de lui, dans la Collection des Conciles une excellente Epitre écrite au Pape Adrien.

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TAKISSE, (Dom Jean Grégoire) né le 29 Juin 1575, à Pierre-Rue, près de Cefteron petite ville du basLanguedoc, fut le premier Général de la Congrégation de S Maur, qu'il gouverna avec prudence & avec édification, depuis 1630 jufqu'en 1648. Il m. le 24 Sept. de cette derniere année après s'être dé mis dès le mois de Mai précédent. On a de lui d'excellens Avis aux Supérieurs de fa Congrégation, imprimés en 1632. in-8°. Il étoit lié d'amitié avec S. Vincent de Paul, & avec M. de Solminiac, Eveq. de Cahors.

TARPA, (Spurius Metius, ou Matius fameux Critique à Rome, > du tems de Jules Cefar & d'Augufte, avoit fon Tribunal dans le Temple d'Apollon, où il examinoit les Pieces des Poètes avec 4 au tres Critiques. On ne repréfentoit aucune Piece de Théâtre, 'qui n'eût été approuvée de Tarpa, ou de l'un de fes 4 Collegues. Les Connoiffeurs n'étoient pas toujours fatisfaits de fon jugement. Cependant Horace, le plus judicieux Critique de fon tems, en parle avec éloge.

TARPEYA, Fille de Tarpeïus, Gouverneur du Capitole fous Ro

mulus, livra le Capitole à Tatius, Général des Sabins, à condition que fes Soldats lui donneroient ce qu'ils portoient à leurs bras gauches, défignant par là leurs brallelets d'or; mais Tatius, étant maître de la Fortereffe, 746 avant J. C., jetta fur Tarpeïa fes bra felets & fon bouclier qu'il avoit au bras gauche, & aïant été imité par fes Soldats, Tarpeïa fur accablée de braffelets & de boucliers, & fut enterrée fur ce Mont, qui, de fon nom, fur appellé Tarpeïen. Il fut enfuite destine au fupplice de ceux qui étoient coupables de trahifon ou de faux témoignage. On les précipitoit du haut de la Roche Tarpeienne, fuivant la Loi des 12 Tables.

TARQUIN 'Ancien, Roi des Romains, étoit Fils de Demaratus Corinthien. Il naquit à Tarquinie. ville de Tofcane, & alla à Rome par le confeil de fa Femme Tanaquille. Il s'éleva jufqu'au Trône par la Politique, & fuccéda au Roi Ancus Martius, 615 av. J. C. Il inf titua les Jeux du Cirque foumit quelq. Peuples voilins, augmenta le nombre des Sénateurs, & jetta les premiers fondemens du Capitole, où il fit bâtir un Temple à Jupiter. On dit aussi qu'il introduisit la coutume des Faifceaux de verges qu'on lioit autour des Haches des Magif trats, les Robbes des Rois & des Augures, les Chaires d'ivoire des Sénateurs, avec les Anneaux & les Ornemens des Chevaliers & des Enfans des Familles nobles. Il fut affaliné par les deux Fils d'Ancus Mattius, 177 avant J. C., à So ans, après en avoir regné 38. Servius Tullius, fon Gendre, lui fuccéda. Voyez TANAQUILLE.

TARQUIN le Superbe, ainfi nommé à cause de son orgueil, étoit parent de Tarquin l'Ancien. Il époufa Tullia, Fille du Roi Servius Tullius; & dans l'impatience de regner, il affaffina ce Prince & fe mit fur le Trône, 531 avant J. J. C. On affure qu'il introduifit, le premier, dans Rome l'ufage de l'exil & des tourmens, & qu'il traita avec une

cruauté inhumaine les Nobles mêmes & les Sénateurs. Il acheva le Capitole, & bâtit un Temple qui étoit commun à tous les Latins. Son Fils s'étant retiré chez les Gabiens, y acquit beauc. d'autorité, & envoia lui demander les moyens de la conferver. Le Député trouva Tarquin qui fe promenoit dans un jardin, & ce Prince, pour toute réponse, fe contenta d'abbattre à fes yeux les têtes des pavots qui s'élevoient au-deffus des autres. 'Son Fils, auquel on rapporta cette action, comprit auflitôt ce que fon Pere vouloit dire, & fit couper la tête aux plus confidérables d'entre les Gabiens. Les Romains, indignés de la cruauté de Tarquin, & des débauches de fes Enfans, réfolurent de le détrôner. La violence que fon Fils Sextus fit à Lucrece en fut un prétexte plaufible. Ils exécuterent ce deflein, 509 avant J. C., dans le tems que Tarquin étoit occupé au fiege d'Ardée. Ce Prince avoit regné 14 ans. Il tenta inutilement de remonter fur le Trône. Les Romains aimerent mieux vivre en République. TARQUIN Collatin. Voyez COL

LATINUS.

TARTAGLIA. V. TARTALEA. TARTAGNI, (Alexandre) habile Jurifconfulte du 16e fiec., furnommé d'Imola, parcequ'il étoit natif de cette Ville , enfeigna le Droit à Bologne & à Ferrare, avec tant de réputation, qu'on le nom. ma le Monarque du Droit, & le Pere des Jurifconfultes. Il m. à Bologne en 1487, à 53 ans. On a de lui des Commentaires fur les Clé mentines, & fur le Sexte, & d'autres Ouv., dont il y a pluf. Editions.

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fcientia, imprim. à Venife, ea 1537, & dans les Quefiti ed inve tioni diverfe, imprim. dans la même Ville en 1546. Il a auffi traité de la Géométrie, de l'Ari.hmétique & de l'Algebre, a fait une bonne Traduction latine des Elémens d'Euclide avec de fav. Comment. & d'autres Ouvr. imprim. en 3 vol. Il m. fort âgé en 1557.

TARTERON, ( Jerôme) fameux Jéfuite, natif de Paris, mort en cette Ville, le 12 Juin 1720, à 75 ans, eft Auteur d'une Traduc tion françoife des Euvres d'Horadont la meilleure Edition cft

ce,

celle de Paris en 1713, 2 vol. in-12. & d'une Traduction des Satyres de Perfe & de Juvenal, dont la derniere Edition eft celle de 1737. in 12.

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TASSE, (Torquato Taffo, ou le) très cél. Poète Italien, naquit le 11 Mars 1544, à Sorrento, dans le Royaume de Naples, d'une Maifon illuftre. Il fit fes Etudes à Padoue, & il fe diftingua par fes talens pour la Poélie. Il fuivit le Nonce en France du tems du Roi Charles IX, & mérita l'eftime & les bienfaits de ce Monarque. Il retourna à Ferrare, & il y publia fon fameux Poême de la Jerufalem délivrée, qu'il avoit achevé en France, dans l'Abbaïe de Châlis, dont le Card. d'Eft étoit Abbé. Il conpofa d'autres Pieces ingénieufes, & introduifit, le premier, les Bergers fur le Théâtre, dans fon Aminte qui a été le modele des Comédies paftorales. Le Taile eut de grands différends avec les Académiciens de la Crufca, qui avoient cenfuré la Jérufalem délivrée. Il fe fit des affaires à Ferrare, & y fut mis en ptifon. Il penfa alors perdre l'efprit par l'amour extravagant qu'il avoit conçu pour Eleonore d'Eft, Sœur d'Alfonfe, Duc de Ferrare. Le refte de fa vie fut une fui-e continuelle d'infortunes. Il s'arrêta quelq. tems à Pavie, alla enfuite à Naples, & fat appellé à Rome par le Cardinal Aldobrandin, Neveu du Pape Clément VII. 1 m. en cette Ville,

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dans une extrême pauvreté, en
1595, à 51 ans. Ses Poéfies lui ont
acquis une réputation immortelle.
Les principales font 1. Sa Jerufalem
délivrée, ou le Godefroy. 2. Sa Jé-
rufalem conquife. 3. Son Renaud.
4. Les fept journées de la Création
du Monde. 5. La Tragédie de To
rifmond. 6. La Paftorale d'Aminte,
qui eft fon chef-d'œuvre & dont la
meilleure Traduction françoife elt
celle de Pecquet en profe, imprim.
en 1734, &c. Tous les Ouvr. du
Tafle ont été imprimés à Florence
en 1724, en 6 vol. in-fol., avec les
Ecrits faits pour & contre la Jéru-
falem délivrée. On a donné en
italien, une magnifique Edition de
ce dernier Poême, à Venise en 1745,
in-fol. La meilleure Edit. de la Tra
duction françoife que M. Mirabaud
en a faite, elt celle de Paris en 1759,
2 vol. in-12. Le Taffe prétendoit
avoir un efprit familier, & dès
qu'un raïon de foieil donnoit fur
les vitres de fon Cabinet, il quittoit
tout pour écouter cet Efprit, & lui
répondoit enfuite par tout ce qu'il
y avait de plus beau, de plus élevé
& de plus jufte dans la Philofophie
de Platon & dans toute la Morale
payenne. Il étoit dans une fi grande
mifere, qu'il pria fa Chatte par un
joli Sonnet, de lui prêter durant
la nuit la lumiere de les yeux, non
havendo candele la notte, per ifcri-
vere i fuoi verfi. L'Abbé de Char-
nes a écrit fa vie. La Jérufalem dé
livrée du Taile eft le plus beau
Poême épique que les Italiens aient
produit; mais il y a trop de pen-
fées fardées, & de faux brillans; le
ftyle en eft trop fleuri & trop af-
fecté, & le Poète y court trop après
l'Efprit: ce qui fait dire à Boileau
dans fa ge Satyre :

Tous les jours à la Cour, un
fot de qualité,
Peut juger de travers avec im-
punité:

A Malherbe, d Racan, préférer
Theophile,

Et le clinquant du Taffe, d sout
l'or de Virgile.

Bernard le Taffe, fon Pere, a fait auffi divers Ouvr. en vers & en profe, qui font eftimés. Il m. dans. un âge fort avancé, étant Gouverneur d'Oftiglia.

TASSE, (Auguftin) cél. Peintre Italien, natif de Bologne, fut Difciple de Pau! Bril, & excella dans le Paifage, dans les Tempêtes, & dans les Perfpedives.

TASSONI (Alexandre) fameux Poète Italien, natif de Modene étoit de l'Académie des Humorifies. Il affecta d'abord de critiquer & de tourner en ridicule les Ouvr. de Petrarque & d'Homere, ce qui ne lui réullit point. Il fit enfuite un Poême Héroï comique, qu'il inutuia la Secchia rapita, ou le Seau enlevé. Ce Poême fut parfaitement bien teçu. Il a pour sujet une prétendue Guerre entre les Modenois & les Bolonois, à l'occafion d'un Seau qui avoit été pris. Il devint Confeiller du Prince de Modene, & m. en cette Ville en 1635. Son Poême du Seau a été traduit en françois par Pierre Perrault. On a encore du Taffoni une Hiftoire ecclefiaftique, où il fait paroître, en beauc. d'endroits, des fentimens contraires à ceux de Baronius. M. LouisAntoine Muratori a écrit fa Vie. Peu de tems après la mort du Taffoni, on le repréfenta avec une figue à la main, pour donner à entendre, qu'après tout l'attachement qu'il avoit auprès des Grands, il n'en avoit jamais profité de la valeur d'une figue: ce que l'on exprima par ce diftique mis au bas de fon Portrait :

Dextera cur ficum, quæris, mea geftet inanem?

Longi operis merces hæc fuit : aula dedit.

TASTE, (Dom Louis la ) fam. Bénédictin, né à Bourdeaux de Parens obfcurs, fut élevé comme Domeftique dans le Monaftere des Bé

nédictins de Sainte Croix de la même Ville, fes Parens étant attachis au fervice de ce Monaftere. Les Fff iij

Religieux remarquerent en lui des difpofitions, & lui firent apprendre le latin. Après avoir fini fa Philofophie, il prit l'habit dans le Mopaftere même où il avoit été élevé, & parvint jufqu'aux prem. Charges de fa Congrégation. Devenu Prieur des Blancs Manteaux à Pa ris, il écrivit contre les fameufes Convulfions, & contre les Mira cies attribués à M. Paris: ce qui fit beauc. parler de lui, & fouleva un gr. nombre de fes Confreres, qui alloient lui fu citer de fâ heufes affaires au premier Chapitre gé néral des Bénéd &ins; lorfqu'il fut nommé à l'Evêché de Bethleem en 1738. Il devint Vifiteur général des Carmélites en 1747, & ne fit pas moins parler de lui par fa conduite 'envers les divers Monafleres de cet Ordre, qu'il avoit fait auparavant par fes différens Ecrits. lim. à S. Denys en 74, âgé d'environ 69 ans. Son plus fameux Ouvr. confifte en 21 Lettres théologiques contre les fameuses Convulfions, & les Miracles attribués à M. Paris. Il y a dans ces Lettres des faits affez cu rieux, mais peu de critique pour démêler les vrais d'avec les faux, & point de faine Théologie fur l'article des Miracles. Car Dom la Tafte y foutient que les Diables peuvent faire des Miracles bienfaifans & des guérifons miraculeufes, pour introduire ou aurorifer l'erreur ou le vice ce qui eft contraire au bon fens & à la Religion; car fi les Prêtres des Idoles avoient fait de pareils Miracles pour autorifer le Culte idolâ re, d'Apollon, de Venus, de Jupiter, ou d'Efculape, comme femble le prétendre Dom la Tafte; ceux d'entre les Païens qui auroient été ainfi guéris, n'auroient eu aflurément, pour fortir de leur erreur, aucun moïen auffi fenfible, auffi palpable, ni auffi efficace, que l'auroit été leur guérifon miraculeufe, pour les autorifer à adorer Efculape ou tout autre Dieu qui les auroit guéri miraculeufement; & ainfi leur erreur feroit retombée fur Dieu même, qui auroit donné un tel pou.

voir au Demon. Or, c'eft ce qu'en ne pourroit dire fans blafphême. Il y a beauc. d'autres raifons qui reaverfent cette prétention de Dom la Tafte; & l'Abbé de Prades l'ayant adoptée dans fa fameuse Thefe, elle fut cenfurée, avec raifon, par la Sorbonne. Ainfi, quoique ce céleb. Bénédictin foutienne une bonne caufe dans fes Lettres Théologiques, il ne la foutient pas toujours par des raifons folides, & il y avance des principes dangereux & infoutenable. Les 18 premieres de ces Lettres furent fupprimées par Arrêt du Parlement; & les Anti-Conflitutionaires les ont attaquées par quelques Ecrits remplis d'injures & d'emportemens. On a encore de Dom la Taite, 1. des Lettres contre les Carmelites de S. Jacques à Paris, auxquelles on a répondu par des Lettres Apologétiques, où la conduite de ce Prélat eft vivement critiquée. 2. Une Réfutation des fameufes Lettres pacifiques. 3. Un Ecrit in 4°, intit. Obfervations fur le refus que fait le Châtelet de reconnoître la Chambre Royale. Cet Ecrit a été condamné par les Magiftrats à être brûlé par la main du Bourreau, & a été refuté dans quel ques Ecrits. M. l'Abbé Hachette, gr. Vicaire de Reims, & Viniteur des Carmelites, a fait l'éloge de Dom la Tafte par un Lettre circulaire, que l'on peut confulter. Voy. MONTGERON.

TATIEN, Tarianus, habile Orateur & Philofophe furnommé Affirien, fut Difciple de S. Justin, & fit paroître beauc. de zele pour la Foi de J. C. Dans la fuite, il tom ba dans l'hétéfie, & fut Chef de la Secte des Encratites, ou Continens. Il avoit compofé une Harmonie des 4 Evangéliftes, dite Dianfaron, & un gr. nombre d'autres Ouvr. ; mais il ne nous refte que fon Difcours contre les Gentils, en faveur des Chrétiens; car la Concorde qui porte fon nom n'eft point de lui, non plus que les autres Ecrits qu'on lui attribue.

TATIUS, Roi des Sabins, indi

Ané de l'enlevement des Sabines,
fit la guerre aux Romains. Quel
que-tems après, la paix ayant été
conclue, il s'établit à Rome, &
quitta fon ancienne demeure de
Cures, d'où les Romains pritent le
nom de Quirites. Tatius fut affaffi-
né fix ans après, par ordre de Ro-
'mulus.

TATIUS, (Achilles) d'Alexan-
drie, eft Auteur d'un Livre de la
Sphere, que le P. Petau a traduit en
latin. On lui attribue encore le Ro-
man grec des Amours de Leucipe &
de Clitophon, dont Saumaife a don
né une belle Edition en grec & en
latin, avec des Notes. Suidas dit
que cet Achilles Tatius éroit Païen,
qu'il renonça enfuite au Paganisme,
& qu'il devint Evêque. Photius
parle de lui dans fa Bibliotheque,
c. 87.

TAVANES, (Gafpard de Saulx
de) célebre Maréchal de Fr., na-
quit au mois de Mars 1509. Il ne
devoit porter que le nom de Saulx,
qui étoit celui de fa Maifon; mais
François I voulut qu'on l'appellât
Tavanes, du nom de Jean de Ta-
vanes, fon Oncle maternel, qui
avoit rendu à l'Etat les plus grands
fervices. Jean, qui n'avoit point
d'Enfans, fut Aatté de cette diftinc-
tion, qui alloit faire revivre un
nom illuftre à la veille d'être éteint.
Le jeune Tavanes fur élevé à la
Cour, en qualité de Page du Roi. Il
fe trouva auprès de ce Prince à la
bataille de Pavie, & il y fut fait
prifonnier avec lui. Il entra enfuite
dans la Compagnie du gr. Ecuyer
de France, en qualité d'Archer; Pla-
ce alors très recherchée par la jeune
Nobleffe. Il devint Guidon de cette
Compagnie, & fervit dans les guer-
res de Piémont, où il fe diftingua.
Ayant gagné les bonnes graces du
Duc d'Orléans, fecond Fils de Fran-
çois I, ce jeune Prince le nomma
Lieutenant de fa Compagnie, & fe
l'attacha particulierement. Comme
ils étoient l'un & l'autre d'un ca-
ra&tere extrêmement vif, hardi &
entreprenant, ils fe livrerent à tou-
te l'impétuofité de leur âge, & firent

differentes folies, dans lefquelles
ils couroient ordinairement rifque
de la vie. Ils paffoient à cheval à
travers des buchers ardens; ils fe
promenoient fur les toits des mai-
fons, & fautoient quelquefois d'un
côté de la rue à l'autre. Ils cher-
choient querelle aux Perfonnes en
armes pendant la nuit, & ils fe bat-
toient même quelquefois entr'eux,
quand ils ne trouvoient point avec
qui fe battre. Ils porterent, un jour,
un Pendu dans le lit de la Ducheffe
d'Uzés. Une autre fois, on dit que
Tavanes, en préfence de la Cour,
qui étoit alors à Fontainebleau
fauta à cheval d'un rocher à un au-
tre, qui en étoit diftant de 33 piés.
Tels étoient les amufemens du Prin-
ce, de Tavanes, & en général, des
jeunes gens de qualité qui étoient
attachés au Duc d'Orléans; auffi les
appelloit-on communément la Ban-
de enragée fuivans s Enfans de
France. La guerre mit fin à ces fo-
lies, & Tavanes fuivit le Duc d'Or-
léans, qui fut nommé pour com-
mander une Armée dans le Luxem
bourg, tandis que le Dauphin en
conduifoit une autre dans le Rouf-
fillon. Au retour de cette Campa-
gne, où le Duc avoit réussi en sui-
vant les confeils de Tavanes, ce-
lui ci fut commandé pour aller met-
tre Garnifon à la Rochelle, qui s'é-
toit révoltée, en 1542, à l'occafion
de la Gabelle. Il ramena les Rebelles
à leur devoir, & contribua, en
1544, au gain de la bataille de Ce-
rifoles. Le Duc d'Orléans étant m.
l'année fuiv., le Roi donna à Tava-.
nes la moitié de la Compagnie de ce
Prince, & le fit fon Chambellan.
Henri II, qui monta fur le Trône
en 1547, après la mort de Fran
çois I, ne témoigna pas moins d'ef-
time pour Tavanes. Il le nomma,
en 1552, Maréchal de Camp, Place
d'autant plus honorable, qu'alors
il n'y en avoit que deux dans une
Armée. Cette même année, il fut
pourvu du Gouvernement de Ver-
dun. Il fe fignala enfuite dans diffé-
rentes guerres qu'eut le Roi avec
l'Empereur Charles V, furtout à la
Fff ii)

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