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leur a livré le Monde entier (1); & en un inftant, ils ont parcouru l'Univers pourroient-ils en méconnoître l'Auteur?

Dès que les Phyficiens font en garde contre la vanité, d'ordinaire l'innocence accompagne leurs recherches. Occupés des douceurs que l'efprit goûte dans une admiration éclairée des merveilles de l'Univers, ils font peu fenfibles aux objets qui gâtent le cœur; & ils méprifent des voluptés capables de les dégrader, en deshonorant l'Auteur des merveilles qu'ils admirent. L'étude de la Nature, difoit Platon, n'a que des charmes fans retours amers; c'est un jeu, mais un jeu où préfide la fageffe ( 2). Hé quel

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(1) Et mundum clefiaftes cap. 3 tradidit difputa

» tioni eorum. Ec

v. II.

( 2 ) Qux qui

le occupation plus convenable plus noble? Séneque n'en connoiffoit point d'autre, qui lui parût digne de l'Homme? » Etoit-ce » la peine de naître, demandoit » ce riche Philofophe, finon pour » être initié dans les myftéres de » la Nature ( 1 )

La Religion nous donne des efpérances que Séneque n'avoit point dans fon fonds: mais enfin, l'on voit dans cet excès de prévention, à quel point les Sages ont eftimé la Phyfique An

cienne.

> dem cognitio... Įpretatione. Tom. 3: » certam nec pœ- pag. 59. C.

> nitendam

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VO

luptatem parit; moderatumque & prudentem ludum comparat. Platonis Timaus, five, de naturâ, ex Joan Serriani inter

(1). Nifi ad hæc « (naturæfecretiora) admitterer, non a fuerat operæ pre-a tium nafci. Senec.c naturalium Quaftionum lib. I. Praf.

Or la Phyfique Nouvelle eftelle moins eftimable? vous l'eftimez, Arifte. Que dis-je ? vous paroiffez n'eftimer qu'elle. A votre âge, un air de nouveauté touche & furprend; & je ne sçai fi la Phyfique Ancienne ne feroit pas en droit de fe plaindre de vous à vous-même.

Après tout, eft-il bien clair que la Phyfique Nouvelle foit auffi récente, qu'on le penfe, & qu'el le doive fi peu de fes richeffes à l'Ancienne? Si nous étions d'humeur à remonter jufqu'à la fource des chofes, , apparemment nous trouverions, du moins, dans celle-ci, l'origine de celle-là. Er comme une origine ancienne donne du prix à la Nobleffe, elle pourroit en donner à la Physique; ce feroit pour la Phyfique Nouvelle un caractére de vérité. L'antiquité des opinions de nos jours

ne peut fervir qu'à leur donner du poids ; c'eft un fuffrage impor tant, que celui d'un grand nombre de Siécles.

Quelques Modernes fe, font. égayés à défigurer la Phyfique, Ancienne pardes traits fatiriques, Mais la Raifonjuge des chofes par, l'examen des chofes mêmes, non, fur quelques traits malins de la Paffion, ou de la Prévention, qui ne goûte tantôt que l'Antiquité, tantôt que la Nouveauté: comme fila Verité n'étoit pas de tous les temps que nouvelle ou ancienne, elle ne fût pas toûjours la même, & qu'elle ne méritât point qu'on la recherchât pour ellemême.

De quelqu'endroit que la Vérité vienne s'offrir à nous, la Philofophie veut qu'on la reçoive également bien. Pour moi, je, la vois toûjours du même ceil

tantôt chez les Anciens, tantôt chez les Modernes. Et allant des uns aux autres, vous verriez avec plaifir apparemment, & l'origine de la Phyfique Nouvelle dans la Phyfique Ancienne, & une des plus belles parties de l'Hiftoire de l'Elprit humain. Quoiqu'il en foit, Arifte, puiffiez-vous, en suivant le goût que la Nature vous a donpour la Physique, y faire des découvertes nombreuses, & auffi vraies, qu'il eft certain que je fuis, &c.

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