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façon une nature mixte. Cependant, s'il eft permis de défirer encore quelque chose dans un morceau fi excellent il femble que les jambes ne font pas d'une forme auffi belle que le refte de la figure: elles paroiffent un peu tes, & pour ainfi dire bourfouflées dans le bas. Au refte, l'étude de cet Antique eft des plus importantes; c'eft le modele de toutes les divinités masculines, dans l'âge d'adolefcence, & c'est d'après lui qu'on peut apprendre à s'élever en quelque façon au-deffus de la nature, c'est-à-dire, à la rendre dans l'état de perfection qu'on peut lui fuppofer, quoiqu'elle n'existe peut-être dans aucun homme. Il faut convenir néanmoins, que cet Antique ne préfente pas la plus parfaite & la plus exacte imitation de la nature humaine, c'eft plutôt une nature divinisée, dont la beauté n'eft vraie que par fuppofition. Le modele de la nature humaine avec toutes les beautés dont elle eft fufceptible, eft le Gladiateur combattant, comme nous le remarquerons en son lieu.

La Figure premiere de la Planche 60, représente l'Apollon vû par le devant; la deuxieme, le même antique vû de trois quarts: la Planche 61, Figure premiere, le même vû par derriere; & la Figure 2, par le côté. Toute la ftatue eft fuppofée divifée en trente-une parties ou nés, lefquelles font elles-mêmes fubdivifées chacune en fix au

tres.

Antinoüs ou le Lantin. Planches 62 & 63.

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étoit un

Antinous, appellé par corruption le Lantin jeune homme d'une grande beauté, à qui l'Empereur Adrien fit ériger des ftatues pour l'immortaliser, & l'élever en quelque forte au rang des Dieux. Cette figure, qui fe voit au Vatican, eft une des plus admirables qui ayent

été confervées de l'antiquité Romaine. Le caractere de tête en est très-noble, & quoiqu'il annonce un fond de tristesse, il a cependant des graces jointes à une grande beauté. Le Sculpteur a fçû traiter ce portrait d'une maniere très-grande, fans entrer dans les détails que fembloit exiger la néceffité de la reffemblance, & qui n'auroient pû s'allier avec la maniere belle & large dont tout le refte de la figure eft exécuté. Cette difficulté paroîtra confidérable à tout Artifte qui fe fera trouvé dans la néceffité de faire une tête reffemblante fur un corps nud, ce que nous voyons très-rarement réuffir de nos jours, foit en Peinture, foit en Sculpture. Ce n'eft pas qu'on prétende par-là critiquer nos Artistes François, il y a lieu de croire, au contraire, que la chofe eft comme impoffible en France, non par le défaut de l'Artiste, mais par l'imperfection de la nature même. En effet, fi l'on confidere combien la vraie beauté des formes eft rare parmi nous, & que tout ce que nous y trouvons d'admirable, ne l'eft ordinairement que par des graces remplies de géntilleffe, & en même-tems combien cette rareté diminue à mefure qu'on s'approche des Pays Orientaux, on concevra qu'il eft très-poffible que cette belle tête de l'Antinoüs, foit en effet une imitation exacte de la nature. Cependant il y a lieu de croire qu'elle eft embellie; & en effet, l'élégance de fes contours, la foupleffe de fes mouvemens, la grandeur & la fimplicité des formes, font inimitables.

Nous remarquerons, à propos de cette figure, qu'une des beautés qu'on admire dans presque tous les Antiques de la premiere claffe, eft une poitrine large & ouverte, & des mammelles grandes & unies, caractere que nous trouvons rarement dans nos modeles.

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On a découvert depuis une autre figure de ce même Antinoüs, dans une attitude différente, mais qui ne céde en rien à celle-ci; & même, au fentiment de quelques Artiftes, elle lui eft fupérieure en plufieurs parties. Cette nouvelle figure a été trouvée dans la Ville Adrienne, qui étoit une maison de plaisance de l'Empereur Adrien; elle eft placée actuellement dans le Capitole.

La Figure premiere de la Planche 62 représente l'Antinois, vû de face avec ses mefures; la Figure 2 le fait voir par le dos; la Planc. 63, Figure 1, le représente de profil; & la Figure 2 de la même Planche, donne les mefures de fes pieds, deffinés plus en grand. Toute la statue, dans les trois premieres Figures, eft fuppofée divifée en vingt-huit parties ou nés, & celles-ci font fubdivifées en fix autres.

La Planche 64, offre un parallele des trois Figures antiques que nous venons de donner qui ont le plus de rapport l'une avec l'autre, fçavoir, la Venus,l'Apollon, & l'Antinous, chacune mefurée avec fes divifions particulieres, quoique deffinées fur une même échelle, pour en faire plus facilement la comparaison.

Laocoon. Planche 65.!

Ce fameux groupe, que l'on voit à Rome dans une des niches de la cour du Vatican, eft un des plus admirables ouvrages de Sculpture qui nous foient parvenus de l'Antiquité Grecque. Chacun fçait que Laocoon étoit un Prêtre d'Apollon & de Neptune, qui fut dévoré, avec fes deux enfans, par deux ferpens d'une grandeur énorme, comme il fe préparoit à faire un facrifice à Neptune fur le bord de la Mer. On voit ici ce vieillard infortuné, entortillé

par ces

deux serpens monstrueux, lui & ses deux fils, & faisant de vains effots pour s'en débarrasser. Ce chef-d'œuvre est l'ouvrage d'Agefandre, de Polydore & d'Athenodore, tous trois Sculpteurs de la Ville de Rhodes, en Grece. MichelAnge Buonarotti, l'appelloit le miracle de l'Art; & Pline dit qu'il étoit regardé, de fon tems, comme le plus beau morceau de Sculpture qui ait jamais été fait en marbre: il affûroit auffi que ce groupe étoit d'un feul bloc & tout d'une piece; mais Michel-Ange en apperçût le premier les jointures, quoique prefque imperceptibles. Il fut retrouvé à Rome dans les Thermes de Titus, proche les Sette

Sale.

La figure du pere, qui eft un vieillard, conserve toute la force de l'âge, & elle eft d'un caractere très-grand & très-fçavant. On y remarque la plus parfaite connoiffance de l'Anatomie, jointe au plus grand goût, dans la maniere de l'exprimer fans féchereffe. La nature y eft augmentée avec tant d'art qu'on a peine à s'en appercevoir.

L'expreffion de douleur, non-feulement de la tête, mais encore de tous les mouvemens du corps, qui fouffre & qui agit avec violence, est étonnante; on y admire encore une science parfaite de détail de toutes les formes de la nature dans les genoux, les chevilles des pieds, & dans les autres emmanchemens: parties du corps qui demandent le plus de fcience & de justesse, & dont l'exécution est la plus difficile. Auffi ce morceau de Sculpture eft-il un de ceux qu'il faut étudier avec le plus d'attention non-feulement pour s'en approprier les beautés, mais même pour apprendre à les connoître. Les deux figures de jeunes gens font auffi d'une grande beauté; les têtes en font d'un beau caractere & d'une expreffion admirable: la nature de cet âge y eft très-bien rendue. Cependant il faut

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avouer que ces deux figures n'excitent pas un fentiment d'admiration, au même dégré que celle du pere, qui non-feulement ne laisse rien à défirer, mais dont la perfection va même au-delà de ce que la connoiffance de la nature peut faire attendre d'un grand Artiste.

La figure du Laocoon, ainfi que celles de fes deux enfans, est mesurée fur cette Planche 65, par la grandeur du nez de chacune de ces figures (l'on a vû ci-devant que le nez est le tiers de la face); chaque nez est subdivisé, comme à l'ordinaire, en fix autres petites parties.

Le Gladiateur. Planches 66, 67, 68 & 69.

Cette belle figure Antique qui fe voit à la Ville Borghefe, hors des murs de Rome, eft l'ouvrage d'un Sculpteur Grec, nommé Agazius, de la Ville d'Ephefe. C'est véritablement dans cette figure qu'on doit étudier l'homme, tel que nous le connoiffons, je veux dire que l'Artifte ne l'a point chargé, & que c'eft la nature du choix le plus parfait, & dans l'âge le plus favorable, qui est entre l'adolefcence & la virilité. La pofition de cette attitude, est dans un mouvement des plus vifs que l'homme puiffe faire toutes les parties du corps font en action, & font travailler la plus grande partie des muscles, ce qui, en développant la profonde connoiffance que ce Sculpteur avoit de l'Anatomie, rend en même-tems cette figure une des plus propres pour l'étude, entre toutes celles qui nous font restées de l'Antiquité. D'ailleurs, lorsqu'on l'examine avec attention, quelles beautés de détail, & quelle finesse d'exécution n'y découvre-t-on pas ? Si les Artiftes & les Connoiffeurs font partagés fur le choix des Antiques, & fur la préférence qu'on peut leur donner,

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