XII. INSTRUCTION. De la conduite que doit tenir celui qui fe met à l'étude des Médailles, & qui veut faire un Cabinet. POUR OUR empêcher que cet Ouvrage ne fe groffiffe trop, & he rebute par la longueur les ouveaux fa Curieux, qui fouvent ont pas d'envie de s'amufer, & de fe divertir que de faire une étude fériefe: Je m'en vais renfermer dans cete detniére Inftruction, tout ce qui me reste à dire de mon fujet, dont il m'auroit été aifé de faire encore trois ou quatre Inftructions différentes : Sçavoir quelles font les Médailles rares; quels font les Livres où l'on peut s'inftruire, & trouver l'explication des Médailles, & le & le moyen de s'accoûtumer à lire fans fecours, les légendes qui font ordinairement compofées de mots abrégéz ou quel Ce que le fçavoir de quefois de feules Lettres Initiales ; c'eft fur quoi il eft néceffaire de donner quelque inftruction, comme auffi fur la conduite que doit garder celui qui embraffe cette forte d'étude.. D'abord il faut avoir acquis une Curieux doit. connoiffance médiocre de l'Hiftoire: P'Hiftoire. Grecque & Latine, & l'avoir apprife dans les fources, & non pas feulement dans les Epitomes, qui n'inftruifent jamais fuffifamment un homme, qui a besoin de mille petites fingularitéz qui ont rapport avec les Médailles, & que l'on compte pour rien quand on n'eft pas initié dans la curiofité. Plus on fera avancé dans Hiftoire, plus on trouvera de facilité & de plaifir aux Médailles, que l'on commencera à expliquer par foimême, & où tous les jours on feras de nouvelles découvertes. Mais quand même on commenceroit d'abord par les Médailles, fans avoir encore étu dié; on ne laifferoit pas d'y trouver les mêmes fecours pour l'Histoire que nous donneroient la lecture de la Vie & des Mémoires d'un Prince,, que nous aurions déja vû & connu. La Céogra phie. Il faut de plus avoir étudié avec application la Géographie ancienne: & nouvelle, pour en fçavoir faire le parallele. Sans cela l'on ne pourra jamais connoître avec plaifir les plus belles Médailles, qui font celles des Villes & des Colonies dont prefque tous les Types font inftructifs. Il faut fçavoir plus que médiocre- LaChronologie. ment la Chronologie; non-feulement par les Epoques générales & communes; mais s'il fe peut par les Epoques particuliéres des Nations, & des Villes, que l'on vérifiera enfuite avec fatisfaction fur les Médailles. Je ne parle point de la Mytholo- La Fable. gie & de la Théologie Payenne, abfolument néceffaire pour entendre les revers des Médailles, qui ne font ordinairement chargéz que de cela. C'est le noviciat du Curieux, qui faute de cette connoiffance, fe trouveroit arrêté à chaque pas, par les fymboles qui lui doivent faciliter la connoiffance des figures. Si donc il n'avoit encore aucune Livres dont avance dans toutes ces Sciences, il il a befoin. faudroit commencer par les Tables P. 11g. p. Chronologiques du P. Petau, qui font les plus aifées; étudier en même-tems le livre du P. Briet qui a le plus ibid. méthodiquement fait la comparaison p. ap de l'ancienne & de la moderne Géo graphie: fe rendre familieres les Médailles de Goltzius, & le Livre du P. Hardouin, Nummi Populorum & Urbium, où il y a mille chofes à prendre, même dans les endroits où il n'a pû atteindre la vérité. Les Médailles Grecques de M. Vaillant feront auffi d'un grand fecours par les fçavantes obfervations qu'il a mises à la fun. י, L'Hiftoire doit donc être, comme nous avons dit, la principale étude d'un Curieux, par rapport aux Médailles. Herodote, Dion, Denis d'Halicarnaffe, Polybe, Tite-Live, Tacite, Velleius Paterculus, &c. doivent être lûs & relûs avec application. A mefure qu'il augmentera fa collection des Médailles, il faudra qu'il life les Antiquaires Grecs & Latins. Suidas, Paufanias, Philoftrate: Rhodigin, Giraldus, Rofin & femblables, qui fourniffent de grandes lumieres pour l'explication des Types &. des Symboles. Que fi de lui-même il n'a pas affez d'inclination pour l'étude: ou que fes Occupations ne lui donnent pas le tems d'étudier autant qu'il feroit né ceffaire; il faut pour s'animer & pour avancer en peu, qu'il life le fça- .120 p.120 vant Ouvrage de M. Spanheim, De Preftantia & Ufu Numifmatum. C'estlà où il apprendra à eftimer la curiofité, & à fe faire eftimer lui-même, lorfque l'occafion fe préfentera d'en parler dans les compagnies. Là il s'intruira de l'art de combattre avec politeffe les fentimens de fes adverfaires, & de ne fe pas abandonner au feu d'une imagination trop échauffée, rien n'étant plus malhonnête, que de faire d'un démêlé de pur efprit, qui doit être plein de douceur & d'agréune guerre fanglante, qui paffe jufqu'aux reproches & aux injures. ment Natis in ufum lætitia jocis, Pugnare, Thracum eft: ponite Barbarum, S'il ne veut pas même fe donner cette peine, ou qu'il n'ait pas l'intelligence des langues, il pourra se contenter de lire d'abord les leçons. que nous lui avons données dans cet Horat. 1 Od. 27, |