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diftinguer parmi les plus Illuftres. Pour détruire ce qu'on a avancé que fur les Médailles d'Efpagne on ne trouve jamais comme dans les autres pays deux villes différentes, afin de conclure de ce principe que Bilbilis & Italica font la même ville. Il fuffit de montrer comme a fait le P. Hardotiin, d'une part, que jamais on n'a dit en Latin Urbes Italica, pour fignifier celles qui avoient Jus Latii: & de l'autre qu'il y a eu dans la Bétique une ville nommée Italica, que Pline appelle Municipium Italicense.

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Et pour détruire ce qu'on a dit qu'il n'y avoit que les Colonies, à qui l'on permît d'être Neocores: il fuffit de fe rappeller que jamais ni Smyrne, ni Ephese ne se font appellées Colonies; & que cependant elles ont été plufieurs fois Neocores.

Par de femblables découvertes, j'ai abandonné deux idées, qu'un Sçavant Antiquaire m'avoit données comme indubitables, au fujet des fleuves qu'on voit très-fouvent fur les revers des Médailles. La premiere, que les fleuves étant ordinairement repréfentéz par des figures couchées par terre, on ne mettoit debout que ceux qui por

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toient leurs eaux dans celui qui étoit couché. La feconde, que fi l'on trouvoit un fleuve représenté fans barbe: il falloit conclure que ce n'étoit qu'u ne petite Riviere qui n'étoit point navigable. Je me flattois de fçavoir quel que chofe au-deffus du commun en appliquant ces deux principes. Voic ce qui m'a remis dans le grand chemin, c. Une Médaille de Gordien troifiéme, qui porte au revers le Méan dre & le Marlyas tous deux couchéz par terre, quoique le Marfyas se jette dans le Méandre. 2°. Une Médaille de Philippe où ces deux mêmes Aleuyes font fans barbe, quoique le Méandre foit affurément très-navigable

au rapport de Strabon. 3°. Une Médaille d'Antonin Pie TIANON. où l'on voit le Billæus & le Sardo tous deux debout, quoique le fecond se déchar¬ ge dans le premier. Et plufieurs autres femblables.

Quand donc je parle ici de principes certains, je n'entends pas une certitude infaillible, mais feulement une certitude ordinaire, que l'autorité des Sçavans peut donner; & à laquelle on peut déférer fur leur parole, fans être accufé ni de préfomption, ni d'igno

rance. Telles font quantité de maxi mes répandues dans ce Livre, aufquelles il faut joindre les fuivantes, qui n'ont pû y trouver place dans leur ordre naturel & dont néanmoins la connoiffance eft néceffaire, pour fatisfaire ceux qui aiment la Science des Médailles, & qui veulent y exceller.

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Sur les Médailles en général.

1. Ce n'eft ni le Métal, ni le vo lume qui rend les Médailles précieufes, mais la rareté ou de la Tête, ou du Revers, ou de la Légende. Telle Médaille en or eft commune, qui fera très-rare en bronze. Telle fera trèsrare en argent, qui fera commune en bronze & en or. Tel Revers fera commun, dont la Tête fera unique. Telle Tête fera commune, dont le Revers étant très-rare rendra la Médaille d'un fort grand prix. Il feroit inutile d'en mettre ici des exemples. Monfieur Vaillant dans fon dernier Ouvrage en a fait un détail fi exact, qu'il n'a rien laiffé à défirer , pour l'instruction parfaite des Curieux.

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II. Il y a des Médailles qui ne font rares que dans certaines fuites, & qui

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,

font fort communes dans les autres. Quelques-unes font rares dans toutes les fuites.Quelques-unes y font communes: Quelques unes enfin ne fe trouvent que dans certaines fuites, & jamais dans les autres. Par exemple on n'a point d'Antonia , pour la fuite du grand bronze, il faut néceffairement fe fervir de celle du moyen bronze. Au contraire on n'a point d'Agrippine, femme de Germanicus en moyen bronze, mais feulement en grand. L'Othon eft rare dans toutes les fuites de bronze, il est commun dans celles d'argent. L'Augufte eft commun dans toutes les fuites: l'on n'a point pour la fuite d'or ni Orbiana, ni Pauline, ni Tranquilline, ni Mariniana, ni Corn. Supera. On les trouve en bronze & en argent. Les Colonies font communes dans le moyen bronze, elles font rares dans le grand; tout cela s'apprend encore chez Monfieur Vail lant, qui s'eft donné la peine de marquer le degré de rareté fur chaque Médaille en particulier.

III. Il en eft des Médailles, com.. me des Tableaux, des Diamans, & de femblables curiofitéz ; quand elles paffent un certain prix, elles n'en ont

que

plus, que
celui que leur donnent l'en-
vie & les facultéz des Acquéreurs.
Ainfi quand une Médaille paffe dix
ou douze pistolles, elle vaut tout ce
l'on veut. Par-là on fait monter
les Othons de grand bronze à un prix
immenfe; & l'on croit que ceux de
moyen bronze ne font point trop chers,
quand ils ne coutent que trente ou
quarante piftolles. On met prefque le
même prix aux Gordiens d'Afrique
Grecs, quoique de fabrique Egyptien-
ne, parce que l'on n'a que de ceux-là
en moyen bronze.

IV. Les Médailles uniques n'ont' point de prix. On appelle uniques, celles que les Antiquaires n'ont jamais vûës dans les Cabinets, même dans ceux des Princes & des Curieux du premier ordre; quoique peut-être elles foient dans des Cabinets fans nom, où le hazard les a placées. Ainfi l'Othon de véritable grand bronze, que Monfieur Vaillant a vû en Italie, eft une Médaille unique. Le Médaillon grec d'argent de Pefcennius, que le même Monfieur Vaillant découvrit en Angleterre, entre les mains de M. Falc

ner

& qui eft aujourd'hui au Cabinet du Roi. L'Herode Antipas, tom- v. Add.p.443

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