E T DISSERTATIONS SUR HERODOTE. Par Monfieur le Préfident Bou HIER. Avec des Mémoires fur la A DIJON, Chez PIERRE DE SAINT. feul Imprimeur du M. DCC. XLVI. Avec Privilege .du Roi, L AVERTISSEMENT. Es Differtations, que je présente aujourd'hui au Public, font le fruit de mes premiéres Etudes. Le défir ardent, que j'avois alors de m'inftruire à fond de l'Hiftoire ancienne, me détermina d'abord à en puifer la connoiffance dans les fources. Ainsi après les Hiftoriens facrez, les plus anciens de tous, je vins à Hérodote, qui a fur tous les autres cet avantage, qu'on trouve en lui feul les origines de prefque tous les Peuples connus ; en forte que fi nous avions fon Hiftoire d'Affyric, qui s'eft malheureusement perdue, nous aurions peu de chofes à défirer fur cet article. Comme l'une des chofes, aufquelles je m'appliquai le plus, en lifant cet Ecrivain, fut de fixer, autant qu'il étoit poffible, les Epoques des faits qu'il raconte, je crus trouver fur cela tous les fecours néceffaires dans les Ouvrages des plus fçavans Chronologues des derniers tems, tels que le Pere Pétau, Ufferius, Marsham, & quelques autres. Mais je ne tardai pas à m'appercevoir, que c'étoit perdre le tems, de vouloir ajufter les calculs d'Hérodote fur les leurs. La raifon en eft évidente. Dans le deffein, qu'ils ont eu, de nous donner une Chronologic fuivie depuis la naiffance du Monde, ils ont tous tâché de s'en faire un système général, auquel ils ont raporté tous les paffages des Hiftoriens, qu'ils ont crû convenables à leur but; fans faire affez d'attention, que ces Auteurs pouvoient avoir eu fur ce fujet un plan different les uns des autres, & par conféquent, qu'il étoit impoflible de les réduire à une Chronologie uniforme. C'est ce qu'on peut reconnoître dans le mélange, que les Chronologiftes ont fait des idées de Ctéfias, de Manéthon, de Xénophon, & de Diodore de Sicile avec celles d'Hérodote, quelque oppofées qu'elles foient entr'elles; comme i on pouvoit conferver une parfaire harmonie entre des opinions abfolument difcordantes. Il me femble, que pour parvenir plus fûrement à leur but, ils auroient dû avant toutes choses tâcher de fixer la Chronologie particuliére de chaque Historien, & ensuite comparer leurs systèmes les uns aux autres avec un efprit critique, pour difcerner celui, qui leur paroîtroit le plus jufte, & pour exclure de leurs Tables Chronologiques tout ce qui dans les autres Hiftoriens ne pourroit s'y accorder. C'eft par ce moyen, si je ne me trompe, qu'on auroit pù déterminer avec quelque certitude les principales Epoques, fur lesquelles les Sçavans fe trouvent fi fort partagez. Le célebre Dodwel seft fervi avec fuccès de cette méthode dans quelques-uns de fes Ouvrages ; & c'est le modéle, que je m'étois autrefois propofe de fuivre, en travaillant fur la Chronologie d'Hérodote. fi Il me parut néceffaire de faire à peu près la même chofe fur la Géographie. Comme celle de plufieurs Pays, dont il parle, étoit encore peu connue de fon tems, fes idées fes idées à cet égard étoient fouvent très-différentes de celles des Auteurs, qui en ont écrit depuis. Ainfi on le tromperoit fort, fi on vouloit concilier fur certains points de cette nature ce qu'en ont dit ces Ecrivains, avec les fentimens d'Hérodote. Ce font quelques-uns uns de ces fentimens particuliers, que j'ai tâché d'éclaircir dans deux ou trois Differtations, au moyen |