SCENE XII. ARAMINTE, LE CHEVALIER, A CLIDAMIS, MERLIN. LE CHEVALIER.. H, mon cher, té voila; jé brûlois dé t'ap prendre Qué Madame aujourd'hui m'a choifi pour fon gendre. CLIDAMIS furpris. Quoy, Madame, eft-il vrai ? vous allez marier Votre adorable fille avec le Chevalier? ARAMINTE à Clidamis. La chofe eft réfoluë, & déja le Notaire A dreffé le contrat pour terminer l'affaire. J'avois promis Lucile à vôtre oncle pour vous; Nôtre deffein étoit de vous voir son époux : Je cherchois avec joye une telle alliance: Mais rien n'eft comparable à vôtre indiférence, ma fille fur tout eft pour vous fans appas ; Je vois bien, Clidamis, qu'elle ne vous plaît pas. Ce jour même Merlin s'eft fait fort que Lucile Pourroit vous enflâmer; mais c'eft peine inutile. Je ne veux point forcer les inclinations Et ma fille prendra mes réfolutions: Vôtre oncle défiroit qu'elle fût vôtre femme : Mais un autre en ce jour a fçû toucher fon ame. Le fort le veut ainfi... je vous laiffe en ce lieu, Et je m'en vais mander nôtre Notaire... Adieu. SCENE XIII. LE CHEVALIER, CLIDAMIS, A MERLIN. CLIDAMIS. H, Merlin, faut-il perdre ainfi tout ce que J'ai des tentations de me tuer moy-même. Qu'as-tu? tu parlé feul, tu jure dans tes dentss mens : Vois comme j'ai foûmis cette beauté féroce: MERLIN. Monfieur, vôtre noce s'aprête: Mon Maître a du chagrin, laiffez-nous un me ment. LE CHEVALIER. Jé né lé quitté point. Qu'eft-ce à dire ?comment Es-tu fâché, dis-moy, que j'époufe Lucile è CLIDAMI'S. Hé laiffez-moy, Monfieur. LE CHEVALIER fierement. Ah rien n'eft plus facile. Je vous laiffe, Monfieur, avec vôtre air gres. gnard, Vous ne merirez pas que l'on y prenne part, G CLIDAMIS. Tu vois comme le fort m'accable. Dis-moy, vit-on jamais amant plus miferable? Monfieur, l'amour fe vange. CLIDAMIS. ? Mais crois-tu que Lucile aime le Chevalier MERLIN. Moy, je crois qu'elle vous aime. Et vous pouvez, Monfieur, le fçavoir d'elle même: Ici fort à propos elle tourne fes CLIDAMIS. pas. Parlons-lui pour fortir au plûtôt d'embarras. 糕 SCENE XV. LUCILE CLIDAMIS, NERINE, MERLIN. H! LUCILE à part à Nerine. A Hi pourquoy m'as-tu dir que j'en étois Jefens que maintenant mon ame en eft charmée: Oui je l'aime à mon tour. CLIDAMIS. Ah, Merlin, entens-tu ? Elle l'aime, dit-elle, ah Ciel je fuis perdu. MERLIN. Bon, Monfieur, c'eft de vous qu'elle parle. Ah, Madame, rain. LUCILE. Que vous importe à qui l'on deftine ma main ? Non, vous ne m'aimez pas, & vous vous contrefaites ; Je puis le préfumer de l'humeur dont vous êtes. CLIDAMIS. C'eft plûtôt vous, Madame, & je le vois fort Qui feigniez de m'aimer lorfqu'il n'en étoit rien. Ah c'est vous, LUCILE. MERLIN. Bon, voici du grabuge. NERINE fe mettant entre eux deux. Sur votre differend il faut que je vous juge: Il m'a fouvent montré des regles de fon art, tre. Donnez-moy vôtre main, & vous donnez la vô tre. Mais, Nerine... LUCILE retirant fa main. NERINE. Mon Dieu, faites ce que je di: Vous, Monfieur Clidamis, foyez affez hardi Pour baiser cette main fi vôtre cœur l'adore. Bon... Encor une fois... Fort bien... Baisez en Corc... MERLIN. Que Diable fais-tu donc ? Ah pour le coup voila Un affez plaifant art que l'on t'a montré là. NERINE. Tais-toy, Butor... Voyons un peu, Mademoifelle. Comment ? pefte; le feu dans vos yeux étincele. Que je vous voye auffi, vous. An vous rougiffez ;Et vous avez tous deux des airs embarraйez: Alicz, vous vous ain.cz tous deux à la folie. CLIDAMIS. Oui je l'aime, & je veux l'aimer toute ma vie, |